Tiken Jah Fakoly, chanteur ivoirien vivant au Mali, se produira jeudi à la Cigale. L’occasion pour lui de parler de la situation dans son pays.
Il est arrivé lundi à Paris. s’installe chez nous pour quelques concerts, dont une escale à la Cigale jeudi soir avant une date symbolique le 18 juin prochain à Bercy. L’occasion de rencontrer l’artiste ivoirien, installé au Mali, l’une des voix les plus populaires de l’Afrique.
Commencez-vous à penser à votre grand concert de Bercy ?
TIKEN JAH FAKOLY.
Oui, je le prépare. Je le conçois comme un meeting musical. On n’a pas choisi la date du 18 juin par hasard. Je vais chanter danser mais aussi passer beaucoup de messages. Mon principal appel, ce sera que personne ne viendra changer l’Afrique à notre place. Bien sûr, ce sera adressé à la diaspora africaine, mais elle a toujours été importante à travers le monde pour faire changer les choses.
Comment réagit ce public face à la situation actuelle en Côte d’Ivoire ?
Certains soutiennent Laurent Gbagbo. Ce n’est pas mon cas. Le bilan est tellement négatif : les déchets toxiques, la division du pays, les détournements de fonds, l’éducation qui a reculé de vingt ans. Pour moi, il a perdu les élections, et il faut maintenant sauver la démocratie. Il y a à peu près 15 élections présidentielles en Afrique en 2011 et 2012. Si ce coup d’Etat d’électoral réussit en Côte d’Ivoire, les autres feront la même chose et le suffrage universel ne sera plus respecté.
Vous ne signez pas non plus un chèque en blanc à Alassane Ouattara ?
Pas du tout! Dès qu’il sera installé au palais présidentiel, j’irai le voir au nom de la jeunesse africaine. Quand un politique arrive à ce niveau, les mêmes vautours viennent lui tourner autour et il oublie vite le peuple et les combats qui l’ont amené là! Donc on ne fera pas de cadeau à Ouattara. On lui dira que s’il déconne comme Laurent Gbagbo a déconné, il ne sera pas surpris si, dans cinq ans, on lui dit de dégager. Nous n’avons pas pris position pour lui mais pour la démocratie.
Vous qui avez dû partir de Côte d’Ivoire il y a huit ans parce que vous étiez menacé de mort, reviendrez-vous y vivre ?
Je me sens d’abord africain et j’aurai un peu de mal à quitter le Mali où je me sens bien. Mais si tout va bien en Côte d’Ivoire, je peux envisager un retour, à condition que le combat continue. Il ne faut pas se croiser les bras.
Vous vivez au Mali. Etes-vous inquiet de la propagation d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) ?
Al-Qaïda n’est pas populaire en Afrique noire. Aqmi est un groupe qui voit un intérêt très juteux à se développer dans une zone de non-droit où tous les trafics prospèrent… Mais Bamako, la capitale malienne, reste une ville assez sûre.
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