AfriSCOOP Analyse
Les Ivoiriens ne sont pas près de sortir de l’auberge ; du moins si l’on s’en tient aux différentes sessions de médiation orchestrées par des Africains pour les Africains. Non parce que les démarches de conciliation mises en branle sous l’égide de l’Ua (Union africaine) sont gauches, mais parce que les médiateurs ne convainquent pas.
Après Obasanjo la semaine dernière, revoici Raila Odinga pour tenter de renouer le fil du dialogue entre Gbagbo et Ado. O. Obasanjo a dû faire sourire le camp Gbagbo quand il est allé lui dire « de quitter le pouvoir », voici près de deux semaines. Même si, en 2002, aux commandes du Nigeria à l’époque, le président Obasanjo, juste après le putsch manqué des ex Fn (Forces nouvelles), avait voulu envoyer des troupes en Côte d’Ivoire pour défendre le pouvoir de Laurent Koudou Gbagbo. La France de Jacques Chirac l’en a empêché.
Depuis 2007, Obasanjo est à la retraite. Mais il a laissé un douloureux souvenir aux Africains ; car, à la veille de la fin de son mandat, il a voulu faire modifier la Constitution nigériane pour s’offrir un nouveau bail présidentiel. Une démarche qui aurait pu constituer un précédent dangereux pour le bouillant Nigeria ! La première puissance économique de l’Afrique de l’ouest n’a dû son salut qu’à la témérité du vice-président Atiku Abubakar qui a barré la route à O. Obasanjo. Sur cette base, l’ex président nigérian ne pouvait aucunement rasséréner ni le Rdr, ni le Fpi. Essentiellement parce qu’il n’est pas un EXEMPLE.
La médiation Odinga et ses défauts
Que de temps, le Premier ministre kenyan va encore perdre durant cette semaine en terre ivoirienne. Homme politique au profil se situant aux antipodes d’O. Obasanjo, M. Odinga a cette particularité d’être l’un des premiers Africains à réclamer que Laurent Gbagbo soit délogé par la force ! Une recommandation que le régime d’Abidjan n’a toujours pas digéré !! Autrement dit, le pouvoir Gbagbo ne joue et ne jouera qu’à la comédie politique, chaque fois qu’une médiation africaine sera conduite par le chef du gouvernement kenyan.
L’Ua ferait donc mieux de penser d’ores et déjà à une « solution B » de recherche de la paix véritable sur le territoire ivoirien. Un médiateur, dans le sens premier du mot, est un personnage qui jouit avant tout d’une impartialité incontestable et incontestée. Ce qui n’est pas le cas du Pm du Kenya.
Encore faut-il se demander si les camps Fpi et Houphouëtistes pensent encore à la solution « médiation ». A l’heure actuelle, les partisans d’Ado ne jurent que par un recours à la force. Une alternative à laquelle pense aussi subrepticement le Fpi pour déloger du « Golf Hotel » son principal opposant. En révisant sa stratégie de médiation, l’Ua et la Cedeao (Communauté des Etats ouest-africains) feraient gagner du temps aux Ivoiriens et à toute la sous-région.
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