Jeune-Afrique par Clarisse Juompan-Yakam, envoyée spéciale
Aux commandes de la sélection des « Éléphanteaux », l’ancien international ivoirien de football Alain Gouaméné a qualifié son équipe pour les demi-finales de la CAN U-17 (Coupe d’Afrique des nations des moins de 17 ans), qui se déroule actuellement au Rwanda. Après s’être assuré une place au prochain Mondial des cadets Mexico 2011, il nous livre son analyse sur trois difficultés auxquelles sont souvent confrontés les sélectionneurs africains.
Le manque de confiance des fédérations africaines de football
« Le professionnalisme des entraîneurs européens est bien connu. Mais il faut apprendre à faire confiance aux sélectionneurs africains, souvent formés dans les mêmes écoles, et à leur donner leur chance. Ils traînent injustement une réputation de coachs véreux, liée à des pratiques de favoritisme qui n’ont plus cours dès lors qu’ils suivent une formation. Cette confiance implique aussi qu’on leur laisse le temps de travailler lorsqu’ils sont recrutés. Quand les résultats se font attendre, leurs compétences sont immédiatement remises en question, alors qu’avec les jeunes, seul devrait compter le travail de fond, la capacité du coach à en faire de futurs professionnels. Nous sommes pris entre deux feux : obtenir des résultats immédiats en compétitions et être un vivier de talents. »
L’éparpillement des joueurs talentueux dans plusieurs championnats
« Il est plus facile d’être sélectionneur de joueurs cadets en Occident qu’en Afrique : il suffit de se présenter dans un centre réputé pour obtenir, en deux minutes, une liste de joueurs à fort potentiel. En Afrique, nous devons arpenter en un minimum de temps tous les terrains de quartier du pays pour regarder les jeunes jouer et en présélectionner quatre ou cinq dans chaque grande ville. Compte tenu de la situation politique en Côte d’Ivoire, nous n’avons pas eu accès à la partie Nord du pays. La formation que nous conduisons dans cette CAN U-17 2011 est issue exclusivement des quartiers d’Abidjan. Au regard de nos résultats, nous avons eu beaucoup de chances. Il faut dire que la CAF a largement contribué à notre réussite en exigeant des examens osseux, permettant ainsi de limiter les tricheries. Précédemment, certains pays présentaient plutôt des moins de 25 ans. Les examens médicaux permettent désormais une lutte plus égale. »
Des salaires au rabais pour les sélectionneurs locaux
« C’est une tendance lourde en Afrique. Les entraîneurs locaux des équipes cadettes sont toujours beaucoup moins bien rémunérés que les étrangers. La Côte d’Ivoire fait exception, puisque je perçois un salaire équivalent à celui d’un expatrié, dû certainement à mon passé de joueur professionnel. La différence de traitement tient aussi au fait que les entraîneurs locaux sont généralement des professeurs de sport en quête de complément de revenu. La plupart n’ont pas de contrat avec leur fédération et c’est dommage. »
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