Par YAO Noël
Dans un article publié au coin de la page 2 de Fraternité-Matin (du samedi 15 et du dimanche 16 janvier), mon confrère et ami Ferro M. Bally fait croire que le Président de la République SEM Alassane Dramane Ouattara est pris en flagrant délit de. tribalisme sinon de. régionalisme dans ses toutes premières nominations à la tête de l’Etat ivoirien. Dans sa prose, M. Ferro aligne les noms à consonance nordiste et conclue à un .« régionalisme gros grain qui peut donner des sueurs froides ».
Alors, question à mon confrère : depuis quand S.E.M. Alassane Ouattara a-t-il pris fonction ? Tout le monde sait que l’actuel Président de la République, démocratiquement élu par plus de 54% d’ivoiriens et unanimement reconnu par la communauté internationale, n’a pas encore les mains libres pour exercer sa charge dans les conditions de sérénité et de plénitude absolue. Pour l’heure, contraint à un blocus à l’hôtel du Golf, le Président de la République procède aux premières et urgentes nominations.
Compétences….
L’ouverture qu’il n’a eu de cesse de prôner – depuis même la campagne électorale – et sa farouche volonté de tendre la main pour travailler avec « toutes les compétences y compris celles du F.P.I », font que son gouvernement n’est pas encore au complet.
Pendant ce temps, que constate-t-on de l’autre côté avec l’ancien Président Gbagbo qui continue de faire croire qu’il est toujours aux commandes de l’Etat ivoirien ? En plus de l’inacceptable forfaiture d’avoir fait annuler les résultats dans sept (7) régions du nord (sur les 19 que compte le pays), l’on voit des nominations de copains et de coquins du FPI, de la galaxie patriotique et du CNRD c’est-à-dire un club de soutien.
Le Président de la République Alassane Ouattara qui réaffirme sans cesse sa volonté de constituer « un gouvernement d’union nationale avec les compétences du FPI (car il y en a sans aucun doute) », démontre ainsi, aux yeux de tous, qu’il n’est ni sectaire, encore moins régionaliste, lui dont le directeur de cabinet, a, toujours été, le ministre Marcel Amon Tanoh, un nom bien du sud et non du nord, un Agni, bon teint, un Akan d’Aboisso. Pourquoi mon frère et confrère Ferro voudrait-il occulter cette réalité ? Pourquoi donc aligne-t-il seulement les noms Dioula comme on le dit, pour insinuer que le nouveau Président de la République S.E.M. Alassane Ouattara est tribaliste ? En réalité, qu’il s’agisse de la nomination de M. Soro Guillaume comme Premier Ministre, des ambassadeurs Bamba Youssouf, Diabaté Daouda par exemple, mon confrère Ferro M. Bally qui devient tout d’un coup l’avocat intéressé et dévoué du Pdci, sait-il la convergence entre les deux piliers du RHDP que sont le Président Ouattara et son ainé le Président Bédié ? De manière plus précise, mon ami Ferro sait-il d’où viennent exactement les ambassadeurs Diabaté et Bamba ?
De façon technique et professionnelle, Ferro sait-il que ces deux ambassadeurs pour ne citer que ceux-là (que nous connaissons un peu) et qui sont issus du PDCI-RDA (même si les ambassadeurs sont censés n’avoir aucune appartenance partisane) sont parmi les meilleurs de leur génération ?
Méprise
Enfin, dernière information pour mon frère Ferro (dont l’attachement à défendre l’ancien Président Gbagbo n’est pas fortuit et pue le régionalisme) : L’ambassadeur Diabaté Daouda vient de Bouaké et l’ambassadeur Bamba est de Dimbokro – où est donc le tribalisme, « le régionalisme gros grain » du Président Ouattara ? De plus, mon ami Ferro est-il informé que, au moins deux de nos ambassadeurs déjà en place et qui ont reconnu l’autorité du Président Alassane Ouattara ont été reconduits par lui? ce sont, cher confrère, les ambassadeurs Léon Kacou Wadjas et Nicaise Coffie Papatchi respectivement accrédités auprès de deux grands pays à savoir l’Allemagne pour le premier et la très importante République Populaire de Chine pour le second? Ces deux ambassadeurs confirmés par le Président Ouattara, ne sont pas du nord, ce ne sont pas des dioulas. L’un est originaire de l’Indénié (Abengourou) et le second, de Bassam.
Le nouveau chef de l’Etat appuyé par le RHDP n’a jamais fait mystère de sa détermination à travailler avec toutes les compétences du pays, où qu’elles se trouvent et d’où quelles émanent.
De nos jours, il est une réalité que M. Ferro feint d’ignorer : autant un parti politique tout seul ne peut prétendre diriger un pays, autant pour ce qui concerne nos jeunes nations à l’équilibre encore fragile, aucune ethnie, aucune région, encore moins une religion ne peut prétendre gérer les affaires de tout un État.
Homme moderne ayant évolué dans les arcanes de la haute finance internationale depuis le FMI, la BCEAO, etc., dans un contexte multiculturel, le Président Ouattara sait, mieux que quiconque, que c’est de la convergence intelligente et positive de toutes les compétences que se réalisent les grandes ouvres et se bâtissent les grandes nations.
En la matière, il n’a de leçon à recevoir de personne, surtout pas du FPI ou de LMP dont le leader Laurent Gbagbo s’illustra d’une forte curieuse manière en 2000 au lendemain du coup d’Etat militaire du général Robert Guéï lorsqu’il l’interpella en ces termes: « si c’est un gouvernement RDR, dites-le nous ! »
N’était-ce pas une forme de particularisme ? De plus, entre le Président Ouattara qui dit publiquement lors du face à face télévisé : « je suis prêt à former un gouvernement non seulement RHDP mais aussi ouvert à toutes les compétences y compris celles qui existent au FPI » et Laurent Gbagbo qui a toujours clamé haut et fort : « entre la confiance et la compétence, je préfère la confiance », qui privilégie et favorise donc l’expertise et le know-how (savoir-faire) au sectarisme et au seul militantisme ?
Dernier constat, dernière fraternelle interrogation à mon ami Ferro : sait-il poser la question de savoir pourquoi, de tous les officiers supérieurs ivoiriens (dont nombre ont déjà fait allégeance au nouveau Président), les bien nommés Dogbo Blé, Vagba Faussignau, Guiai-Bi Poin, etc, sont les plus indécrottables et les moins disposés à se mettre au service du nouveau chef de l’Etat ivoirien, commandant suprême des armées, le Président Alassane Ouattara ?
Il est temps que tous, nous sortions de ces considérations de bas étage pour installer et consolider le pouvoir des « philosophes » (c’est ainsi qu’on appelait autrefois les experts et les professionnels).
De cette façon et pour relever le pays, « les philosophes seront Rois » et « les Rois seront philosophes », la« sophocratie » (ou le pouvoir de ceux qui savent) qu’évoquait déjà Platon.
Pour cela, mon cher Ferro, laissons le temps au temps et n’allons pas si vite en besogne.
Par YAO Noël
Source: Lebanco.net
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