M. TRAORE | Connectionivoirienne.net
La crise ivoirienne constituera assurément une unité de valeur dans les cours de sciences politiques. Laurent Gbagbo par ses éternels vols planés et ses virages à 250 dégré deviendra assurément l’ex président de la république qui aura marqué la vie politique africaine ces dix dernières années. Il sera pour la communauté internationale l’ex président africain qui lui aura fait voir de toutes les couleurs mais aussi celui qui aura réussi à l’humilier de la façon la plus visible.
Il sera celui qui aura réussi à « enfariner » tout le monde, même la plus grande communauté internationale avec tous ses experts en sciences politiques, ses experts en relations internationales. Il sera celui qui aura réussi à démontrer que cette communauté internationale est plus naïve et moins prévoyante qu’on ne le pense. Tenez vous bien.
En 2000, lorsque Gbagbo est arrivé au pouvoir dans les conditions que tout le monde sait et que la communauté internationale a demandé la reprise des élections, Gbagbo s’est royalement moqué d’elle et il a promit qu’après ses condamnations de forme, elle reviendrait vers lui.
Pour la première fois de sa vie, il n’avait pas menti.C’est ce qui s’est passé.
Lorsque en 2002 une rébellion a éclaté coupant le pays en deux, cette communauté internationale s’est invitée en Cote d’Ivoire avec pour objectif de rechercher la paix. Apres plusieurs rencontres qui nous ont conduit en France et un peu partout dans le monde, le résultat a été le même. Gbagbo a roulé tout le monde dans la farine. Il n’a respecté aucun engagement prit et au contraire, il a passé tout son temps à la narguer en se barricadant derrière sa constitution à valeur géométrique. Pourtant, c’est cette même communauté internationale, à travers la licorne et par la suite l’ONUCI, qui a sauvé le régime de Gbagbo en s’interposant entre ses forces et celles de la rébellion.
N’eut été la licorne qui, au passage, lui a fournit du matériel militaire pour combattre les FAFN,le pouvoir de Gbagbo n’aurait été qu’un triste souvenir.Aujourd’hui,c’est cette force qu’il accuse de collusion avec le Président Allassane Ouattara.
Lorsqu’en 2006 son pouvoir était menacé par une résolution de l’ONU, il a eu son salut à travers l’accord politique de Ouaga.
Comme tout le monde, le beau Blaise s’est laissé rouler dans la farine.
Conclusion : Avant le résultat du second tour de l’élection présidentielle, la communauté internationale s’est laissée enfariner par le dictateur des lagunes.
Qu’a t’elle fait et que fait-elle après la reconnaissance par elle de la victoire du docteur Allassane Ouattara ? Comme un seul homme, elle a salué la victoire d’Allassane.Elle a isolé sur le plan diplomatique et sur le plan financier le dictateur des lagunes. Elle a donné son accord pour appuyer toute force africaine qui viendrait chasser Gbagbo du pouvoir. C’est ici qu’elle se limite.
Quand à la mise en œuvre de toutes ces décisions, quelles hésitations ! Que de revirement de position !
Les intérêts personnels sont en train de primer sur l’intérêt général.L’unanumité de départ quant à l’option militaire est en train de s’effriter.
La CEDEAO et l’UA se sont engouffrés dans une diplomatie et une médiation tout en sachant qu’elles n’aboutiront jamais.
Gbagbo a déjà donné sa position. Il ne partira jamais du pouvoir sauf si on lui passe sur le corps.
L’impression qui se dégage c’est que des chefs d’Etat africains, des Premiers Ministres et des ex chefs d’Etat veulent profiter de cette crise pour se faire valoir. Pour se faire une publicité.
Pour se donner une étiquette de grand médiateur. Et l’ONUCI que fait –elle après avoir certifié les élections et après avoir sécurisé le golf hôtel, lieu ou résident le Président de la république et son gouvernement ? Que fait-elle lorsque la population réclame sa protection ? Que fait-elle lorsqu’elle est attaquée par les bandits de Gbagbo ?
Pratiquement rien. Elle menace de riposter si elle est attaquée. Mais lorqu’elle est attaquée, elle pleure à chaudes larmes.
Lorsque la population est attaquée, elle assiste impuissante au massacre et quelque temps après, elle vient faire le décompte des morts, des blessés et des disparus. Pendant ce temps, les grandes puissances s’émeuvent et condamnent avec la dernière énergie les atrocités commises.
Pendant ce temps, la crise perdure ; la population souffre, la diplomatie s’étouffe et Gbagbo s’arme et sème la graine de la haine qui risque à terme de provoquer des conflits interethniques détruisant ainsi l’équilibre précaire de la nation.
Cette communauté internationale sait pourtant que plus elle passe le temps à caresser Gbagbo dans le sens du poil, plus elle expose la Cote d’Ivoire à une instabilité chronique. Pire, elle expose la sous région et surtout la zone UEMOA à une baisse notable de performance. Elle menace par son indolence dans la gestion de la crise ivoirienne la stabilité du franc CFA. Encore pire, elle donne des idées à des chefs d’Etat qui rêvent de réaliser la prouesse de Gbagbo et puis compter sur ses condamnations de forme pour s’installer à vie au pouvoir au détriment du peuple. C’est pour cela que nous pensons que les mesures suivantes rapides et concrètes doivent être prises pour rendre ses actions plus efficaces. Entre autres :
1. Elargir les sanctions ciblées envers les enfants des ses sanctionnés en les faisant rapatrier au pays.
2. Rendre l’interdiction du survol des pays par les bandits de Gbagbo plus réel
3. Elargir les sanctions à tous les frères, les collaborateurs, les amis des Ministres de Gbagbo qui se rendront en Europe ou en Amérique pour effectuer des opérations en leur nom.
4. Sanctionner l’Angola pour ses actions de soutien militaire à Gbagbo.
5. Modifier le mandat de l’ONUCI en le transformant en un mandat d’imposition de la paix et d’installation du président élu.
6. Menacer de sanctions ciblées tous les pays qui offriront à Gbagbo leur territoire comme base arrière de la rébellion en gestation de Gbagbo.
7. Equiper en armement ce qui constitue aujourd’hui l’armée loyale au Président Allassane Ouattara,c’est à dire les FAFN afin qu’elle contre l’offensive des miliciens et autres mercenaires de Gbagbo qui se positionnent déjà à l’Ouest.
8. Réduire drastiquement la marge de manœuvre financière de Gbagbo et sanctionner toute personne morale ou physique qui lui apportera aide et soutien.
9. Demander au Nigeria de rompre son approvisionnement en brut pétrolier à la Cote d’Ivoire.
10. Activer rapidement la force légale pour déloger Gbagbo et ses mercenaires.
En agissant ainsi, elle aura l’avantage de redorer son image et elle évitera ainsi à la Cote d’Ivoire un destin des plus tristes.
Autre attitude de la communauté internationale : La non anticipation
A ce niveau, les exemples sont légions depuis le déclenchement de la crise.
En 2002, après la signature du cessez le feu entre les deux belligérants sous la supervision de la communauté internationale, tout le monde savait que Gbagbo était en train de prendre les dispositions pour le violer. Elle n’a rien fait pour anticiper. Sans surprise, la position des Forces Nouvelles a été attaquée. Il a fallut la détermination des FAFN pour repousser les forces de Gbagbo.
Autre excemple. Pendant les négociations inter ivoiriennes tout le monde savait que Gbagbo s’armait pour attaquer la position des FN. La communauté internationale s’est contentée de condamner ces agissements. Sans plus.
En 2004, les frappes aériennes de Gbagbo à partir des sukkoi et des MI 24 étaient en préparation malgré le mandat d’interposition de l’ONUCI. Tout le monde le savait. Mais malgré cela il n’y a eu aucune réaction.Et ce qui devait arriver, arriva. Gbagbo sans scrupules a attaqué la zone CNO avec les conséquences que l’on sait.L’ONUCI n’a pas réagit. La force licorne après deux jours de passivité a réagit parce que sa base à Bouaké a été attaquée par les MI24 de Gbagbo.
Après le premier tour de l’élection présidentielle, tout le monde savait que Gbagbo recrutait des miliciens au vu et au su de tous malgré l’embargo. Tout le monde savait que Gbagbo allait prendre en otage le jour des élections les membres de la CEI pour s’autoproclamer.
Sans surprise, ce qui devait arriver, arriva. Gbagbo a fait son coup d’état électoral.
En ce moment, tout le monde sait qu’il s’arme via l’Angola et le Ghana malgré l’embargo sur les armes.
Tout le monde sait que le Ghana est en train de devenir une de ses bases arrières pour créer sa rébellion.
L’ONU se tait. La France se tait. La CEDEAO se tait.
Demain, lorsqu’il mettra en œuvre son projet funeste avec l’appui de ses amis, c’est en ce moment que la communauté internationale se réveillera. Alors il sera un peu trop tard. Cette communauté s’est spécialisée dans la position du médecin après la mort.
Qu’elle sache que si elle échoue en Cote d’Ivoire, cette dernière sera comme LMP le dit son tombeau.
J’ose espérer que mon cri de cœur aura un retentissement favorable auprès de cette communauté internationale sur qui le Président Ouattara compte pour s’installer dans le fauteuil présidentiel que les ivoiriens lui ont prêté pour les cinq années a venir.
M. TRAORE
Afrik learders
tmamad2003@yahoo.fr
Les commentaires sont fermés.