48 heures après les affrontements meurtriers Abobo divise la grande muette – Les lignes de fractures s`accentuent, la suspicion se généralise

Des généraux sur écoute, des officiers et sous-officiers suspectés de collaborer avec « le camp ennemi » ou de ne pas suffisamment faire preuve de loyauté et d’engagement aux côtés de M. Gbagbo, des éléments des Fds qui prétendent avoir essuyé des tirs dans le dos alors que l’ennemi se trouvait en face lors des récents combats d’Abobo Pk 18, la grande muette, ultime pilier du pouvoir Gbagbo, devient de jour en jour un gros point d’interrogation.

Au lendemain du spectaculaire hold-up électoral de M. Gbagbo après le second tour de la présidentielle, les Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire, à l’instar de tous les Ivoiriens, n’avaient pas montré trop d’enthousiasme et de spontanéité à faire allégeance à M. Gbagbo. Il a fallu que des généraux, à l’égard de qui Gbagbo avait fait preuve d’une exceptionnelle générosité, prennent « courageusement » la décision d’aller présenter leurs civilités au président illégitime pour que le suspense se brise. Mais partiellement puisque l’ensemble des troupes refuse de suivre les généraux fidèles comme des moutons. Les réticences étaient devenues si frappantes et les appels à rallier le président élu Alassane Ouattara si fréquents que le commandant de la Garde républicaine allait faire une sortie fracassante à Treichville, demandant à tous les éléments des Fds qui ne se sentaient pas prêts à soutenir Gbagbo de rejoindre l’autre camp. Depuis cette déclaration publique, on avait compris deux choses : à savoir que l’appel des généraux n’était pas passé ou bien passé et que l’armée était divisée.

Division accentuée

Les évènements de ces dernières semaines ont quelque peu accentué les lignes de fracture au sein de l’armée. Même si les uns et les autres se sont abstenus de prendre publiquement et à visage découvert position, le massacre des populations civiles lors de la marche du Rhdp sur la Rti, les enlèvements et les tueries nocturnes des habitants de certains quartiers d’Abidjan, l’attaque sanglante du siège du Pdci-Rda sont autant de dérives que la grande majorité des Fds ne pouvaient admettre ou tolérer. C’est donc un truisme de dire que dans cette armée tout le monde s’observe et se surveille désormais.

Lors des affrontements récents d’Abobo, les Fds ont essuyé pour la première fois des pertes considérables. Au moins 9 morts en deux jours. Plus grave, lors des réunions de débriefing à l’état-major, certains éléments des Fds auraient déclaré qu’on leur avait tiré dans le dos alors que l’ennemi était en face d’eux lors des affrontements. Des éléments des Fds auraient-ils pris pour cible leurs frères d’armes ? En tout cas, la suspicion est plus que jamais grande. Ajouter à cela le fait que certains éléments de l’armée ne cachent pas leur manque de volonté à aller combattre pour Gbagbo. Pas question de se faire tuer pour quelqu’un qui a perdu les élections et qui veut se maintenir au pouvoir à tout prix. Le vrai problème de Gbagbo, c’est qu’il est assis sur une chaise dont il n’est pas sûr de la solidité des 4 pieds. Avec qui peut-il ou doit-il composer ? De qui doit-il se méfier ? Quand on se résout à mettre des généraux sur écoute, c’est qu’on est conscient que le danger peut venir de partout et frapper à tout moment. Comme on le voit, les choses ne sont pas aussi aisées pour Gbagbo comme on pourrait le croire. Et c’est pour cette raison qu’il a confié l’essentiel de son arsenal de guerre à Dogbo Blé, l’un des généraux en qui il a le plus confiance. Alors qu’il existe un CEMA et un commandant de la gendarmerie quatre étoiles.

Paul Koudou
Le Nouveau Réveil

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