En mémoire de Sylvanus OLYMPIO, assassiné le 13 janvier 1963 à Lomé au Togo « l’historien contre le politicien »

Par Atsutsè Kokouvi AGBOBLI:  l’historien contre le politicien.

Composé de 6 chapitres, Sylvanus Olympio, un destin tragique de l’historien Atsutsè Kokouvi Agbobli est un livre suivis d’une chronologie et d’une bibliographie, comme toute œuvre historique.

En effet, Sylvanus Olympio, père de l’indépendance de la République du Togo disparaissait dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963..
Ainsi le meurtre perpétré le 13 janvier 1963, puisqu’il faut le qualifier ainsi, surgit comme un acte douloureux dans la vie politique du Togo. Il est ressenti comme un parricide, acte intolérable dans la conscience populaire. (Page 18)..Dans le cas du Togo, l’assassinat d’un chef d’Etat par des militaires est une première en Afrique (page 19).

Qui est Sylvanus Olympio?

Il est l’aîné d’une famille de trente enfants. Son papa Epiphanio Elpidio, riche commerçant établi d’abord en Gold Coast britannique, puis au Togo eut six femmes.

Un mystère plane sur l’origine d’Afè sa mère. La légende veut qu’elle soit de source servile ressortissante du Nord Togo, sûrement Gourmentché. Elle est d’une beauté légendaire….Il n’a pas été facile de convaincre le père de Sylvanus de laisser Sylvanus aller poursuivre ses études à Londres: Au cours d’un conseil de famille dramatique, Joâo Jérénimo AMORIN,( grand père de Tavio AMORIN), à l’époque agent général de l’UAC pour l’Afrique occidentale, devra tempêter pour enlever la décision. Jérénimo AMORIN va jusqu’à se proposer de suppléer à la carence d’Epiphanio et d’envoyer Sylvanus en Europe et en l’adoptant comme son fils (Page 60)

Sylvanus est l’homme qui incarnait la lutte de tout le peuple togolais. Rien ne le prédestinait à travers son parcours de vie, à un nationalisme hors norme.

Sylvanus Olympio, père de l’indépendance de la République du Togo, est un homme de vision qui aimait son peuple et sa patrie. Il nourrissait de grandes ambitions pour son pays. C’est ainsi que devenu président, Sylvanus Olympio, père de l’indépendance de la République du Togo, a voulu par tous les moyens débarrasser le Togo de l’emprise mafieuse de l’ancienne puissance colonisatrice, la France. Ses décisions, ses prises de position politique et sa détermination ont sérieusement ébranlé le milieu politique conservateur français, qui, n’a jamais accepté l’indépendance des pays francophones.

L’on est en droit de se demander si on doit assassiner un homme parce qu’il oeuvre pour le bien de son peuple et le bien être de ses populations; laisser sombrer tout un peuple dans la misère et la pauvreté? En effet, avec la disparition de Sylvanus Olympio est mis fin au symbolisme de la lutte cher aux togolais anticolonialistes et nationalistes togolais contre l’occupant.
Après l’assassinat de Sylvanus Olympio, la France qui prétend être une grande démocratie impose Nicolas GRUNISZKY , par l’intermédiaire du gouvernement de Dahomey de l’époque avec une politique soit- disant « progressiste » dans le seul but de perpétuer sa politique de néocolonialisme.

L´entrée en scène politique de Etienne Eyadema, le 13 janvier sonne le grand retour de la France au Togo avec son corollaire de dictature, de barbarie, de sauvagerie, de tueries massives, de crimes économiques et de sang, de pillage systématique des biens de l’Etat, etc. Tout cela a conduit à la ruine du Togo que dirige aujourd’hui le couple des fils à papa Gnassingbé -Olympio.

Par ailleurs, à Sylvanus Olympio, l’auteur n épargne pas de critiques. Ainsi par exemple à la page 22, il écrit « ..La tension entre le CUT et la Juvento atteint son paroxysme avec la volonté affirmée par le gouvernement du président Sylvanus Olympio d’imposer le CUT comme parti dominant, de fait un parti unique dans le pays…..En 1961, la Juvento est délibérément interdite de participation et l’ensemble des opposants en sont exclus, pour s’être présenté après l’heure limite de dépôt de candidature, argument encore aujourd’hui controversé. On en arrive à fêter comme jour férié, chômé, et payé le 06 septembre, l’anniversaire de la naissance de Sylvanus Olympio. Sous le régime de parti unique, le père de l’indépendance devient presque un dieu vivant. La preuve est faite que le régime évolue inexorablement vers un système autocratique ».

La portée historique du livre de Atsutsè Agbobli est discutable du fait des maquillages qu’il a connus par la suite avec la publication d’une nouvelle édition sous un autre titre soumis à la censure du dictateur Eyadema. Dès lors, Atsutsè n’a pas fait véritablement œuvre d’histoire. ‘’Sylvanus Olympio, un destin tragique’’ (première édition), et « Sylvanus Olympio , père de l’indépendance  » (réédition) http://www.letogolais.com/article.html?nid=3131 , se présentent comme de l’histoire évènementielle, sinon que ces deux livres se réduisent en des articles d’un mercenaire de la plume qui, en vieux renard, cherche à séduire le corbeau.
La suite, nous la connaissons : Ministre de la communication, porte-parole du gouvernement dictatorial et finalement sa propre fin tragique, à l’instar des zones d’ombres de l’histoire du Togo qui persistent dans l’élucidation de cette période.

Aussi faut-il déplorer chez l’auteur, son approche des questions politiques en termes de blanc contre noir. Ce qui fausse ses analyses la plupart du temps. La dialectique doit être plutôt basée sur la lutte de classe. La preuve nous est donnée aujourd’hui dans le mariage contre nature du couple Gnassingbé fils et Olympio fils qui ne s’explique que par des intérêts d’une classe dominante. Ce couple crée la diversion d’une réconciliation factice pour s’éterniser au pouvoir contre la volonté du peuple togolais, victime expiatoire qui a trop versé de sang de leur guéguerre de clan.

Ce peuple héroïque attend et espère toujours que naissent de ses rangs, des hommes capables de porter haut le flambeau de sa libération effective à l’instar des nationalistes et des indépendantistes togolais.

Note de lecture tirée de Sylvanus Olympio, un destin tragique
Auteur Atsutsé Kokouvi Agbobli..
Collections « Grandes Figures africaines » de Ibrahima Baba Kaké
Livre Sud NEA Sénégal. 1992

Bruxelles, ce 13 janvier 2011
Mouta Wakilou Maurice GLIGLI-AMORIN
http://gliglimouta.afrikblog.com/

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