Les multiples incidents entre partisans d’Alassane Outtara et forces fidèles à Laurent Gbagbo ont fait au moins onze morts, à Abidjan. L’armée boucle le quartier d’Abobo et l’on redoute désormais de nombreuses exactions
Les jours se passent et malgréYannick Vely – Parismatch.com
les tentatives de conciliation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et les menaces de la communauté internationale, la situation reste toujours sous haute tension en Côte d’Ivoire. Président sortant qui refuse de laisser sa place malgré le verdict des urnes donné par la commission électorale indépendante, Laurent Gbagbo peut compter sur la fidélité de son armée pour régner – le terme n’est pas trop fort – sur Abidjan, la capitale économique du pays.
Depuis deux jours, de violents affrontements embrasent ainsi le quartier d’Abobo. Selon l’armée ivoirienne, six policiers sont morts mercredi, alors que le gouvernement d’Alassane Ouattara, qui vit toujours reclus dans l’hôtel du Golf d’Abidjan, avance le chiffre de sept morts parmi les civils. D’après le ministère de l’Intérieur du gouvernement formé par Laurent Gbagbo, certains des policiers tués mercredi ont été les victimes d’une attaque à la grenade contre leurs véhicules. L’armée a été envoyée pour boucler le quartier et désarmer les partisans d’Alassane Ouattara… à l’écart des témoins gênants que sont les forces de l’Onuci, (Opérations des Nations unies en Côte d’Ovoire), repoussés par l’armée ivoirienne. Dans ce contexte, Patrick Achi, porte-parole d’Alassane Ouattara, redoute ouvertement de nouveaux massacres.
L’Onuci impuissante
Il faut dire que les propos de Philippe Mangou, chef d’état-major de l’armée ivoirienne, proche de Laurent Gbagbo, n’incite guère à l’optimiste. «Aux dernières nouvelles suite au compte-rendu qui a été fait, le commandant de l’opération (de l’Onu) a fait demi-tour», a-t-il dit, se félicitant ouvertement de la mise à l’écart des forces de l’Onuci, qui tentent de protéger Alassane Ouattara et ses soutiens. Pour Philippe Mangou, les interventions sur le terrain des Casques bleus, constitue une «provocation». «C’est honteux de leur part parce que la mission initiale, c’était une force impartiale, c’était de faire l’interposition, de nous amener à la paix mais là, ça devient autre chose et nous trouvons que c’est véritablement honteux de la part de cette force-là», a-t-il ajouté.
L’Onuci a bien sûr une lecture différente des événements. «Une équipe mixte de militaires et de policiers de l’ONU revenait d’une patrouille au quartier PK 18 de la commune d’Abobo lorsqu’elle a essuyé des tirs croisés provenant des deux côtés de la route. Les forces onusiennes ont été obligées de riposter aux tirs. Trois membres des forces de l’ONU ont été légèrement blessés lors de l’incident», indique l’ONU, qui précise que ses règles d’engagement ne permettent aux Casques Bleus de tirer «que lorsqu’ils sont la cible d’attaques armés». Dans la nuit de mardi à mercredi, toujours dans le quartier d’Abobo, trois casques bleus ont été légèrement touchés.
Alors que le Conseil de sécurité vient de donner son accord pour l’envoi de troupes supplémentaires sur le terrain, l’Onuci a de plus en plus de difficultés à exercer sa mission de sauvegarde de la paix. Mercredi, le convoi de vivres destinés à Alassane Ouattara et à ses soutiens retranchés à l’hôtel du Golf, a été arrêté par des forces de sécurité et civiles puis «pillé par des gens du camp Gbagbo», regrette-t-elle. «Priver une communauté, un groupe ou des individus, d’éléments nécessaires à la vie, tels des vivres, de l’eau, des médicaments ou des soins médicaux constitue une violation des droits de l’homme et du droit humanitaire», énonce une nouvelle fois l’ONU. Pas sûr que cela suffise à faire retrouver la raison à Laurent Gbagbo, plus que jamais déterminer à remporter le bras de fer. Seul contre toute la communauté internationale
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