09 Janvier 2011 Par Pascal Diethelm
Il ne peut y avoir de doute: Allasane Ouattara a gagné l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire lors du scrutin du 28 novembre dernier, même si l’on prend en compte les allégations de fraude dans les départements dont les résultats ont été annulés par le Conseil constitutionnel de ce pays.
Le Conseil constitutionnel a annulé (arbitrairement) les résultats du scrutin dans sept départements du pays (Bouaké, Korhogo, Ferkessédougou, Katiola, Boundiali, Dabakala et Séguéla), effaçant ainsi près de 600’000 suffrages d’un coup de plume (exactement 597’010 suffrages), c’est-à-dire 13% de la totalité des suffrages exprimés au deuxième tour. Malgré ce tour de passe-passe, le Conseil constitutionnel n’a pu déclarer Laurent Gbagbo vainqueur du scrutin qu’à une courte majorité de 51,45%.
Or, en se basant sur les résultats du premier tour (scrutin du 31 octobre), qui ont été confirmés par le même Conseil constitutionnel, on voit que Ouattara disposait dans ces sept départements d’une réserve de voix suffisante pour assurer sa victoire, sans même nécessiter un quelconque report sur son nom des voix des autres candidats éliminés au premier tour – et n’avait a fortiori aucun intérêt à frauder.
Pour éliminer tout effet possible des éventuelles irrégularités dénoncées par Gbagbo dans ces départements, prenons une hypothèse extrême. Supposons que dans ces sept départements, le 416’730 électeurs ayant voté pour Ouattara au premier tour ont simplement confirmé leur suffrage au deuxième tour, et que tous les autres électeurs (180’230) ont voté pour Laurent Gbagbo – ce qui implique en particulier que les 90’427 suffrages exprimés sur le nom de Henri Konan Bédié se sont reportés intégralement sur le nom de Gbagbo et que les 35’000 électeurs qui n’avaient pas voté au premier tour se sont tous mobilisés pour Gbagbo. Malgré cette supposition, le résultat national de l’élection aurait quand même été 51,31% en faveur de Ouattara. (*)
Il est important de noter que ce score théorique d’Ouattara représente la situation la plus défavorable imaginable pour le challenger de Gbagbo, en se basant sur des chiffres qui ont tous été confirmés par le Conseil constitutionnel de la Côte d’Ivoire. Il est clair que, confronté à une telle situation, si le mandat du Conseil constitutionnel était de déclarer Laurent Gbagbo (dont le slogan électoral était « Gagner ou gagner ») vainqueur quoi qu’il en soit, il ne lui restait plus qu’une seule option : annuler les résultats des départements les plus favorables à Ouattara. On connaît la suite …
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(*) Note: Résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) : Gbagbo 2’107’055 (45,9%), Ouattara 2’483’164 (54,10%) ; résultats du Conseil constitutionnel après annulation du scrutin dans sept départements : Gbagbo 2’054’537 (51,45%), Ouattara 1’938’672 (48,55%). Au premier tour, Ouattara a obtenu 416’730 voix dans les sept départements annulés (sur 562’202 suffrages exprimés). Au deuxième tour, 597’010 suffrages ont été exprimés dans ces sept départements. Selon la CEI, 544’492 de ces suffrages se sont portés sur Ouattara. Si, pour éviter tout doute, on n’accorde à Ouattara que les 416’730 suffrages confirmés au premier tour et que l’on reporte tous les autres suffrages sur son rival, on obtient 180’280 votes pour Gbagbo dans les départements contestés. Lorsque l’on ajoute ces chiffres aux autres résultats du pays, on obtient : Gbagbo 2’234’817 (48,69%), Ouattara 2’355’402 (51,31%).
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