L’Intelligent d’Abidjan
Le tribunal correctionnel d’Abidjan a, le vendredi 07 janvier 2011, procédé, au cours de sa troisième audience, à la remise en liberté provisoire de tous les détenus.
Mis en mandat de dépôt depuis juin 2008, les ex-barons de la filière café-cacao ont été mis en liberté provisoire le vendredi 07 janvier 2011, suite à une demande introduite auprès du procureur de la République et examinée par le tribunal. Pohan Alain, président de ce tribunal, après avoir entendu les arguments et les motivations de Tapé Do, Amouzou Kassi, Kili Angèle, Zoungrana Placide et autres à la deuxième audience du mardi 04 janvier, a décidé de leur accorder la liberté provisoire. Mais avant cela, il a pris le soin de prendre leurs attaches (Maison, numéro de téléphone, lieu d’habitation) pour qu’éventuellement ils ne puissent pas fuir la justice en cas de besoin. C’est pourquoi pour répondre à cette fin, les avocats de la défense conduite par Me Koné Mamadou (Bâtionnier) et Me Adjé Luc (Bâtonnier adjoint) ont souligné qu’ils prennent la garantie que leurs clients ne fuiront jamais car ce sont des hommes d’honneur. Avant la libération provisoire, le juge Pohan a procédé à un appel nominatif des prévenus qui se sont présentés devant le prétoire. Selon lui, le juge d’instruction les a détenus pendant 30 mois conformément à l’article 178 du code de la procédure pénale. Donc, pour Pohan Alain, tout s’est passé dans les règles de l’art. Pour cette liberté provisoire, le président du tribunal correctionnel a précisé que le juge d’instruction qui a maintenu les prévenus en détention provisoire a décidé de ne pas proroger le mandat. Cependant, il a précisé que le procès reprend le 27 janvier 2011 et tous les prévenus doivent être présents au tribunal ce jour-là. ‘’Détournement de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux et usage de faux en écriture privée de banque ou commerce’’, telles sont les charges qui pèsent sur eux.
M. Ouattara
Encadré (1)
30 mois passés en prison pour rien mais
Mis en prison depuis le 16 juin 2008, Amouzou, Tapé Do et autres ont enfin obtenu la liberté provisoire, depuis hier vendredi. Une liberté qu’on aurait pu leur accorder un peu tôt. Quand on sait que les avocats des anciens dirigeants des structures de la filière café-cacao, ont vu les demandes de la liberté provisoire de leurs clients rejetées à plusieurs reprises. Ce qui a été obtenu, hier, aurait pu et l’être quelques mois même après l’incarcération des ex-barons des structures de la filière café-cacao. Qu’est-ce qu’ils ont pu donner comme nouvelles garanties au juge en charge du dossier pour être libérés si rapidement ? A notre connaissance, rien. Car les garanties de leurs logements, présence sur le territoire ivoirien et de leurs biens ne sont pas des faits nouveaux. Ces preuves avaient été présentées par les avocats des détenus, à chaque fois qu’ils ont demandé la liberté provisoire de leurs clients. Si cela n’a pas été accepté depuis lors, il n’y a que le doyen des juges d’instruction seul qui peut répondre à cette interrogation. Après trente (30) mois passés en prison, Amouzou, Tapé Do, Angeline Kili, Jean Claude Bayou, Théophile Kouassi, Tano Kassi, Digbeu Toh Lambert et autres ont retrouvé depuis hier leurs familles. Ce qu’on aurait dû leur permettre un peu tôt. Trente (30) mois passés en prison, on pourrait dire, pour rien. Même si le président du tribunal peut revendiquer la même indépendance que le Juge d’instruction, qui n’a pas voulu reconduire, la détention provisoire, il faut signaler que la justice ivoirienne a pu rendre un jugement d’opportunité, qui a tenu compte de la présente situation sociopolitique. D’autre part, le parquet n’a pas fait appel, car il s’est rendu compte, (lui qui exécute les instructions de la chancellerie, de l’exécutif et à l’opportunité des poursuites), que Laurent Gbagbo et son régime n’avaient plus aucune raison, ni aucun bénéfice politique de maintenir en prison les prévenus. Pour certains observateurs les détenus ont donc plus ou moins bénéficié, de la crise postélectorale, et de la guéguerre Gbagbo-Ouattara. Il était temps ! Gbagbo qui a suffisamment montré que les dirigeants de la filière ne pouvant pas le déstabiliser, a dû lâcher du lest… Vivement que le procès se poursuive afin de connaître la vérité sur une enquête qui étonne quelque peu.
Charles Kouasssi et Huberson Digbeu
Encadré (2)
Ambiance dans la salle d’audience
Tonnerre d’applaudissement, hourra ! et accolades accueillent le verdict prononcé par le président du tribunal. Les barons de la filière café-cacao détenus depuis 30 mois à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour besoin d’enquête, viennent de recouvrer la liberté provisoire. Un vœu exprimé depuis plusieurs années sans suite favorable. Amis, parents et acteurs de la filière café-cacao qui ont pris très tôt d’assaut le palais de justice d’Abidjan-Plateau, hier vendredi 07 janvier 2011, ne peuvent pas contenir leur émotion. C’est le satisfécit total pour ces proches présents dans la salle. ‘’Dieu merci, gloire à Dieu, Dieu est au contrôle. Marie qui défait les nœuds soit bénie’’, se console une dame ivre de joie. Ces quelques mots de remerciements que l’on entend, dans une salle archi comble à l’annonce de la mise en liberté provisoire de prévenus, sont empreints de la parole divine. Mais pour libérer tout ce public venu nombreux à ce procès, il a fallu 20 minutes de suspens. C’était un moment très attendu. Chapelet de prière entre les mains de parents ou amis invoquant le très haut pendant que le jury délibérait. « Je suis très émue. Je remercie mon Dieu qui vient d’exaucer la prière des enfants d’un père incarcéré depuis près de trois ans. Désormais, on l’aura à nos côtés.», dit Mlle Pascaline Tapé Do, fille de Lucien Tapé Do, ex-patron de la BCC qui n’a pas pu s’empêcher de verser quelques larmes comme pour dire, Dieu merci de l’avoir sorti de ce lieu infernal qu’est la maca. Il sera impossible d’arracher quelques mots à Mme Séri, Sœur de Didier Gbogou, de l’ARRC….. et ce, malgré sa volonté de parler. L’émotion et les larmes l’en empêchent. Dans un message écrit de son portable à des proches l’on pouvait lire ceci : « Didier est libéré. Gloire à Dieu. Grand merci pour vos prières et votre soutien sans faille durant ces deux années». Rejoignant le car de la gendarmerie assurant leur transport pour retourner à la Maca où ils sont invités à remplir les formalités administratives relatives à leur départ de cette maison, les prévenus ont eu droit à un bain de foule et parfois à des «atouhou» (embrassades) de la part des parents et amis. Amouzou, lui, en était l’un des privilégiés. Il reçoit de grosses accolades de ses sœurs non seulement très satisfaites du verdict mains contentes d’apprendre qu’il retourne, désormais, en famille. En attendant le verdict final qui nous situera sur les faits qui leurs sont reprochés. Tapé Do, Amouzou et leurs amis de la filière café-cacao pourront profiter, pour le moment de la liberté provisoire accordée.
N’da Eugène
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