Guillaume de Thieulloy
L’actuel conflit politique en Côte d’Ivoire ne pouvait évidemment pas laisser indifférents les évêques du pays. Leur attitude, relatée par l’agence de presse Zenit, me semble extrêmement intéressante:
Tout d’abord, ils ont eux-mêmes tentés une médiation rencontrant «nos frères Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara» et les engageant à trouver
« un règlement pacifique du différend afin de ne pas mettre en danger la vie des populations. Qu’ils acceptent de se retrouver pour dialoguer malgré les rancœurs. Cela serait un acte de courage, d’humilité et d’amour pour notre pays ».
On voit ici que le discours épiscopal est inséparablement moral et politique. Sur le plan politique, ils ne prétendent pas régler le différend électoral, mais leur autorité morale leur fait tenir un discours clairement politique. Nouvelle occasion de constater que la laïcité, fût-elle positive, qui prétend reléguer la religion dans la sphère privée est un non-sens.
Parallèlement, les évêques ivoiriens en appellent à une intervention de l’ONU, mais n’importe comment:
« Qu’elle fasse usage des moyens pacifiques de règlement du différend en vue d’apporter sa contribution à la résolution de la crise et s’en tienne strictement au maintien de la paix. Nous lui demandons avec insistance de respecter la souveraineté de notre pays. »
Naturellement, il y a, dans cette affaire, beaucoup de questions oplus graves et plus pressantes, à commencer par le sort des populations civiles. Mais il me semble tout à fait remarquable que les évêques de Côte-d’Ivoire, au moment même où ils invitent l’ONU à agir, insistent sur la souveraineté nationale de leur pays.
On peut écrire à Guillaume de Thieulloy par email à : gdt@chretiente.info
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