Crise postélectorale – LES POPULATIONS S’ORGANISENT CONTRE UN EVENTUEL GENOCIDE
La crise postélectorale en Côte d’Ivoire est entrain de déchirer lentement mais profondément le tissu social déjà fragile depuis l’apparition du problème identitaire, matérialisé par le concept de l’ivoirité qui a divisé les ivoiriens.
Cette nouvelle crise née de l’obstination de Laurent Gbagbo de ne pas reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara, au 2nd tour du scrutin présidentiel fait craindre un probable génocide en Côte d’Ivoire au regard de la caporalisation de la chaine publique de télévision et de la radio nationale. Qui lancent constamment des appels à la haine et à la xénophobie. Toute chose qui amène les ivoiriens aujourd’hui à se méfier les uns des autres et à vivre repliés sur eux-mêmes.
Actuellement, les populations des différents quartiers d’Abidjan s’organisent contre un éventuel génocide. Et cela à la suite, du contentieux électoral qui a poussé les deux candidats au second tour de la présidentielle du 28 novembre 2010 à se proclamer président de la République. Si Laurent Gbagbo a été désigné par le Conseil constitutionnel, Alassane Ouattara l’a été par la commission électorale indépendante (CEI) certifié par le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU.
Face au refus de Gbagbo Laurent de reconnaître les résultats et à sa volonté de caporaliser la télévision, les partisans de Ouattara ont tenté de la libérer, le jeudi 16 décembre 2010. Hélas ! Les militaires proches de Gbagbo qui ont tout ignoré du droit humanitaire ont abattu comme à la chasse des êtres humains comme des gibiers.
Ainsi à l’appel du gouvernement Soro Guillaume, Premier Ministre de Ouattara, les populations descendues dans la rue ont été violemment réprimées par la garde républicaine restée fidèle à Laurent Gbagbo. Le gouvernement SORO déplore 250 morts alors que les organisations des droits de l’homme et l’Onuci parlent de près de 170 morts parmi les manifestants et la découverte d’un charnier de 70 corps.
Aux premières heures du couvre feu, les populations des quartiers populaires et surtout proche de Ouattara ont dénoncé des enlèvements et exactions en leur sein. La nuit tombée, ces populations érigent des barricades dans leurs quartiers et font du bruit avec des casseroles et donnent des coups de sifflets pour alerter les autres riverains. « C’est ainsi, nous apprend Souleymane Fofana que les hommes en armes rebroussent chemin ». « Cette façon de faire, nous a permis de préserver la vie de bon nombre d’entre nous », soutien Ladji Sidibé. Pour rassurer les populations dans les différentes communes du district d’Abidjan, la mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire, ONUCI a mis en service deux numéros verts.
Dans la commune de Koumassi et précisément dans le quartier « campement », Kanté Aboubacar affirme qu’il y a risque de génocide. Selon ce trentenaire, des habitants de ce quartier précaire ont vu mentionner sur leurs portes les initiales « D » et « B » pour indiquer respectivement les portes des personnes d’ethnie Dioula et baoulé. Dans ce quartier, les habitants sont unanimes pour dire que ce sont les partisans du président sortant Laurent Gbagbo qui sont à la base de ces marquages. C’est pourquoi, ils n’ont pas hésité à aller menacer les pro-Gbagbo qui ont préféré déguerpir le quartier.
A Abobo, commune réputée favorable à Ouattara, dans certains sous-quartiers, l’on assiste à des mouvements de population de part et d’autre des deux camps Ouattara et Gbagbo. Là où les partisans de Gbagbo sont les plus nombreux, c’est-à-dire dans les quartiers d’Avocatier et Akekoi, ceux de son adversaire Alassane Ouattara moins nombreux déménagent de ces quartiers. C’est le contraire qui s’effectue dans les quartiers où les partisans de Gbagbo sont minoritaires. « Mieux vaut quitter mon quartier où il y a de nombreux militants de Ouattara si je tiens à ma peau », nous a confié Sery Alfred, ressortissant de Gagnoa d’où est originaire Laurent Gbagbo. Quant à Atsé Roland, il soutient avoir été battu par des pro-Ouattara croyant qu’il était pro-Gbagbo alors qu’il a voté pour Alassane Ouattara au 2nd tour.
Ainsi, les partisans des deux camps craignant pour leur sécurité dans des zones à dominance de l’un ou de l’autre font leurs bagages pour déménager. C’est donc par affinité que les ivoiriens se regroupent désormais en fonction de leur bord politique, ethnique et réligieuse.
CHEICKNA D. Salif
Connectionivoirienne.net
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