Laurent Gbagbo est sur le point de sortir du palais qu’il occupe – par les armes – et de l’histoire de notre jeune démocratie par la petite porte. Dix ans après son accession à la présidence de la république à travers des élections « calamiteuses » et son maintien par la ruse et l’astuce, celui qui – avec prétention et absence d’humilité – est présenté comme le « père de la démocratie » en Côte d’Ivoire, a été battu le 28 novembre dernier au second tour des élections présidentielles par le candidat du RHDP, le Dr Alassane Dramane Ouattara. Laurent Gbagbo le sait, ses épouses le savent, ses proches collaborateurs le savent. Le candidat de LMP a perdu les élections.
Malheureusement, celui qu’on vante d’avoir inventé la démocratie en Côte d’Ivoire refuse de se plier au verdict des urnes. Laurent Gbagbo s’accroche au pouvoir en invoquant une décision martiale du président du Conseil Constitutionnel – Paul Yao N’DRE- qui a grossièrement tordu le cou au droit, outrepassé ses prérogatives pour déclarer son ami et camarade du FPI vainqueur.
Mais le hold up juridique ne convainc personne, ni en Côte d’Ivoire ni en Afrique encore moins sur le reste de la planète. Ceux qui ont une intelligence pour comprendre savent que Yao N’Dré n’a servi que de muscles intellectuels pour justifier un coup d’état.
Sous la Refondation, en effet, le pouvoir s’est installé dans la rue, sauvegardé par les « patriotes », ces jeunes désœuvrés entretenus pour semer la terreur et le désordre ; à l’université où la Fesci, le bras séculier, règne par la terreur et les délits de toute sorte en toute impunité ; dans l’administration où les concours administratifs sont vendus au plus offrants et les services publics gratuits monnayé; mais aussi – plus grave – dans les milieux universitaires. C’est à juste titre que le Pr Yacouba Konaté disait de la délinquance qu’elle s’est « intellectualisée ».
Combien sont-ils ces professeurs d’université qui ont abandonné les amphithéâtres pour se transformer en de vils propagandistes de la Refondation ? Pour espèces sonnantes et trébuchantes ces « intellectuels » sont prêts à battre en brèche leurs propres convictions et à raisonner à l’envers, contre le bon sens si cela peut leur donner à manger.
Ce que vient de faire Yao N’Dré est le symbole de cette délinquance intellectuelle qui, telle une gangrène, s’est installée dans le milieu des universitaires. En agissant de la sorte, Yao N’Dré croyait sauver un régime, celui de la refondation dont il fait partie. Mais le faisant, il a jeté le discrédit sur toute une génération, la sienne. Il a déshonoré tout une élite, celle des intellectuels ; humilié tout une corporation, celle des universitaires agrégés en droit ou d’autres disciplines.
Mais en toute chose il faut savoir raison garder. La délinquance intellectuelle dont vient de se rendre coupable Yao N’Dré discrédite, certes, toute une génération, une élite et une corporation.
Cependant, en dernier ressort, disons que c’est une bonne chose. Comme dirait l’homme du peuple « à quelque chose malheur est bon ».
Les agissements du sieur N’Dré permettent désormais de distinguer le bon grain de l’ivraie. Les Ivoiriens ne se laisserons plus bernés par le premier venu parce qu’il est bardé de diplômes ou de titres. Ce qu’ils observeront de près c’est la moralité de celui qu’ils ont en face. Est-il honnête ou pas ? En somme ce qui importe dorénavant ce n’est pas d’être bardé de titres mais d’être de bonne moralité et agir dans le sens de la vérité qui puise son essence dans une certaine morale. C’est pourquoi nous pensons que l’intellectuel malhonnête est plus dangereux et plus nuisible à la société que l’analphabète ignorant.
Du fait de son incapacité à ne pouvoir lire et écrire l’analphabète n’est pas pour autant animé de mauvaise intention. Et souvent quant il se trompe, il le fait de bonne foi. L’intellectuel malhonnête, lui, connaît la vérité, sait distinguer la lumière de l’obscurité, ce qui est bien pour la communauté et ce qui ne l’est pas. Ses dispositions d’esprit lui permettent de percevoir et parfois d’anticiper ce que le commun des mortels ne perçoit pas.
Mais au lieu d’utiliser sa position particulière pour éclairer ses semblables, l’intellectuel malhonnête répand volontairement l’obscurité pour mieux aveugler ses semblables afin de mieux les opprimer et les dominer. Les maintenir dans les liens de la domination est pour cet être malhonnête le moyen d’assurer et pérenniser sa suprématie.
Le savoir est une arme. Comme toute arme, elle peut servir à libérer ou au contraire à terroriser et opprimer ses semblables. L’arme intellectuelle servira donc à libérer ou à opprimer ses semblables selon qu’on est honnête ou malhonnête.
Assurément Paul Yao N’Dré appartient à la classe des intellectuels malhonnêtes, lui qui a pris la responsabilité historique d’être un intellectuel délinquant pour servir de muscles intellectuels.
Les peuples en lutte contre la tyrannie et la dictature ont pour habitude d’appeler ce genre d’intellectuels les « ennemis du peuple ». Yao N’Dré et tous ses comparses qui sont animés du même état d’esprit, sont des ennemis du peuple de Côte d’ivoire et ils doivent être traités comme tels.
Siriki Gbané
Washington, DC
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