La bataille pour le contrôle des leviers de l’Etat de Côte d’Ivoire se poursuit entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. La semaine dernière, elle a connu un rebondissement. Le locataire du Golf hôtel a en effet marqué des points, sur le plan diplomatique, dans le duel qui l’oppose au locataire du Boulevard Angoulvant depuis la proclamation des résultats. L’ambassadeur Youssouf Bamba, nommé par le président déclaré élu par la commission électorale indépendante (Cei) et adoubé par la communauté internationale, a été reconnu par l’Assemblée générale des Nations unies. Désormais, c’est lui et son équipe qui représenteront la Côte d’Ivoire auprès de l’organisation internationale. Youssouf Bamba succède ainsi à Alcide Djédjé, qui avait été nommé à ce poste par le président Laurent Gbagbo et actuellement ministre des affaires étrangères dans son gouvernement. C’est assurément une victoire diplomatique significative pour le camp Ouattara, qui vit encore claquemuré au Golf hôtel. Alassane Ouattara pourrait se prévaloir de ce précédent pour désigner d’autres diplomates qui vont représenter la Côte d’Ivoire dans d’autres Etats européens ou africains, avec pour effet de neutraliser le ministère des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo. « Cette décision importante reflète la position unie de la communauté internationale concernant la légitimité du nouveau gouvernement mené par le président Ouattara », a du reste salué le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, par la voix de son porte-parole. Outre cet avantage diplomatique, le camp Ouattara a gagné un autre point le même jeudi : le contrôle de la signature à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Réuni en session extraordinaire en Guinée Bissau, le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), a demandé à la Bceao de « permettre aux seuls représentants régulièrement désignés par le gouvernement légitime de Côte d’Ivoire d’effectuer les mouvements sur les comptes ouverts en son nom ». Pour eux évidemment, ce gouvernement légitime, c’est celui d’Alassane Ouattara. Selon des spécialistes, une telle mesure, si elle était effective, va mettre en difficulté les trésoreries du gouvernement Aké Ngbo et, par ricochet, susciter des grincements de dents au sein des populations. Avec ces deux petites victoires, Alassane Ouattara et son gouvernement sont en train d’arracher des portions du pouvoir à leur rival du Plateau. Pourtant, ils restent à ce jour confinés dans le périmètre du Golf hôtel, donc n’ont aucune emprise sur l’appareil de l’Etat, encore aux mains de Laurent Gbagbo. L’aéroport, le port, les régies financières, l’administration, l’armée, tout est en effet contrôlé par le camp Gbagbo. Qui peut se targuer de détenir les attributs effectifs du pouvoir. Mais le locataire du palais du Plateau n’en est pas moins isolé de plus en plus. Acculé, Laurent Gbagbo voit s’abattre sur lui une batterie de mesures visant à le contraindre à céder le pouvoir. Outre l’accès aux comptes de la Bceao qui lui est désormais interdit, la Banque mondiale a fermé le robinet à son gouvernement, mercredi dernier. Et comme si cela ne suffisait pas, le Conseil des droits de l’homme de l’Onu fait planer sur lui et ses proches le spectre des poursuites judiciaires internationales pour les violations des droits de l’homme qui auraient été perpétrées entre le 16 et le 21 décembre 2010. Last but not least : la Cedeao menace de recourir à la force pour le faire sortir du palais s’il persiste à rester sourd aux appels à céder pacifiquement le pouvoir. Laurent Gbagbo est pour, ainsi dit, dans la fournaise.
Assane NIADA
Soir Info
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