N’aurait-il pas été plus sage que le président Gbagbo et les siens mettent un peu d’eau dans leur vin, au lieu de continuer leur fuite en avant ? Depuis quelques jours, l’étau semble se refermer autour du président sortant et de son entourage. Aucun soutien officiel pouvant lui donner du tonus. Dur dur de s’appeler Laurent Koudou Gbagbo par les temps qui courent. Pour autant, le ton utilisé par Gbagbo lui-même aussi bien que ses ministres ne continue pas moins de s’affermir. Certains appelleraient volontiers tout cela, des frissons de mort qui ne disent pas leur nom. Alors, on est en droit de se demander sur qui et quoi compte le Bété ?
Vendredi dernier, la réunion extraordinaire de la CEDEAO organisée à Abuja et consacrée à la Côte d’Ivoire, a été l’occasion de réitérer à Laurent Gbagbo l’injonction de quitter le pouvoir. Cette fois-ci, l’organisation est allée plus loin en envisageant de faire partir l’homme par la force militaire. Cela rappelle le cas du Libéria du temps de Charles Taylor. Face à cette situation, Laurent Gbagbo et son entourage crient à l’injustice et donnent l’impression une fois de plus de ne pas s’en émouvoir outre mesure. Ils semblent attendre de pieds fermes tout éventuel agresseur.
Mais pour qui n’avait pas vu autant que ça ailleurs et par le passé, aurait des raisons de s’illusionner, pensant que Laurent Koudou Gbagbo a bel et bien la situation en main. Orgueil humain, ça s’appelle. On l’avait déjà écrit, Gbagbo avait l’opportunité de sortir par la grande porte, s’il le voulait. Aujourd’hui, le voilà qui se met tout le monde à dos. Le simulacre de résistance affichée par Gbagbo rappelle étrangement le cas d’un aveugle qui menace de lancer une pierre à celui qu’il ne voit pas. Et généralement, on dit qu’au moins, il s’est assuré de la présence de la pierre qu’il aurait déjà bloquée du pied.
« L’aveugle » Gbagbo aurait-il par hasard dans l’ombre quelques soutiens parmi les chefs d’Etat membres de la CEDEAO et qui lui conseilleraient de ne pas faiblir et de tenir bon, alors qu’officiellement la CEDEAO parle d’une seule voix? La même hypothèse serait valable aussi pour l’Union Africaine (UA), pourquoi pas ? Il y en a qui sont arrivés au pouvoir en Afrique par des voies peu recommandables, notamment les fraudes à la manière de Gbagbo et il est évident qu’ils le soutiennent dans l’ombre.
En tout cas, la lutte entre la Communauté internationale et Laurent Gbagbo ressemble à celle pour la survie opposant la cigogne et la grenouille. La première voulant avaler la seconde, et celle-ci essayant d’étouffer la cigogne en l’empoignant par le coup pour l’étouffer. Dans cette confrontation il est facile de deviner à court terme qui aura le dernier mot. Qu’en sera-t-il pour la Communauté internationale et Gbagbo ? Nous laissons le soin à chacun de se faire son idée.
En se replongeant dans le passé, un peu moins de 20 ans en arrière, on revoit Samuel Doe qui au plus fort de la crise libérienne, sentant le danger venir, avait cherché à fuir son pays et s’exiler par instinct de conservation, réaction humaine et sage d’ailleurs. Mais mal conseillé, et certains lui ayant même recommandé de ne pas fuir, sous prétexte qu’un soldat doit ne démissionne pas, il avait résisté aux troupes de Charles Taylor. La suite, tout le monde la connaît. Moralité : les soutiens officieux, les soutiens de l’ombre ne lui avaient été d’aucun secours.
E. Djibril
LIBERTE HEBDO TOGO
Les commentaires sont fermés.