Entretien avec M Karamoko Fofana, Délégué RDR à New York

« Je ne crois pas au succès de la médiation de la Cedeao»

Bonjour M Karamoko, quelle lecture faite vous de la situation politique actuelle en Côte d’Ivoire ?

C’est avec beaucoup d’amertume que je constate la situation qui prévaut actuellement à Abidjan. Je voudrais réitérer mes encouragements au président élu, Alassane Dramane Ouattara. Qu’il tienne bon face à cette situation déplorable. Par ailleurs je voudrais fait appelle à M. Laurent Gbagbo, qu’il ait pitié des Ivoiriens et qu’il fasse l’ultime sacrifice pour que la Côte d’Ivoire ne sombre pas dans une guerre civile. Tout porte à croire que aujourd’hui tous les ingrédients sont réunis pour que la situation explose. Les Ivoiriens sont allés aux élections, les résultats sont clairs, le Dr Alassane Dramane Ouattara a été élu président, donc qu’il accepte de céder le pouvoir et procède a une transition pacifique du pouvoir. Si La communauté internationale s’est impliquée pour le retour de la paix, je pense que c’est d’abords dans l’intérêt de nous-mêmes les Ivoiriens et aussi pour la stabilité politique de la sous région.

Comment vivez-vous cette situation avec vos militants à New York ?

Nous avons tous des parents à Abidjan, et la situation nous préoccupe tous et nous sommes à la fois très affligés et moralement affecté de voir la Côte d’Ivoire dans cette situation triste. Nous continuons de prier pour eux et nous les encourageons à ne pas baisser les bras. Il ya une véritable psychose qui règne tant dans la journée que dans la nuit à Abidjan. La liberté humaine est bafouée, les escadrons de la mort sont de retour, nous avons des enlèvements de jour comme de nuit, nos frères et sœurs ivoiriens sont abattus froidement, sans que le camp Gbagbo ne se soucie de leur sécurité. Cela est très triste et malheureux.

Que faut-ils alors pour sortir de cette impasse ?

Nous sommes en politique et je pense que la priorité doit être la voie diplomatique et pacifique. Malheureusement je constate que toutes ces voies sont épuisées et que la seule solution qui s’offre présentement est de déloger M. Laurent Gbagbo par la force. Nous attendons de voir aussi le résultat de la mission de médiation de la Cedeao qui sera à Abidjan le Mardi 28 décembre 2010, on souhaite que cette mission réussisse à convaincre M. Laurent Gbagbo. Dans le cas contraire on espère que la Cedeao prendra ses responsabilités.

Partager vous l’optimisme du succès de cette mission de la Cedeao?

Je ne voudrais pas être pessimiste, je ne crois pas au succès de la médiation de la Cedeao. Je ne crois pas que Gbagbo écoutera les trois présidents qui viendront, pas plus qu’il l’a fait pour ceux qui les ont précédés. Mais comme la nuit porte conseil, peut être qu’il pourrait entendre raison et accepter de céder le pouvoir au président élu, et négocier son exile.

Ne pensez vous pas qu’il faut donner encore plus de chance à une résolution pacifique de la crise ?

La voie diplomatique n’a cessé d’être empruntée depuis le début de la crise. Et je pense que c’est M. Gbagbo lui-même qui impose à la communauté internationale l’usage de la force par son attitude intransigeante en persistant dans son refus de céder pacifiquement le pouvoir au président élu par les ivoiriens. Nous ne comprenons pas son entêtement à rester au pouvoir alors que les élections se sont passées de façon transparente et que tout démontre qu’il a bel et bien perdu. C’est aussi pour donner une chance à une résolution pacifique que nous continuons de manifester et protester publiquement contre la dérive de M. Laurent Gbagbo. A New York, au siège de l’Onu et à Washington, en face de la Maison Blanche, nous avons organisé des manifestations pour exiger le départ de Gbagbo. Encore la semaine prochaine nous organiserons une autre pour protester contre les tueries et les enlèvements et pour demande encore une fois de plus le départ de l’ancien président.

Votre conclusion ?

J’aimerais demander à nos frères et à nos sœurs ivoiriens de soutenir le président Alassane Ouattara et son gouvernement et ensuite de faire pression et de lutter pour le départ de Laurent Gbagbo. Je leur demande aussi de tenir bon et d’être certains que la crise prendra fin bientôt, car quelque soit le génie politique de Gbagbo, il ne peut pas lutter seul contre le monde entier.

KC

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