Lettre ouverte au Général MANGOU Philippe
Bonjour Mon Général des corps d’armées,
Depuis que M. Gbagbo a décidé de confisquer le pouvoir d’État contre la volonté de la vaillante population de notre pays, beaucoup de choses se passent chaque jour sous vos yeux.
M. Le Général des corps d’armées,
Le 28 novembre dernier, les ivoiriens se sont rendus massivement dans les urnes pour manifester leur besoin de participation aux décisions politiques de notre pays. Ils ont voulu également montrer à quel point ils aspiraient aux changements dans ce pays. Et les élections se sont déroulées dans des conditions acceptables. Tous les observateurs crédibles ont approuvé la bonne tenue de ces consultations. Ils ont consacré la validité de cette élection conforme aux normes internationales généralement admises. Et les résultats sont tombés comme un couperet sur un plateau de charcuterie. M. Gbagbo est perdant ; M. Ouattara devrait devenir le Président de la République de Côte d’Ivoire.
Les ivoiriens vous ont entendus dire à maintes reprises que vous êtes un défenseur de l’ordre républicain. Vous nous aviez dit que vous défendriez toujours la République. Or la République c’est l’ensemble des institutions que les dirigeants politiques mettent en place dans un pays pour garantir son fonctionnement. Comme exemple d’institution de la république de Côte d’Ivoire, vous pourriez noter la Présidence de la République. Or il se trouve, malheureusement, que par la volonté et l’esprit égoïste de M. Gbagbo, la Présidence de la République est contestée. Elle est vilipendée et narguée. Elle est réprimée dans le sang par certaines forces de défenses et de sécurité dont vous êtes, au moins théoriquement, le seul patron.
Mon Général, on nous rapporte que vous êtes un soldat exemplaire ; que vous et les généraux Kassaraté, de la gendarmerie nationale, et BRINDOU de la police ne vous êtes pas engagés du côté des tueurs à gage de M. Gbagbo. Mais, mon Général, souffrez que je vous rappelle que la Côte d’Ivoire ne sera pas détruite par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. Votre simple silence est une licence aux tueurs. Votre inaction est une prime à l’action des mercenaires libériens et angolais. Et le sieur DOGBO Blé s’en prévaut pour donner des ordres à ses troupes.
Après les évènements de jeudi dernier, chaque jour que Dieu nous permet de vivre a son lot d’enlèvements et d’assassinats. Je sais que vous le savez. Chaque jour a son lot de dénonciations calomnieuses des ivoiriens par d’autres ivoiriens pour les entraîner dans les chaînes de la mort brutale et inhumaine. Et çà je sais que vous le savez. Vous êtes trop proche de la population pour l’ignorer ; vous qui vivez à Yopougon notre commune la plus populaire.
Nous sommes encore à nous interroger sur l’issue de cette vie de poulet à laquelle nous sommes confrontés. Pourtant Il vous suffirait de dire un mot, et ces problèmes seraient guéris.
Après le message télévisé de M. Gbagbo la nuit dernière, vous comprenez bien qu’il n’a pas à l’esprit de partir de lui-même. Il se met dans une posture hypocrite et mensongère. Il vous prend pour des personnes dépourvues d’intelligence. Il vous considère comme des idiots qui se taisent quand ils ont juste quelque chose à se mettre dans la bouche. Il vous ridiculise. L’ex Président vous nargue parceque ses mercenaires sont là. Ils le protègent contre vous et les autres. Soyez sûrs que M. Gbagbo ne compte pas sur vous pour le défendre même s’il le feint.
Ce que nous vous demandons est très simple : Vous devez défendre votre serment ! Vous devez réaffirmer votre leadership à la tête de nos FDS en vous désolidarisant publiquement et définitivement de ces actes inhumains et malsains qui sont posés en votre nom et pour votre compte. Votre responsabilité y est fortement engagée. Faites-le avec vos frères d’armes Kassaraté et Brindou. Un soldat ne doit pas avoir peur de mourir pour la bonne cause. Beaucoup de vos soldats de rangs, sous-officiers et autres n’attendent que votre mot d’ordre pour s’éloigner de ces gens sanguinaires, sans foi ni loi, et prendre leurs responsabilités devant la jeune histoire de notre pays. Et la République se portera mieux et vous sera toujours reconnaissante.
Mon Général, cette lettre ouverte est un appel et un cri de cœur. Vous n’avez pas le droit de permettre à M. Gbagbo d’offrir la Côte d’Ivoire en holocauste à nos enfants. Si vous prenez la bonne décision dans votre âme et dans votre conscience, l’histoire de la Côte d’Ivoire retiendra en lettres d’or qu’à un moment de convulsion de notre jeune démocratie, des hommes en armes ont su défendre ses acquis démocratiques au détriment de politiciens menteurs et véreux, et permettre à ce que la Côte d’Ivoire devienne ce qu’elle est aujourd’hui.
Mon Général, je reste au garde à vous jusqu’à l’expression de votre mot d’ordre.
ATTOURA GAVAN
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