Libération avortée de la RTI – Le camp Ouattara compte ses morts

La marche pour l’installation des nouveaux dirigeants de la Radio et la Télévision Ivoirienne (RTI), projetée par le Premier ministre Soro Guillaume du gouvernement Alassane Ouattara, candidat déclaré vainqueur du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 par la Commission électorale indépendante, n’a pu aboutir. Bien au contraire, en lieu et place de la libération de la RTI, ce sont plusieurs blessés et morts qui ont été enregistrés dans le camp du candidat Alassane Ouattara.

Journée très mouvementée hier jeudi 16 décembre 2010 à Abidjan. A la demande de Guillaume Soro, les militants et sympathisants du Rhdp sont sortis. Des détonations de gaz lacrymogène et des tirs de sommation ont été entendus dans plusieurs quartiers d’Abidjan. A Abobo, par exemple, le quartier le plus peuplé du District d’Abidjan, où résident la plupart des militants du candidat Alassane Ouattara, déclaré vainqueur à l’élection présidentielle par la Commission électorale indépendante, plusieurs tirs de sommation ont été entendus. L’objectif des FDS était d’empêcher les militants de rallier Cocody, où se trouve le siège de la RTI. Malgré le cordon armé dressé de toute part, par les FDS, les manifestants ont pu quand même progresser, jusqu’à Cocody, précisément au niveau du supermarché Sococé, où ils ont été dispersés. N’empêche, certains militants ont défié les Forces de Sécurité, en franchissant les barrières. Les plus chanceux s’en sentiront avec des blessures. D’autres succomberont aux balles réelles tissées à bout portant. Déjà, au niveau du feu du célèbre carrefour anciennement connu sous le nom de ‘’carrefour de la mort’’, devenu aujourd’hui ‘’le carrefour de la Vie’’, les consignes aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) semblaient claires. ‘’Pas de pitié, tirez sur tout ce qui bouge’’, pouvait-on entendre. Conséquences plusieurs blessés ont été enregistrés en ces lieux. Il en est de même pour les morts annoncés çà et là dans la ville d’Abidjan.
Honoré Kouassi

2- Récit des 30 mn de combat

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Il est 11 H 10, quand a lieu la fusillade entre les bérets rouges, fidèles à Laurent Gbagbo et la garde de Guillaume Soro. Les deux factions échangent des tirs à plus d’un Kilomètre du Golf Hôtel. Les membres du gouvernement du Président Alassane Ouattara avec à leur tête le premier Ministre avaient entamé leur marche vers la RTI. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus. Pendant plus d’une heure, les échanges fratricides ont créé l’émoi chez les riverains. C’était le branle-bas au sein de la population. Véhicules, mobylettes, vélos et même piétons se lancèrent dans une course effrénée en sens inverse. Pendant plus de 30 minutes, les tirs de mortiers tonnaient et les détonations de kalach crépitaient sans cesse. En 30 minutes, les hommes de Wattao ont réussi à repousser les éléments de la garde républicaine. Mais, ils n’ont pu franchir le carrefour du domicile de Thérèse Houphouët-Boigny où un Char était positionné. Ils ont dû replier, à la demande de leur hiérarchie, à en croire une source proche du Golf Hôtel. Selon certaines indiscrétions, des combattants auraient été grièvement blessés dans les deux camps. Deux morts et des blessés sont comptabilisés chez les FN et on attendait le bilan des FDS.
K.C

3 – Plus de 50 000 marcheurs repoussés dans le sang

Ils sont sortis nombreux d’Abobo, ces militants du RHDP. Reconnue comme le fief du Président Alassane Ouattara, cette commune n’a pas manqué à l’appel de la marche d’installation du nouveau Directeur général lancé par Guillaume Soro. Ils étaient très nombreux. Tout au moins 50 000 marcheurs déchainés sous un soleil de plomb ce jeudi noir, entonnant des refrains d’adieu au Président Laurent Gbagbo. Mais très rapidement, ils vont buter sur un corridor d’hommes en armes au niveau du carrefour de Williamsville non loin du camp Agban. Des jets de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles ont fait de nombreux blessés et des morts parmi les marcheurs. Revenus sur leurs pas jusqu’au niveau du zoo, ces marcheurs ont préféré changer de direction en remontant du côté du carrefour Duncan, sur le boulevard latrille, où ils tombent dans l’embuscade. Deux morts gisent au sol du côté des manifestants. Ils arrivent néanmoins à passer ce barrage, mais arrivés vers l’ENA, un autre groupe de militaires puissamment armés les chargent. La confrontation fait un mort à cet endroit. Selon le gouvernement Soro, à 13 GMT, 30 morts ont été enregistrés dans les rangs des manifestants du Rhdp. Des renforts des hommes en armes les mettent en déroute au niveau de Cocody, carrefour la vie. Quand des tirs à l’arme lourde sont entendus du côté de la riviera Golf. Soudain, une forte pluie s’est abattue sur la ville, mettant ainsi fin aux confrontations et à la marche. Comme par enchantement, dirait-on, pour laver le sang qui aura en encore coulé.

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Kossébê Chantal

4 – Yopougon-Siporex Les Fds dispersent les manifestants
Jeudi 16 décembre 2010. Yopougon-Siporex. Il est 7h 20mn du matin, un attroupement monstre de jeunes gens (que l’on n’a pu identifier), envahit l’espace Ficgayo. Quelques minutes plus tard, la horde de manifestants met le cap sur l’autoroute du Nord. La mobilisation des populations est assez impressionnante pour amener les chauffeurs de véhicules de transport en commun à suspendre leur service. Le trafic intercommunal est aussitôt perturbé. Le peloton de tête arrive à atteindre l’autoroute du nord. La seconde vague des jeunes est systématiquement interceptée par les Fds (police nationale) au niveau de la statue à la sortie de Yopougon-Siporex. Des tirs de sommation, des nuées de gaz lacrymogène et des douilles d’armes automatiques qui jalonnent les rues de la commune, arrivent à convaincre les manifestants quant à l’opiniâtreté des hommes de Philippe Mangou à maintenir coûte-coûte l’ordre public. La foule se disperse. Les plus teigneux en font autant et font vite de se transformer en petits rongeurs pour arpenter les couloirs des quartiers Wassakara, Sogefhia solic 1 et 2 et le Banco 2. Les riverains assistent au spectacle, le regard hagard, obligés qu’ils sont de regagner au plus vite leur domicile sous la fréquence accélérée des tirs de dissuasion, le picotement des yeux ainsi que des douleurs au niveau des fausses nasales, provoqués par les jets des gouilles de lacrymogène. Alors que les protestataires se croyaient tirés d’affaire, les Fds sont allés les chercher jusque dans leur dernier retranchement. Des manifestants, que nous avons rencontrés dans les ruelles de yopougon-Sogefhia solic 1, étaient essoufflés et s’étaient badigeonné tout le corps de citron. Approchés ils diront : « Ça nous permet de résister contre le gaz lacrymogène », A notre passage sur l’autoroute du nord, un spectacle fort intéressant a retenu notre attention. Au niveau de la bretelle qui conduit au Plateau – exactement où les ‘’fanico’’ font la lessive, des Fds ont réussi à mettre le grappin sur des manifestants récalcitrants. Sous la canicule certains manifestants ont été amenés manu militari de prendre un bain de boue dans la rivière du Banco tandis que d’autres ont profité de l’occasion pour se bronzer au soleil. C’est aux environs tour de 11h que le calme est revenu dans la plus grande commune de Côte d’Ivoire.

Krou Patrick

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