Par Sériba Koné depuis Abidjan avec G.D.A. pour connectionivoirienne.net
Crise postélectorale en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo présente son vrai visage au monde
Laurent Gbagbo, celui qu’une certaine opinioni considère comme le « père » du multipartisme, de la démocratie à l’ivoirienne depuis les années 1990, cache derrière le sourire qu’il montre à travers les images distillées, une haine viscérale pour le peuple de Côte-d’Ivoire. Décryptage.
Laurent Gbagbo et certains de ses compatriotes notamment, Kobénan Anaky, aujourd’hui président d’un autre parti, le Mfa (Mouvement des forces avenir) ont officiellement créé en 1990, le Fpi (Front populaire ivoirien). Cette première force de l’opposition portée sur les fonts baptismaux du vivant d’Houphouët Boigny va se tailler une réputation à travers les médias. La cause valait la peine en son temps. Très prolixe et convaincant, Laurent Gbagbo le premier secrétaire général et porte-étendard de ce parti va se forger une réputation dans le milieu scolaire, estudiantin, et au sein des autres couches sociales. Le peuple ivoirien étant jusqu’alors privé de liberté d’expression depuis la nuit des indépendances, les idéologies que M. Gbagbo développait ne pouvaient qu’achever de convaincre.
La volonté affichée par Gbagbo, de lutter contre la corruption, le tribalisme, les détournements de deniers public, les achats de diplômes scolaires et universitaires etc., militera en faveur de celui que le monde va présenter dès la mort d’Houphouët Boigny en 1993, abusivement comme son « premier opposant historique ». Pourtant, l’histoire du PDCI-RDA démontre le contraire, Houphouet depuis les temps du Syndicat Agricol Africain aura toujours eu des opposants. En ces années 90, les promesses du tribun Gbagbo Laurent, héritier encagoulé du « OPADJILE » « Bété » Kragbé Gnagbé (ndlr. Opposant au PDCI d’Houphouët Boigny dans les années 70) font rêver.
Les élections de 1995 à 2000 – Une confusion qui cachait la vraie réalité
Face à Bédié en 1995, dans le cadre du Front républicain que Gbagbo venait de créer avec le RDR de Djeni Kobena (Rassemblement des républicains), parti d’Alassane Dramane Ouattara, Gbagbo va refuser de se présenter á la présidentielle. Ensemble avec le RDR, ils organisent un boycot dit « actif », entendez un boycot violent de ces élections.
Le boycotte actif sera l’arme utilisée par le Front républicain contre un scrutin électoral qui, dit-on au sein de cette plate-forme politique n’offre pas de garanties suffisantes de transparence. A la vérité, Gbagbo n’avait pas les moyens financiers et les pions essentiels manipulables au sein du Pdci-Rda, parti que venait de léguer feu Houphouët Boigny à Henri Konan Bédié aux fins de diviser ce parti. En ces temps, un puissant parti qui demeurait une lourde machine électorale à tous les niveaux, financier, implantation et en terme de militants. Le Front Républicain vole en éclats vers la fin de la decennie 90, avant le coup-d’etat de décembre 1999. La disparition du sécretaire genéral d’alors du RDR, Djéni Kobena sera l’une des raisons avancée.
En 2000, Robert Guéi n’étant pas politique et le Rdr s’étant retiré du gouvernement en observant la politique de la chaise vide, Laurent Gbagbo va « asphyxier » au maximum le pouvoir militaro-civil en imposant à Guéi un diktat politique dont il a seul le secret. Au passage, ces représentants au sein des commissions chargées de rédiger la constitution de la 2e République manœuvrent pour que celle-ci interdise á M. Ouattara l’éligibilité en Côte-d’Ivoire. Le fameux article 48 de la Constitution de 2000 qui fait du Président de la République de Côte-d’Ivoire un autocrate, un Tiran sort de ces travaux planifiés et exécutés par les intelligences du FPI. M. Gbagbo était-il déjà conscient de sa gageure et des risques encourues en écartant de grosses pointures de la scène politique ? Une chose est désormais lisible, M. Gbagbo a depuis des lustres eu conscience qu’il ne pouvait remporter une élection á laquelle participeraient MM. Bédié et Ouattara en coalition. Durant cette transition de feu le General Guéi Robert, Les ministères et les directions á forte valeur sonnante et trébuchante vont en grand nombre revenir aux Fpi. C’est un Laurent Gbagbo confiant et sûr de lui qui affronte le général, naïf politique qu’est Robert Guéi. C’est tout naturellement que M. Laurent Gbagbo va s’autoproclamer Président d’une élection « calamiteuse », selon ses propres termes. Nous n’entrons pas dans les détails ici. Une élection non démocratique, faussée par le rejet folklorique, mais surtout anti-démocratique et dictatorial des candidatures de M. Bédié et de M. Ouattara. 10 ans plus tard, la Côte d’Ivoire semble encore payer pour l’élection anti-démocratique de 2000.
La naissance d’une nouvelle classe de bourgeois 2000-2010
Ces huit années de crise auront permis aux Ivoiriens de se rendre à l’évidence que Laurent Gbagbo était un théoricien digne des temps caverneux. Celui qui aura promis monts et merveilles aux populations leur a donné sur un plateau de diamant la gabegie, les détournements (filière café-cacao, Telecom etc.), les achats de diplômes (Blé Goudé), les achats de concours de l’Administration publique (Ex. Ena, Police). Le tout couronné par la course effrénée à l’enrichissement illicite à tous les niveaux . Tous ces pillages vont sans honte aucune se résumer à « nous (ndlr : ces partisans et lui) ne sommes pas les premiers à le faire ». Les grosses cylindrées, les habitations de luxe, le Grand commerce, le monde des affaires seront des secteurs réservés en exclusive à un groupe restreint de partisans de M. Gbagbo.
La goute d’eau ayant débordé le vase, Gbagbo acculé, va ordonner au juge Tchimou Raymond, procureur de la République de faire arrêter la plupart de ses partisans avides de gains faciles, dans la filière café-cacao. Ils iront augmenté le nombre de prisonniers en attente d’être jugés à la Maca (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan). Les pontes Placide Zoungrana, Tapé Doh, Ageline Kili et autres barons de la filière attendent depuis de longs mois d’être jugés.
Election de 2010, le vrai visage de Laurent Gbagbo
Connu pour son franc-parler et ses diatribes, Laurent Gbagbo s’est présenté ces deux derniers mois aux yeux du monde entier comme une personnalité hors du commun. Il aura du mal á accepter sa défaite du premier tour parce que M. et ses partisans rêvaient d’une victoire dès ce premier round. L’entre deux tours sera la période des longs couteaux. Tout l’arsenal du dictateur prêt á être sanctionné par le peuple, sera mis á profit ! 1500 soldats au Nord, report par décret d’une semaine de la date du second tour, couvre-feu, fermeture des frontières etc. Autant de mesures montrant la fébrilité du président-candidat face á la machine d’en face constituée des deux mastodontes de la scène politique, qu’il n’avait pu affronter en …2000 ! Dès lors tout sera mis en œuvre pour briser cette alliance redoutée. Gbagbo et ses partisans auront sur la conscience le retour des vieux démons diviseurs de l’ivoirité, du nationalisme xénophobe comme si détruire la maison ivoire était le dernier de leurs soucis dans leur farouche volonté de conservation du pouvoir.
Le résultat du 2nd tour de la présidentielle achèvera de convaincre plus d’un, que ce monsieur n’aime pas le peuple ivoirien comme il veut le faire croire. Le patriotisme dont il se réclamait, subitement depuis septembre 2002 devenant de façon automatique opportuniste et machiavélique. L’on fera tout son possible pour empecher l’annonce des résultats de la defaite par la Commission Electorale Indépendante (CEI). Les sièges de la Radio-télé et de la CEI seront mis sous blocus militaire par la garde présidentielle. Dans une scène surréaliste le porte-parole de la CEI sera physiquement empêché de donner les résultats des urnes. Exaspéré et craignant pour sa sécurité, c’est dans un hôtel 5 étoiles que le président de cette institution prononcera les résultats devant les cameras de chaines de télé étrangères. Moment pour la dictature de lâcher sa dernière carte á confiscation, le conseil constitutionnel.
Le cas actuel est édifiant. Pour n’avoir pas dit le droit et refuser de proclamer le vrai résultat des urnes qui donne le candidat du Rhdp, Alassane Dramane Ouattara vainqueur du 2nd tour de l’élection présidentielle avec plus de 54% des suffrages, le président du conseil constitutionnel, Yao Paul N’Dré a transformé les rêves de son maître en réalité. Mais, une réalité éphémère et amère telle qu’elle se présente. Résultat foudroyant et imprévu de ce scenario d’apprentis metteurs en scène, des pays comme les Etats-Unis, la France, l’Afrique du Sud etc, des organisations comme l’Union Africaine, la CEDEAO l’Onu, Le Fmi, l’Ue, la Banque mondiale reconnaissent la victoire d’Alassane Dramane Ouattara. Pour toute réaction le démocrate ivoirien fait couper toutes les chaines de télévision et de radio pouvant apporter la contradiction á sa thèse du vol, de la tricherie.
Cette méchanceté monstrueuse, cette télévison de la honte emprunte de mauvais aloi continue de présenter Laurent Gbagbo comme le Dieu des Dieux, le Sultan des Sultans. L’intoxication des téléspectateurs ivoiriens à outrance, les dénonciations calomnieuses dans des émissions d’intérêt public, des juristes d’un moyen-âge trié sur le volet, des journalistes qui refusent de rendre le tablier là où le professionnalisme laisse la place à la culture de la médiocrité, l’appel à la haine et à la déchirure du peuple, l’intimidation du peuple afin de reconnaitre que seul Gbagbo peut gouverner la Côte d’Ivoire. Voici ce que devient la Rti (Radio télévision ivoirienne), la chaine publique nationale.
Tous les ingrédients sont réunis aujourd’hui en Côte d’Ivoire pour prouver que Laurent Gbagbo n’aime pas son peuple. Le bas peuple qui avait du mal à joindre les deux bouts du fait de la crise vit dans la misère et dans un avenir incertain.
Les effets collatéraux du probo-koala, du nom du bateau pollueur continue de faire ses effets. Le paludisme, les maladies diarrhéiques etc. sont loin d’être soignées efficacement. Si le peuple n’a pas le moindre centime pour faire face à la pitance quotidienne, comment peut-il faire face aux soins ? C’est dans ce schéma de misère et de galère que les proches de Gbagbo et lui continuent de se la couler douce dans leurs palaces avec l’argent des détournements et autres crimes financiers restés impunis depuis septembre 2000. Aux autres peuples africains, mal ou insuffisamment informés des réalités ivoiriennes, ils se presentent comme les défenseurs de l’Afrique face un Occident impérialiste (Sic !). Démogogie quand tu nous tiens.
Ce sombre tableau qui n’est d’ailleurs pas exhaustif, montre bien que la misère du peuple ne fait ni chaud ni froid à Laurent Gbagbo. Seuls ses intérêts personnels et celui de ses proches partisans avec qui il s’est enrichi, le préoccupent. Ils sont combien d’Ivoiriens qui parviennent à se nourrir et à se soigner sans demander de l’aide à un frère, un ami, ou un parent proche, du fait de la cherté de la vie ? Là n’est pas le problème du Dieu vivant. Drôle de patriote et patriotisme !
Sériba Koné depuis Abidjan avec G.D.A. pour connectionivoirienne.net
Encadré
Comment Paul Yao N’Dré a mis le feu aux poudres !
De l’élection du Président de la République de Côte d’Ivoire, voici ce que dit la Constitution ivoirienne. En son secteur 4, concernant les opérations de vote des réclamations et de la proclamation des résultats.
Article 66 : Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection.
La date du nouveau scrutin est fixée par décret en Conseil des ministres. Le scrutin a lieu au plus tard 45 jours à compter de la date de la décision du Conseil constitutionnel. Avec l’annulation du scrutin de sept départements, Yao Paul N’Dré pouvait prendre en compte cet article et dire le droit, en évoquant, « de manière exceptionnelle », la reprise des élections avec toute la logistique sécuritaire qui servira sur toute l’étendue du territoire nationale. Ce serait l’une des meilleures solutions pour la sortie de cette crise. Et pour cause, si l’on a mis plus de huit ans á signer des accords pour arriver à cette élection, ce ne sont pas ces derniers accords de reprise du scrutin que les politiques allaient refuser de signer pour la paix. Mais, contre toute attente, le professeur a préféré agir en étudiant. Mettant ainsi le feu aux poudres. Le nombre de morts visibles depuis, avoisine la centaine.
Sériba Koné
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