Crise ivoirienne – Les raisons de l’échec de l’Eglise (Évangélique)

2000-2010; cela fait maintenant dix (10) ans que la Côte d’Ivoire est malade; un grand malade avec des poussées de fièvre à répétitions. Le coup d’Etat de décembre 1999. La guerre de septembre 2002, et la situation post-électorale que nous vivons depuis quelques jours. Ça fait trop, pour un pays que l’on dit béni de Dieu. Dieu aurait-il oublié la Côte d’Ivoire? Que non! Mais alors que se passe-t-il? La Côte d’Ivoire, à notre connaissance, est le seul pays au monde où les Eglises poussent comme des champignons. Mieux, à tout moment, des Eglises, toutes tendances confondues, multiplient des programmes de prières en faveur de la Côte d’Ivoire. Malgré cette ferveur religieuse, la crise est là, plus tenace et pernicieuse que jamais. A l’évidence, l’on pourrait déduire que Dieu fait la sourde oreille face aux nombreuses supplications de l’Eglise.
A travers notre modeste contribution, nous allons essayer d’apporter quelques réponses (non exhaustives), à la situation de l’Eglise par rapport à la crise que connaît notre pays.

Dieu aurait-il changé ?
La Bible déclare: « Jésus Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement. (Hébreux: 13-8) ». A partir de ce verset, nous pouvons déduire que Dieu, aujourd’hui comme hier, exauce ceux qui l’invoquent. Le Psaume 34-7. l’atteste d’ailleurs clairement: « Quand un malheureux crie, l’Eternel entend et il le sauve de toutes ses détresses ».
En toute honnêteté, ne faisons pas la fine bouche, et reconnaissons, que plus d’une fois, depuis les années 2000, Dieu est venu réellement au secours de notre pays. Souvenons-nous de l’attaque du 19 septembre 2002, et des événements terribles de novembre 2004. Si la main de Dieu, (chaque fois) a permis à notre pays d’éviter le chaos, force est de reconnaître que les antagonismes vivaient en état d’hibernation, dans les cœurs et les esprits. Hélas, l’Eglise de son côté s’est mise en congé avec Dieu. Elle s’est fiée à la paix superficielle que les politiciens s’efforçaient de vendre aux Ivoiriens. Du coup, l’Eglise a oublié cette recommandation de l’Apôtre Paul: « Priez-sans cesse » (1 Théssaloniciens 5 :17).
Le Seigneur Jésus, lui-même, dans la parabole des talents nous montre, « qu’il faut toujours prier et ne point se relâcher jusqu’à exaucement » (Luc 18 : 1). Faisant fi de cette vérité, l’Eglise a dormi, elle signait ainsi son échec face à une crise qui attendait le moment favorable pour rebondir. Mais, le sommeil spirituel dans cette situation a trouvé un allié de taille, l’argent. Le dieu argent, celui que le Seigneur Jésus appelle MAMMON. « Vous ne pouvez servir Dieu et MAMMON » (Mathieu 6 : 24).

Les pasteurs, conseillers spirituels de nos autorités
La mise en garde de Jésus date de plus de deux mille (2000) ans. Et pourtant, elle est toujours d’actualité. Le manque de courage et d’honnêteté spirituelle, de certains conseillers spirituels, face à  » leurs brebis  » élevées en dignité, a favorisé la disqualification de l’Eglise. Confrontés aux nombreux avantages matériels et financiers, attachés à leur fonction de  » berger « , certains de nos éminents pasteurs, ont vite fait de mettre de côté, l’infaillibilité et l’autorité de la Bible, se contentant de raisonnement humain, pour tenter de justifier certains actes de  » leur brebis », en contradiction flagrante avec les saintes écritures. Or, Jésus a dit: « vous êtes la lumière du monde »
(Mathieu 5 :14). La lumière dont il est question ici, est la vérité biblique que tout chrétien se doit de prêcher à temps ou à contre temps; parfois même au risque de sa vie. En la matière, les exemples sont légion dans la bible. Des prophètes tels que Jérémie et Michée, pour avoir dit la vérité de la part de Dieu, ont été persécutés et jetés en prison, par les souverains de leur temps. Jean Baptiste, lui, a été décapité parce qu’il a dénoncé la liaison incestueuse du Roi Hérode Antipas avec Hérodias. (Marc 6: 29). Autre exemple, celui du prophète NATHAN (Prophète personnel du Roi David). NATHAN a lui aussi dénoncé le meurtre et l’adultère de David. Ce dernier en vrai croyant, s’en est confessé, repenti et obtenu le pardon et la grâce de Dieu (2 Samuel: 12).
A la vérité, au risque de nous répéter, nos éminents pasteurs, entre le paradis de Dieu (le ciel) et le paradis des hommes, ont choisi de prospérer ici bas. Qui est fou! dirait-on à Treichville.
Assurément, pour eux, elle est révolue, cette confession de foi qui affirmait que le chrétien est pèlerin sur la terre, le ciel étant notre patrie ». Dommage!

La haine et la politique
à l’Eglise
Tout chrétien digne de ce nom, sait que l’amour du prochain et le pardon, sont au cœur de la foi chrétienne: « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent » ; telles sont les recommandations de Jésus.
(Mathieu 5 : 44 et Luc 6 : 27). Une fois encore, hélas! A l’éclatement de la guerre, un sentiment de haine s’est installé dans certaines Eglises; au point que les prières adressées à Dieu  » exigeaient » la destruction ou la mort de ceux qui avaient pris les armes. Où est-il passé, notre Dieu d’amour et de compassion, dont « la volonté n’est pas que l’homme créature de Dieu, meure dans son péché; mais qu’il soit sauvé et parvienne à la connaissance de la vérité ». (1 Thimothée 2-3-4). Quel est donc ce dieu-là, qu’on envoie en mission, dans nos prières, comme notre petit boy, pour assouvir nos funestes desseins? En guise de rappel, l’Eglise, avec Christ, vit sous la grâce. Cette faveur imméritée que Dieu accorde à tout homme (voleur, brigand, meurtrier, adultère, idolâtre, sorcier…), qui accepte de venir à Lui par la foi et la repentance.
Mieux, c’est un devoir pour le chrétien de prier constamment pour l’inconverti, fut-il rebelle ou ivrogne, car le Dieu que nous servons ne rejette personne. En intercédant pour autrui (celui que nous considérons comme perdu), certainement, la grâce de Dieu le touchera, « le convaincra de péché, de justice et de jugement », comme l’indique la bible. Dieu, qui l’a fait pour les chrétiens nés de nouveau, peut le faire pour tout le monde. Lui seul à la capacité de changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair. Malheureusement, nombre de chrétiens et leur berger ont vogué à contre courant de cette démarche. Pire, à la faveur des élections, des frères et sœurs en Christ, ont identifié des candidats comme émanant du diable. Au fait, qui sommes-nous pour juger? Juger avec des yeux et un cœur de militant de parti. Au cas où nous l’aurions oublié, rappelons-nous que  » Satan se déguise en ange de lumière » (2 Corinthiens 11 : 14) « . C’est la première nature de Lucifer. (Ezéchiel28 : 12 à 18).

La politique à l’église
Si le message de l’évangile consiste à faire avancer le royaume de Dieu sur terre, pour le salut des âmes, à l’occasion des élections, des pasteurs ont délibérément, (en plein culte), choisi de faire campagne pour leur candidat. Où étions-nous, à l’Eglise ou au siège d’un parti politique? Ignorance, abus de confiance ou de pouvoir? Nous croyons que c’est tout ça à la fois. Pour mémoire, souvenons-nous, de la violence avec laquelle, Jésus a mis dehors, ceux qui avaient fait du temple de Jérusalem, un marché (Mathieu 21 : 12 à 13).

En toutes choses,
recherchons la volonté parfaite de Dieu
A la lumière de tous ces constats, nous remarquons que les prières dans leur immense majorité, étaient marquées de la volonté des hommes. Or, il aurait fallu rechercher d’abord la volonté parfaite et le plan de Dieu pour la Côte d’Ivoire; avant de lui adresser une quelconque requête. Malheureusement, nous avons prié avec nos émotions, et en fonction de nos intérêts politiques et tribaux. A quel résultat avons-nous abouti? Nous sommes dans une impasse totale! Pourquoi? Parce que nous avons mal demandé.  » Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions ». Jacques-4 :3

Dieu a utilisé nos propres turpitudes pour étaler l’échec de l’Eglise
(Evangélique). Elle est restée volontairement sourde, à la voix de Dieu, à cause des espèces sonnantes et trébuchantes, des palais feutrés de Cocody. Mais que l’Eglise sache qu’elle a des comptes à rendre au peuple de Dieu et à Dieu. Heureusement, elle peut encore sauver la face.

L’église peut encore
se ressaisir
Au demeurant, aujourd’hui, plus que jamais, Dieu met l’Eglise face à ses responsabilités. Elle se doit, ici et maintenant de dire « un mo », afin de libérer la Côte d’Ivoire, de la prise d’otage des politiciens. Le monde entier a parlé, mais que dit l’Eglise ivoirienne dans son ensemble. Elle est censée savoir où est la vérité. Si elle ne parle pas, elle se fait complice d’un camp.
Eglise de Côte d’Ivoire, Dieu te regarde. Le grand Dieu d’Israël, dont « Le trône repose sur la justice et l’équité ». (Psaume 89 : 15),  » lent à la colère et riche en bonté)) (exode 34: 6). Lorsque l’Eglise aura enfin parlé (nous l’espérons), le cœur de Dieu sera réjoui. Enfin, l’Eglise pourra initier des moments de jeûnes, de confessions et de repentances d’identifications par rapport aux péchés de la Côte d’Ivoire; en vue d’implorer la miséricorde de Dieu sur notre pays.
Ne nous voilons pas la face, dans l’état actuel de la Côte d’Ivoire, seule la miséricorde de Dieu peut nous sortir de cette impasse qui risque d’être très douloureuse, si l’Eglise ne joue pas réellement son rôle. Elle détient son mandat, non pas d’un homme, mais de Dieu qui l’a établie  » Comme sel de la terre » (Mathieu 5 : 13).
Que Dieu garde et protège la Côte d’Ivoire.
Emile KONAN Fréjus
Serviteur DE JESUS CHRIST

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