(AfriSCOOP Analyse) — Voici près de deux semaines que les Ivoiriens ne savent plus à quel saint se vouer sur le plan politique. La course de résistance entre les camps Rdr et Fpi n’est pas près de prendre fin ; tant les concurrents sont prêts à tout par garder le cap de leur logique. Dans cet imbroglio, M. Gbagbo pourrait saisir cette occasion pour rentrer dans l’Histoire politique de l’Afrique…
Laurent Koudou Gbagbo a certes déjà l’appui de certains Africains, dans le bras de fer qui l’oppose depuis le 02 décembre 2010 à Ado. Rares ont été les dirigeants du continent noir qui ont pu résister sur une longue période à la furie politique de leurs pairs du Nord. C’est d’ailleurs, essentiellement, au nom de cette posture qu’adopte le président historien de la Côte d’Ivoire que certains Africains qui veulent voir « une Afrique souveraine » sur tous les plans lui apportent leurs appuis inconditionnels. Sans chercher souvent à comprendre ou soupeser la pertinence des griefs du camp Ouattara. Les Africains qui ne veulent pas voir émerger « une autre et nouvelle Afrique » sont à compter sur le bout des doigts. Quand un président d’Afrique brandit cette vision de l’Afrique, on ne peut que l’acclamer. Dans le contexte ivoirien, M. Gbagbo peut donner forme à cette conviction dans les prochaines années, s’il s’y prépare dès maintenant !!!
En cédant le pouvoir au Rdr comme le réclame la plupart des partenaires de la Côte d’Ivoire, le Fpi perdrait-il de son lustre ? Sans conteste, dans le jeu politique en Afrique, être fair-play n’est pas la chose la mieux partagée. K. Gbagbo innoverait à coup sûr en quittant le palais présidentiel après les divers rappels à l’ordre des puissants de ce monde. Un départ qui est loin de signifier la fin politique du Fpi. Loin s’en faut. Et pour diverses raisons.
Cinq ans passent vite…
Le Fpi peut se targuer d’avoir organisé grosso modo une présidentielle juste. Rares sont les régimes en place en Afrique francophone qui réussissent une telle gageure ; même si l’implication de l’Onuci dans le processus électoral en est pour quelque chose de la vérité qui en est sortie d’une manière générale. Cette réussite dans l’organisation des deux tours de la présidentielle ivoirienne est en réalité une seconde victoire à mettre à l’actif du Fpi. Déjà en 2001, sous la férule de cette même formation politique, la Côte d’Ivoire avait organisé des élections municipales qui ont vu la victoire du Rdr. Des faits et gestes démocratiques pour lesquels les Ivoiriens et Ivoiriennes sauront gré un jour à M. Gbagbo et son entourage. Un peu comme les compatriotes de D. Drogba n’oublieront pas que sous le Fpi, leur pays a fait face et résisté à une attaque armée planifiée à l’étranger.
En réussissant à damer le pion à l’indéboulonnable Pdci dès le premier tour de la présidentielle en octobre, le Fpi a tout simplement démontré qu’il faut dorénavant compter avec lui sur l’échiquier politique ivoirien. Et surtout qu’il constitue dès cette année 2010 la seconde force politique du pays. Une alternative dont disposeraient en quelque sorte les Ivoiriens quand le camp Ouattara viendra à commettre des gaffes. D’ailleurs, avec l’onction populaire, le Fpi aura plus de marge de manœuvres pour matérialiser sa « nouvelle vision de l’Afrique ». L’expérience du pouvoir qu’a acquise le Fpi est en outre un autre atout qu’il a entre ses mains. Même quand la hiérarchie des forces armées ivoiriennes sera remaniée sous le Rdr, M. Gbagbo pourra être sûr de garder des relations à même d’épouser ses points de vue, généralement contre les intérêts des anciens colons de l’Afrique. Sans compter le fait que toute l’Afrique gardera l’image du Fpi pacifiste au moment où il pouvait être belliciste.
Bref, en acceptant de céder sa place à Ado, L. Gbagbo ne disparaîtra pas par enchantement dans le cœur de ses compatriotes. Après tout, un mandat présidentiel passe vite qu’on ne le croit. La concession sus-évoquée sera certes douloureuse ; mais c’est le Fpi qui risque d’en sortir grandie ; plus qu’on ne le croit.
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