Ordonnance n°2008-133 du 14 avril 2008 portant ajustement électoral pour les élections générales de sortie de crise.
En son article 64 nouveau stipule :
Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection et notifie sa décision à la Cei qui en informe le représentant du Secrétaire général des Nations Unies et le représentant spécial du Facilitateur à toutes fins utiles. La date du nouveau scrutin est fixée par décret pris en Conseil des ministres sur proposition de la Cei. Le scrutin a lieu, au plus tard, 40 jours à compter de la date de la décision du Conseil constitutionnel.
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En conséquence de ce qui suit, le président du Conseil constitutionnel ne peut en aucun cas proclamer de résultats définitifs sur la base des réclamations formulées par l’une des parties. Il pouvait tout au plus procéder à l’annulation de l’opération électorale dans les bureaux mis en cause. Et cela est évoqué dans le point 14 de la déclaration du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies qui déclare qu’en prenant en compte les réclamations dans les bureaux de vote de ces 8 départements où le scrutin a été annulé par le Conseil constitutionnel, le candidat Ouattara est toujours vainqueur.
L’art de la réplique en terre africaine
Les Ivoiriens ont voté et les voilà avec deux présidents. Triste démocratie en terre africaine. Les deux hommes campent sur leur position. Envoyé en urgence par l’Union Africaine, Thabo Mbeki va tenter de clarifier une situation au bord de l’embrasement.
On ne fera pas de mauvais jeu de mots sur la Côte d’Ivoire, mais les Ivoiriens ont probablement le droit à une meilleure image de leur pays que celle du moment. « Devant le peuple souverain de Côte d’Ivoire, je jure solennellement et sur l’honneur de respecter et de défendre la constitution », les mots de Laurent Gbagbo prêtant serment ont-ils encore un sens ? À vrai dire, tout le monde a compris la mascarade démocratique. On croyait en avoir fini avec les scénarios politiques ubuesques typiques de l’Afrique et puis non. Les nations occidentales avaient plus au moins placé quelques petits pions satellites par-ci, par-là et voilà la Côte d’Ivoire qui se joue les trublions.
Pour le coup, les nombreux observateurs délégués sur place n’ont rien vu venir. Quelle confusion ! Ce ne sont pas les élections qui ont posé problème, mais la proclamation des résultats. Il aura juste fallu quelques heures de mûre réflexion au « Roi » Gbagbo pour récuser le verdict. On joue à qui perd gagne. En vérité, le calque démocratique n‘a jamais totalement pris dans nombre de pays africains. Le scénario ivoirien ressemble à une parodie des grandes démocraties. L’Afrique est une sorte d’avatar institutionnel. On retrouve les institutions françaises exportées au soleil, mais ça ne marche pas. L’état d’esprit et la rigueur institutionnelle sont restés à quai. Le Conseil Constitutionnel ivoirien ne fait figure que d’un simulacre et le plus pathétique est que plus personne ne le prend au sérieux.
On se souvient de la Basilique Saint-Pierre de Rome reconstruite à Yamoussoukro… Lors de l’inauguration en 1990, Jean-Paul II avait posé comme condition, la construction d’un hôpital à proximité. Les travaux n’ont commencé qu’en août 2009. La réplique tape-à-l’œil comptait beaucoup plus que les préoccupations plus terre-à-terre des Ivoiriens. On peine à croire que le film qui se joue sous nos yeux baigne dans la réalité. Cette histoire de pouvoir volé n’étonne en fait personne. « C’est l’Afrique », entend-on, un rictus contrit aux coins des lèvres. Autrement dit, rien de surprenant. Pour le commun des mortels, le feuilleton ivoirien n’est qu’un épisode parmi d’autres. Mugabe, Kabila, Gbagbo, aux yeux d’un Européen moyen qui regarde défiler l’information sur son écran plat, la distinction est vaine, « c’est l’Afrique », assimilée à un pays plutôt qu’à un continent…
De temps en temps le continent s’agite. Il y a peu c’était la Guinée. Et les caméras saisissent toujours les mêmes images, des foules en délire, qui crient, qui saccagent. « C’est l’Afrique »… telle que les médias occidentaux veulent bien nous la montrer. Et comme par un simple mouvement de balancier, le problème revient par vague à la figure des anciennes nations coloniales. Aux frontières, des individus. Bizarre, ils viennent d’Afrique. Bizarre aussi, ils réclament l’asile politique. Ils en ont assez de la pièce de théâtre qui se joue chez eux. Mais le dramaturge ne serait-il pas au Nord ? Les figurants partent quel que soit le prix à payer. Beaucoup de pays africains ne sont que la copie non conforme des anciennes maisons mères. Mais l’Afrique n’a-t-elle pas besoin de créer son propre modèle ? Jusqu’ici le plagiat institutionnel, synonyme de confusion totale, semble avoir surtout fait les choux gras des nations industrialisées et de quelques multinationales qui, sans une once d’inquiétude, ont pignon sur rue dans les grandes capitales africaines.
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