Côte d’Ivoire – L’homme n’est pas inconnu au bataillon. Mais sa médiation, cette fois-ci, est juste une mission impossible et Mbeki a dû le pressentir déjà samedi soir quand son avion n’a pas pu se poser sur le tarmac de l’aéroport d’Abidjan fermé à tout le monde. Heureusement dimanche, le camp Gbagbo qui détient encore la réalité du pouvoir, se ravise. Commence alors pour l’ancien président sud-africain, une journée au pas de charge.
D’abord avec Choi, le représentant de l’Onuci. Le Coréen, de tout son calme, convainc l’ancien médiateur de la crise ivoirienne sur la victoire « à tous égards » de Alassane Ouattara.
Les indiscrétions de chancellerie indiquent que Choi serait allé jusqu’à dire que Ado mènerait, même si c’est d’une courte tête, si toutes les requêtes étaient prises en compte. Donc quand en début d’après-midi, Mbeki rencontrait Gbagbo, il n’avait pas de plan B. Son objectif était de convaincre son ancien ami que la certification des résultats par l’Onuci était le seul sceau de la légitimité et de la légalité et que cela était accepté par toutes les parties. Par conséquent, Mbeki, selon des sources diplomatiques, essaya de convaincre Gbagbo d’abandonner la partie. « Tu ne peux pas gagner » dit-il à son interlocuteur qui, lui, insistait surtout, sur le complot dont la Côte d’Ivoire est la victime et sur la légalité du seul Conseil constitutionnel. Presqu’un dialogue de sourd, en fait.
Un moment Mbeki lui fit part de cette proposition « Tu viens vivre à Sun-City avec tous les honneurs dus à un ancien chef d’Etat ». « No way » trancha Gbagbo qui ne lâchera plus cette position. De sources crédibles, on sait, en effet qu’un pays comme l’Arabie Saoudite s’était, dans une telle perspective, engagée à soutenir financièrement l’exil de Gbagbo.
La rencontre avec Alassane Ouattara, plus tard dans l’après-midi, n’était donc que pure formalité. A part l’assurance donnée par le nouveau président de jouer à l’apaisement. Dimanche soir et lundi matin, le Sud-africain dont le départ d’Abidjan est retardé, rencontre les chancelleries occidentales et de nouveau l’Onuci. Il leur rend compte de sa mission et affiche quelque pessimisme. Les choses évoluent pourtant très vite au sein de la Communauté internationale et des pays membres de la Cedeao. Une réunion extraordinaire de cette institution dirigée par Blaise Compaoré est décidée. Et la Côte d’Ivoire, pays membre, n’y est pas invitée. Mbeki est chargé, une dernière fois, d’aller convaincre Gbagbo. Si cette dernière réunion a porté les fruits attendus, on ne tardera pas à le savoir dans les heures à venir.
Adam Thiam
Le Républicain du 07 décembre 2010
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