Dr Serge-Nicolas NZI
C’est en voulant insulter et humilier l’intelligence que les ivoiriens ont collectivement souscrit un abonnement de plus de dix ans avec l’imposture, la violence, la barbarie et l’absurde. 10 000 soldats des nations unies, un financement électoral de près de 500 millions d’Euro, un représentant spécial de l’ONU.
Un code de bonne conduite, des observateurs internationaux, une campagne électorale avec débat télévisé à l’appui pour arriver à un fiasco électoral digne d’une vraie débâcle avec des morts et deux présidents pour un fauteuil. Certains disent que c’est maintenant que la Côte d’Ivoire commence sa véritable descente aux enfers.
Il faut simplement dire ici que dans la vie des êtres humains et des peuples, rien n’arrive par le fait du hasard, même une éruption volcanique est prévisible aujourd’hui en observant simplement le comportement de la nature. Nous avons le sentiment que les causes du fiasco collectif de la nation ivoirienne étaient depuis longtemps devant la Côte d’Ivoire et ses dirigeants politiques, mais bizarrement ils ont tous fait semblant de ne pas les voir.
Le pays paye aujourd’hui au prix fort l’aveuglement de ces élites politiques, des nations unies, de la France, de tous les partenaires du processus électoral et des ivoiriens en premier. En premier lieu, il y a eu la faillite des hommes et des institutions de l’Etat ivoirien.
Et en second lieu l’irresponsabilité des hyènes et de tous les charognards qui faisaient semblant d’aider les ivoiriens à s’en sortir, mais en réalité ils cherchaient à protéger leurs petits intérêts sordides et mesquins. Leur mauvaise foi évidente pèse lourdement aujourd’hui dans le décompte finale.
– Les disfonctionnements du processus électoral
Examinons les disfonctionnements constatés du processus électoral :
A) le désarmement de la rébellion
Nous le savons aujourd’hui que les rebelles qui ont ensanglanté le pays ont gardé une bonne partie de leurs armements et les ont utilisé pour intimider et brutaliser ceux qui n’étaient pas favorable au camp Ouattara. Il y a eu de nombreuses pertes en vies humaines et cela est dommageable pour le pays. Le désarmement était un préalable dans le processus organisationnel d’un scrutin juste et transparent. Pourquoi a-t-on choisi de le faire que partiellement?
B) De la brutalité à la barbarie
l’organisation pratique du second tour du scrutin dans la zone rebelle, avait pris des allures de guerre, destructions parfois du matériel électoral, des électeurs ont été empêchés physiquement de se rendre dans les bureaux de vote.
Certains ont été battus et on eu leur domicile saccagé, ne parlons même pas des scènes de pillage qui se sont déroulés dans une indifférence totale devant les forces des nations unies.
Ainsi les scrutateurs du camp adverse ont été menacés de mort, molestés, chassés des bureaux de vote, agressés physiquement, séquestrés et parfois lynchés pour rien.
C) La fameuse commission électorale indépendante.
Notre opinion dès le début jusqu’à ce jour, n’a pas changé sur les malheurs que cette commission provoquera sur la vie du pays. Sa composition est la source même du fiasco. Il fallait vraiment être aveugle pour ne pas voir le danger qui se pointait à l’horizon.
Ceux qui pensent encore aujourd’hui que mettre les serpents, les scorpions, les lézards, les fourmis géantes et les crapauds ensemble dans le but de forger une harmonie capable de conduire un pays à la paix se trompent. Car chaque créatures dans le cas qui nous concerne a gardé sa capacité de nuisance pour contribuer à sa façon au retentissement du fiasco électoral qui risque d’emporter la nation.
La CEI, est à l’image même de l’échec des élites politiques ivoiriennes dans la reconstruction du vivre ensemble en Côte d’Ivoire. À aucun moment elle n’a été capable de régler ses dissensions internes pour travailler au profit de la transparence électorale. Elle a briller par son incapacité à proclamer les résultats trois jours durant conduisant le pays au bord de la crise de nerf.
Cette CEI budgétivore, porte une grande responsabilité sur les violences qui surgissent ici et là dans le pays à cause de son manque de cohérence et son incapacité à prendre ses responsabilité dans le temps. En définitive, ses membres étaient grassement payés pour organiser un fiasco lamentable et préjudiciable à l’ensemble du pays.
D) La Rébellion et les élections
Dans cette ambiance délétère dans laquelle les alliance se font et se défont sur le dos d’un peuple meurtri et épuisé par une décennie de crises interminables, voilà que Soro Guillaume, le chef de la rébellion qui était hier encore le premier ministre par Gbagbo remet sa démission à Allassane Ouattara. Confirmant ainsi les craintes plusieurs fois exprimées par les ivoiriens sur la collusion entre les deux hommes.
Les forces nouvelles roulaient-ils depuis le début pour Ouattara ? et si oui les élections n’ étaient-elles pas une farce ?
E) Responsabilité de la France
Dans cette crise interminable, la France n’a jamais cherché à aider les ivoiriens à s’en sortir. Elle a toujours voulu résoudre la crise ivoirienne en fonction de ses minables petits intérêts économiques. Mais elle oublie toujours que lorsqu’on prend l’habitude de vouloir souvent tirer les marrons du feu, le feu peu venir à bout des marrons et du profiteur.
Nous sommes tous persuadés qu’il n’y aurais jamais eu de crise à grande échelle en Côte d’Ivoire sans le soutien et la bénédiction de la France. Dès le départ si ce pays avait appliqué les accords de défense, la rébellion ne serait qu’un coup d’état avorté et la France serait en meilleure position pour pousser Laurent Gbagbo à des concessions sans passer par une guerre et la perte de nombreuses vies humaines.
En voulant être juge et partie, la France officielle porte en elle une immense responsabilité dans la tragédie ivoirienne. La Grande Bretagne avec 1500 soldats avait réussi à mettre fin à la crise en Sierra Leone. C’est ce que la France a été incapable de faire avec 10 000 soldats en Côte d’Ivoire. Elle n’a même pas été capable de désarmer la rébellion pour que les élections se déroulent normalement.
Celui qui écrit ces lignes ne milite dans aucun parti du marigot politique ivoirien. Il n’a pas appelé à voter pour aucun des candidats en présence.
Nous disons ici avec notre indépendance d’esprit que les élections avec deux présidents pour une république doivent nous donner à réfléchir sur la nouvelle phase de la crise ivoirienne avec en toile de fond la guerre civile, des bains de sang et la destruction complète des infrastructures du pays.
Dans cette nouvelle phase, il y a une donne qui ne doit pas échapper au camp Ouattara. Laurent Gbagbo est dans une position dans laquelle, il n’a plus rien à perdre. Exactement comme le Dr Salvador Allende Gossens, dans le Palais de la Moneda à Santiago du Chili, le 11 septembre 1973, le jour du putsch sanglant du Général Augusto Pinochet.
Laurent Gbagbo, est persuadé qu’il y a un complot international contre lui et son pays. Il est dans une situation Psychique et psychologique ou il rêve du martyr comme un musulman chiite à la veille de l’achoura. Il voit déjà sa tombe comme lieu de pèlerinage ou ses partisans iront se flageller en criant à l’unissons << abat le Satan Français >> et bien sur
<< Abat Ouattara, celui qui porta le malheur chez nous >>
Ceux qui pensent que nous exagérons doivent se rappeler simplement le mythe de Lumumba, de Nasser, ou du Dr Mohamed Mossadegh dans l’Iran des année 1950. Ce genre de conflit se termine toujours dans le sang. Où sont aujourd’hui tous ceux qui parlaient de transparence des élections ?
Le recours au meurtre sanglant est-il une solution viable dans la quête d’une paix juste et durable en Côte d’ivoire. ? Ne pas se poser ces questions maintenant, c’est refuser de voir la vérité en face et surtout refuser de voir loin en commençant par voir ce qui est sur son propre nez.
La Communauté Internationale
La Communauté internationale, est véritablement une notion imprécise, un four tout qu’on soulève comme paravent dès que certaines puissances veulent donner des leçons, faire prévaloir une couleur de légalité, la leur ou régler un compte personnel avec un petit pays. Pourquoi les nombreuses irrégularités constatées par les observateurs internationaux dans le nord du pays n’ont-elles pas soulevé la moindre protestation de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire que dirige, Choi Youg-Jin?
Certains ivoiriens ont l’impression que l’ONU tout en parlant d’élection transparente voulait régler le sort de Gbagbo. C’est la fameuse théorie du complot. La vitesse avec laquelle cette communauté internationale a validée la proclamation des résultats provisoires de la commission électorale ivoirienne et la reconnaissance mécanique des pays de la CEE et des USA en dit long sur le sérieux de cette communauté internationale qui n’a aucun fondement juridique mais qui refuse les décisions d’une institution d’un pays.
Si Gbagbo Laurent est vraiment Historien, nous lui conseillons de relire les archives de la mission de l’ONU au Congo Léopoldville en 1960, aujourd’hui RDC et il comprendra que la CIA et les puissances occidentales ( USA, France, Belgique, Angleterre) avaient infiltré les troupes de l’ONU de leurs agents.
L’ONU n’était pas au Congo en 1960 pour aider notre frère le premier ministre, Patrice Emery Lumumba, à rétablir la paix dans son pays.
Son domicile était sous protection de l’ONU. Qui favorisa son évasion pour qu’il tombe aux mains de ses ennemis. Mieux le commandant des casques bleus de l’époque le Colonel Karl Von Horn, se réjouissait sans gène dans son rapport de l’arrestation de Lumumba le 27 décembre 1960 au Kassaï. Alors que ce dernier dirigeait le gouvernement légal de son pays le Congo.
Pourquoi les troupes de l’ ONU, sont-elles restées les bras croisés et n’ont rien entrepris pour sauver la vie de Lumumba en empêchant sa livraison comme un colis aux sécessionnistes katangais de Moïse Tshombé? Nous nous posons ces questions parce que cela peu se reproduire demain à Abidjan.
Oui une telle hypothèse est parfaitement envisageable aujourd’hui en Côte d’Ivoire par l’arrestation et la livraison de Laurent Gbagbo aux rebelles du nord à Korogho. La seconde hypothèse étant un coup d’état militaire pour créer une transition de deux ans.
Afin de jeter les bases d’une nouvelle constitution pour accoucher de nouvelles institutions à travers une conférence nationale souveraine. D’organiser de nouvelles élections en Côte d’Ivoire pour que naisse une vraie culture démocratique dans ce pays. Comme nous pouvons le constater les cartes sont ouvertes et toutes les possibilités sont envisageables y compris le chaos.
Réhabilité la vie
La plus grande faillite de la Côte d’Ivoire vient du pouvoir et de la manière dont-il a été exercé en Côte d’Ivoire de 1960 à nos jours. Ce n’est donc pas une malédiction, c’est l’expression du pouvoir livré à lui-même, qui ne s’exerce, ne s’affirme et ne s’accroît qu’a condition de ne pas voir, d’ignorer de nier et de méconnaître ce qui doit être gouverné, le pays, les hommes et les choses et la vie.
Voilà les vrais origines du fiasco collectif d’un pays qui avait tout pour réussir et qui au prix d’un reniement de soit a choisi le chemin des chimères étatiques, du mensonge, de la violence, de la combine mafieuse, du tribalisme et de l’ethnisme pour finalement s’enfermer dans un marécage dans lequel il a perdu son âme.
C’est dans ce sens que la politique doit désormais réhabiliter la vie et le bien être de tous les ivoiriens. La politique n’est pas seulement la vie en commun comme dans une ruche d’abeilles, c’est aussi par les interactions quotidiennes pour parvenir à construire un vrai réseau de secours mutuels entre toutes les composantes de la nation.
Il est possible que dans cette phase décisive, la persuasion ne nous servira à rien seul le sang déterminera l’avenir commun des citoyens d’un pays désarticulé avec deux présidents. Les angolais en savent quelque chose. Ne parlons même pas du Zimbabwe.
Postulat de Conclusion
Le PDCI-RDA, allié du Dr Ouattara, sort complètement liquéfié de cette élection et est en position d’accepter une OPA en règle du RDR et cela en bonne et du forme pour avoir quelques strapontins ministériels et participer à la gouvernance du pays dans le cadre du RHDP dont Ouattara est le nouveau Leader.
Le FPI et sa refondation sont dans l’incertitude. Ils gesticulent, ils s’agitent, parlent beaucoup et disent que la légitimité se trouve de leurs cotés avec la proclamation de la cour constitutionnelle. Ils oublient que c’est la fusion de la légalité et de la légitimité qui garantie l’exercice du pouvoir politique dans le temps.
Henri Konan Bédié, était légalement le président de la Côte d’Ivoire jusqu’au 24 décembre 1999. Mais était-il pas légitime ?
Dans le même esprit le gouvernement provisoire de la république française que dirigeait le général De Gaulle après la Guerre du 3 juin 1944 au 20 janvier 1946, était légitime, car sous l’autorité de celui qui a dirigé la résistance face à l’occupation nazi, mais n’était pas un gouvernement légal car ne découlant pas d’une élection.
On est légitime quand l’écrasante majorité des citoyens se reconnaissent en vous à travers leur suffrage. Les tibétains du monde entier se rendent à Lhassa en Inde au pied de l’Himalaya, auprès du Dalaï-lama parce qu’ils le reconnaissent comme l’incarnation de Bouddha, c’est ce qui fait de lui le chef spirituel et inter temporel du bouddhisme tibétain.
Toutes les tentatives des autorités chinoises pour imposer un autre Dalaï-lama n’ont jamais fonctionnées, parce que la légalité et la légitimité se rejoignent ici pour donner autorité à une personne, qui est à la fois un chef religieux et un chef d’Etat. Nous ne voulons pas ici faire du juridisme pour du juridisme, mais dans le débat qui s’ouvre sur la légitimité des uns et des autres, il est bien normal d’aller vers ce genre de clarification.
Au demeurant, comment Gbagbo Laurent, qui se dit légitime va-t-il diriger un pays en rupture de banc avec la communauté internationale et les institutions financières ? Que deviendra la Côte d’Ivoire déjà affaiblie si des sanctions économiques s’abattaient sur le pays. Lequel des deux chefs d’Etat doit-il gouverner le pays ?
Allassane Ouattara, est reconnu par les instances internationales comme nouveau président de la Côte d’Ivoire. La bataille entre la légalité et la légitimité reste ouverte. Les Khmers rouges du Kampuchéa avaient siégés à l’ONU comme Gouvernement légal du Cambodge et pourtant ils n’étaient pas légitimes.
Nous supposons ici que gouverner un immense champs de ruines n’est certainement pas le but de vie du Dr Allassane Dramane Ouattara. Dans ces conditions la réflexion sur l’intérêt national et la nécessité de reconstruire une Côte d’Ivoire dans la paix doit guider tous les protagonistes de la situation.
Comment des élections aussi coûteuses humainement et financièrement ont-elles pu nous conduire au bord du gouffre dans une anarchie aussi totale ? La décision du conseil constitutionnel d’annuler sans ménagement le scrutin dans 9 régions du nord, pour faire de Gbagbo le président élu n’est-elle pas excessive ? Comment sommes nous arrivés à cette situation ridicule de deux présidents pour un pays ? Toutes ces questions ont leur sens et leur valeur dans la crise actuelle que traverse notre pays.
Dans le cas de la Côte d’Ivoire, tous les ivoiriens voulaient des élections justes dans un scrutin transparent. Pour que le vainqueur soit véritablement le président de tous les ivoiriens. Nous avons tous pensé que c’est celui qui pourra réunir autour de lui et par son programme le plus grand nombre d’ivoiriens qui sera le dirigeant de la Côte d’Ivoire.
Il aura pour mission de sortir le pays de cette atmosphère de fin du monde en aidant la Côte d’ivoire à se relever, à enterrer ses morts, à panser ses plaies et à réapprendre à marcher en évitant cette fois les pièges d’hier. Le retour en arrière pour un autre commencement, est une idée et un horizon qui s’inscrit dans la nature des hommes et des affaires humaines.
Nous faisons remarquer au prochain président ivoirien, qu’il y a en politique des jeux qui sont des obstacles à la paix, au progrès et au développement. Ils appartiennent au vaste domaine des aberrations. L’ivoirité dans ce sens fut un concept maudit et aberrant sortie tout droit du cerveau malade d’un politicien qui n’avait pas compris qu’un pays ne peu pas renier une partie de sa propre population, sans s’affaiblir et se renier lui-même.
La plus grande tâche du nouveau président ivoirien sera d’être vigilant pour que l’Etat qui est aussi l’espérance collective du bien être des ivoiriens, puisse organiser la pratique du pouvoir au quotidien, pour surveiller et circonscrire toutes les manifestations dissonantes ou dysfonctionnements par rapport à la rationalité moderne que le bon sens et le progrès humain exigent de nous tous. C’est dans cet esprit que nous adressons au très haut cette humble prière :
<< Dieu de nos cœurs, Dieu de nos pères, Dieu des innocents, Nous te confions ce peuple ivoirien que tu as réveillé ; c’est vers toi qu’il marche, en marchant vers son destin. Dans ce nouvel exode arrête, nous te prions, tout bras vengeur, éloigne tout imposteur, retiens tout criminel et donne aux ivoirien ta paix et ta grâce en partage. >>
L’avantage de la démocratie est qu’elle nous donne l’opportunité de nous interroger sur l’avenir commun en étant certain de ne pas détenir toutes les réponses. C’est le sens des réflexions qui surgissent en nous au moment où la Côte d’Ivoire s’enfonce un peu plus dans l’incertitude d’un imbroglio électoral capable d’emporter le pays et ce qui lui reste comme raison et bon sens.
Merci de votre aimable attention.
Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Lugano ( SUISSE )
Tel. 004179.246.53.53
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