Alors qu’Henri Emmanuelli a dénoncé la «campagne de dénigrement» à l’encontre de Laurent Gbagbo, Martine Aubry estime que le président sortant «se doit de respecter le choix de son peuple »
Les socialistes connaissent Laurent Gbagbo depuis longtemps. Depuis les années 1980 en fait, lorsque, incarcéré sous Houphouët-Boigny, François Mitterrand lui rend visite en prison avant d’obtenir sa libération. Gbagbo sera ensuite expulsé vers la France où il rejoindra le PS et tissera des liens d’amitié avec de nombreux cadres du parti, Jack Lang et Henri Emmanuelli en tête, mais aussi Jean-Luc Mélenchon. À l’époque, au PS, la traditionnelle rivalité entre l’aile gauche et l’aile droite du parti se cristallise aussi autour du cas Gbagbo.
Les socialistes se souviennent encore d’une réunion «épique» du bureau national à son sujet. Éric Besson s’était alors violemment opposé à Laurent Gbagbo et à son concept d’«ivoirité », avant de le traiter de «dictateur ». «Le ton est monté et il en est presque venu aux mains avec Mélenchon », se souvient un participant. Cette amitié de certains socialistes avec le président ivoirien perdure aujourd’hui, même si en 2004, François Hollande, alors premier secrétaire du PS, le déclare «infréquentable ».
«Garantir la paix civile»
Avant les élections de décembre, Jack Lang lui a rendu visite et lui a apporté son soutien. Hier, il l’a exhorté à quitter la présidence : «Tu te grandirais en reconnaissant les résultats», a-t-il lancé. Vendredi dernier, Henri Emmanuelli avait dénoncé dans un communiqué «les donneurs de leçons » en France, qui mènent selon lui «une campagne de suspicion et de dénigrement à sens unique dirigée contre les autorités ivoiriennes ». Un soutien clair et sans faille à Laurent Gbagbo, mais qui va à l’encontre de la ligne officielle du PS, qui prend désormais ses distances.
Laurent Gbagbo «se doit de respecter le choix de son peuple », et de «tout faire pour garantir la paix civile », a tranché hier Martine Aubry. Avant le scrutin, le secrétaire national du PS aux relations internationales, Jean-Christophe Cambadélis, s’était rendu en Côte d’Ivoire pour redire la ligne officielle du parti adoptée en 2008 : «Pas d’évolution dans le statut des relations du PS avec Gbagbo sans élections. » «Je déplore aujourd’hui que l’on ne se soit pas donné les moyens pour contrôler l’élection et la rendre inattaquable », assure Cambadélis. À défaut de réussir à ramener Gbagbo à respecter les résultats du scrutin, il vient de lui écrire pour lui demander la levée des restrictions imposée à la presse.
François-Xavier Bourmaud
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