FONDATION IVOIRIENNE POUR L’OBSERVATION ET LA SURVEILLANCE DES DROITS DE L’HOMME ET DE LA VIE POLITIQUE
ANIMEE PAR :
Dr BOGA Sako Gervais
Enseignant-Chercheur à l’Université de Bouaké ;
Ex-Président de l’APDH (Actions pour la Protection des Droits de l’Homme) ;
Membre de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) ;
PRESIDENT-FONDATEUR de la FIDHOP
(Fondation Ivoirienne pour les Droits de l’Homme et la vie Politique)
(225) 09 322 223 // 23 484 084
www.fidhop.org // keranbog@yahoo.fr;
02 DECEMBRE 2010 / SIEGE DE LA FIDHOP
DECLARATION DE LA FIDHOP RELATIVE A
LA SITUATION QUI PREVAUT APRES LE 2ND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE EN COTE D’IVOIRE.
LA FONDATION IVOIRIENNE POUR L’OBSERVATION ET LA SURVEILLANCE DES DROITS DE L’HOMME ET DE LA VIE POLITIQUE, en abrégé : FIDHOP, se sent vivement préoccupée par la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire. La FIDHOP est particulièrement interpelée devant les nombreuses violations des Droits de l’Homme et de la Démocratie qui ont cours dans le pays en ce moment. Tel est le sens et l’objet de la présente déclaration.
I- BREF RAPPEL DU CONTEXTE
1. Le dimanche 31 octobre 2010, le peuple de Côte d’Ivoire a réalisé un exploit, en se rendant massivement aux urnes, avec un taux de participation de plus de 83%, au premier tour de l’élection présidentielle marquant la sortie de crise dans le pays. Tous les observateurs nationaux et internationaux ont qualifié ce scrutin d’historique et d’exceptionnel, tellement le peuple ivoirien a surpris le monde entier par son civisme et son esprit démocratique.
2. Juste après le premier tour du scrutin, le climat sociopolitique s’est sérieusement détérioré. La précampagne et la campagne ont été fort marquées par de nombreux actes de violences verbales et physiques, parmi lesquels l’on a pu noter ce qui suit :
– Les populations allogènes Baoulés vivant dans les zones forestières du sud et du sud-ouest du pays ont été au cœur d’une vive polémique qui à été déclenchée dès la proclamation des résultats du premier tour du scrutin, livrant ainsi certains membres de cette communauté à des harcèlements et à des actes de violences ;
– Une propagande a été menée autour de la guerre, avec la diffusion dans plusieurs villes du pays de films présentant des atrocités qui auraient été commises par des membres de la rébellion ivoirienne ;
– Le jeudi 25 novembre 2010, un échange avec le Procureur de la République de Gagnoa a permis au Président de la FIDHOP d’enregistrer le meurtre de deux sympathisants de LMP, l’un à Bayota et l’autre à Tola (S/P de Oumé) ;
– Avant de se livrer au face à face radio-télévisé du jeudi 25 novembre 2010, qui a été emprunt de courtoisie et de civilités inattendues, les deux candidats se sont accusés mutuellement d’être, soit à l’origine, soit responsables, soit bénéficiaires du coup d’Etat de décembre1999 et des évènements de septembre 2002 ;
– Dès l’annonce par le Président de la République de la décision d’instaurer le couvre-feu, au cours du face à face qui l’opposait au Premier Ministre Allassane Ouattara, le jeudi 25 novembre 2010 à 21h 10mn ; la tension est montée d’un cran dans le pays. La farouche opposition du camp RHDP à cette décision a occasionné, dès le lendemain, 03 morts et plusieurs blessés à Abobo, parmi les manifestants face aux Forces de l’ordre. Et le nombre de morts n’a pas cesser de croître jusqu’à aujourd’hui. On précise que le couvre-feu n’est pas respecté en zone centre, nord et ouest (CNO).
3. Le second tour du scrutin qui a eu lieu le 28 novembre 2010 a été émaillé par plusieurs incidents graves et des irrégularités qui ont été relevés par les deux parties, notamment : dans la région de la Marahoué, à kononfla, où on a déploré 02 morts ; des bastonnades, des destructions de biens, des vols ou tentatives de vol d’urnes dans des villes telles que Bouaflé, Korhogo, San-Pedro, Daoukro, Bouaké, Tortiya, Sinématiali et même Abidjan. (La liste n’est pas exhaustive.)
4. Toutefois, les électrices et les électeurs ivoiriens ont pu accomplir dans l’ensemble leur devoir civique de vote dans le calme.
5. Le vote de la diaspora ivoirienne, dont les résultats provisoires ont été proclamés, a été annulé par la Commission électorale indépendante (CEI) en France, comme elle l’avait fait lors du premier tour, à cause d’incidents relativement graves à Paris.
6. A cause des divergences profondes qui la caractérisent, la CEI n’a pu proclamer dans les délais prévus par le Code électoral les résultats provisoires de l’intérieur du pays.
Suite à ce rappel succinct des faits, la FIDHOP fait l’analyse suivante.
II- ANALYSE DES FAITS
7. La FIDHOP dénonce et condamne avec force, toutes les violations extrêmement graves des Droits de l’Homme constatées dans les deux camps et à divers endroit du pays ; ces violations se qualifient comme suit : harcèlement ; menaces verbales et physiques ; intimidations ; empêchement de vote ; séquestrations ; actes dégradants, humiliants et inhumains (surtout dans les zones CNO) et exécutions sommaires et extrajudiciaires.
8. La FIDHOP note que ces violations ont été commises, tant par des militants ou sympathisants politiques (RHDP et LMP), que par des agents des FDS ou des FAFN ; et les victimes sont toutes aussi des deux bords ; avec un total officiel à ce jour d’au moins 10 morts et de nombreux blessés.
9. La FIDHOP déplore que ce second tour du scrutin présidentiel ait été fortement marqué par des violations graves des Droits de l’Homme et de la Démocratie.
10. TOUTEFOIS, la FIDHOP soutient que malgré la gravité et l’ampleur relative des incidents qui ont été circonscrits, ceux-ci ne sauraient mettre en cause l’ensemble du scrutin du 28 novembre 2010.
11. La FIDHOP espère que toutes les réclamations et contestations des deux parties seront sérieusement et objectivement analysées par les Institutions compétentes.
12. S’agissant de la CEI, la FIDHOP ne s’étonne guère de la longue attente que cette institution a de nouveau imposée aux populations ivoiriennes, attente qui s’est soldée par l’incapacité de l’institution à proclamer les résultats du second tour. En effet, les divergences profondes et entraves violentes que l’on a pu constater au sein de la CEI à l’occasion de la publication de ces résultats, achèvent de convaincre le monde entier quant à la dangereuse politisation de la CEI que nous ne cesserons jamais de dénoncer. (Voir P.170 de notre livre : Les Droits de l’Homme à l’épreuve : cas de la crise ivoirienne du 19 septembre 2002).
Devant la situation de blocage de fait que vit la Côte d’Ivoire, la FIDHOP fait les recommandations ci-après.
III- RECOMMANDATIONS ET APPEL
13. La FIDHOP s’incline devant la mémoire de toutes les victimes tombées à l’occasion de cette élection présidentielle et elle compatit à la douleur de tous les blessés, à qui elle souhaite un prompt rétablissement. La FIDHOP exigera du Gouvernement de Côte d’Ivoire, au moment opportun, l’ouverture d’une enquête indépendante pour situer les responsabilités dans tous ces faits graves qui ont été relevés.
14. La FIDHOP appelle les Ivoiriennes et les Ivoiriens au calme et à la retenue. Elle invite incessamment les deux candidats à contribuer à apaiser les populations : car il nous faut absolument sauver la Côte d’Ivoire. La FIDHOP rappelle au Président Laurent Gbagbo et au Premier Ministre Allassane Ouattara, ainsi qu’à leurs militants et sympathisants, les engagements qu’ils ont librement pris devant les communautés nationale et internationale, de respecter le verdict des urnes tel que proclamé par la CEI et par le Conseil Constitutionnel.
15. La FIDHOP invite par conséquent les deux parties à demeurer dans la voie prévue par la loi, en évitant toutes actions violentes et anti-démocratiques.
16. La FIDHOP exige la dissolution pure et simple de la CEI actuelle et sa recomposition par des personnalités de la Société civile équidistantes des partis politiques.
17. Devant le blocage créé par la défection de la CEI, la FIDHOP demande au Conseil constitutionnel de se saisir immédiatement du dossier et d’analyser minutieusement tous les cas présumés de fraude, de bourrage d’urnes, d’intimidation, de menaces, d’empêchement de vote ou de séquestrations qui ont été relevés par les deux parties.
18. En tout état de cause, la FIDHOP prévient : si les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel ne sont pas transparents, ni objectifs, ni conformes à la volonté du peuple de Côte d’Ivoire dans sa majorité, ces résultats ne seront jamais acceptés.
19. La FIDHOP demande à la Société civile de se mobiliser, afin d’assurer un contrôle républicain de la situation. La FIDHOP invite à cet effet toutes les organisations non gouvernementales équidistantes des partis politiques à une réunion de concertation, à l’adresse suivante : 23 48 40 84 / 09 32 22 23.
20. Enfin, la FIDHOP invite la Communauté internationale à faire preuve d’objectivité et d’équité, et d’apporter son soutien inconditionnel à la Société civile, pour sauver la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens.
21. QUE DIEU BENISSE CE BEAU PAYS APPELE CÔTE D’IVOIRE AINSI QUE TOUS CEUX QUI Y VIVENT.
Fait à Abidjan, le 02 décembre 2010
Dr BOGA Sako Gervais (Photo)
Enseignant-Chercheur à l’Université
Expert en Droits de l’Homme
Président-Fondateur de la FIDHOP
keranbog@yahoo.fr
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