AVIS DE VACANCE DE POSTE par Adjo Saabie, écrivain
« Société ivoirienne recherche ancien opposant, capable de soulever les foules, pour enrichir son équipe et le débat, peut-être en « conference call ». Il n’est pas nécessaire de venir avec ses armes, ni ses gardes de corps. Horaires fluides. Salaire équivalent au nombre d’années d’expérience, retraite dorée, nombreux avantages dont amnistie pour délits divers. Pas d’enquête de moralité,
mais personnes peu sérieuses s’abstenir. » Gbabgo serait il un bon candidat pour ce poste? Opposant pendant une trentaine d’années, lui et son parti, ou plutôt, son équipe, feraient merveille au Parlement, enrichissant les débats et offrant une chance à la Côte d’Ivoire de devenir une véritable démocratie.
Amnistie pour délits? Quels seraient-ils? Les charniers toujours niés?
Les déchets toxiques, ou encore les escadrons de la mort? C’est un euphémisme. Passons sur le fiasco de la réforme du cacao
et ses morts au passage. Un détail. Les Ivoiriens finissent par tout pardonner un jour.On s’y attendait depuis longtemps, mais on reste ébahi devant, une fois de plus, l’audace d’un Gbagbo arrivé au pouvoir par des tours de passe-passe et s’y étant maintenu, forçant l’admiration, tant le chemin était tortueux. Une fois de plus, lui et son équipe veulent nous refaire le « coup » de
la panne, ayant eu pour résultat le report six fois des élections au cours de ces dix dernières années. On savait que le regime, ses refondateurs et soit-disant gardiens se battraient jusqu’au bout, bec et ongles, à coups d’arguties juridiques, mais une fois de plus, on n’en revient pas! Jouant de la montre, il veut une fois de plus se refugier derrière une pseudo légalité, avec deux poids et deux mesures: Acceptant l’entité ayant prononcé les résultats du premier tour, mais la rejettant pour les résultats du second tour, et s’abritant, de nouveau, derrière le fameux et tristement célèbre conseil constitutionnel dont on ne sait sur quoi il repose, sinon qu’il est dirigé par un proche du président.
Quelle est aujourd’hui l’image du pays, à cause de ce régime?
Qu’un membre de la CEI de La Mouvance Présidentielle (LMP) empêche physiquement la proclamation des résultats, au vu et au
su de la presse internationale, suffirait à disqualifier le candidat de LMP sous d’autres cieux! Mais il faut croire que non, la communauté internationale, interloquée, cherche encore l’erreur. Le hideux visage d’une équipe extrémiste accrochée comme une moule au rocher du pouvoir, d’un regime fermé sur le monde extérieur, soit disant « africaniste », est ainsi révélé en plein jour aujourd’hui. Toujours prendre les autres de vitesses, dribler, naviguer à vue, gérer le court terme.
Comment peut-on construire ainsi?
Aujourd’hui, nous disons « ça suffit! ». Cela ne nous amuse plus, les Ivoiriens en ont marre de tourner en rond, d’entendre ces profs ratés nous conter fleurette à défaut de belles lettres (qui ne nous rassasieraient pas de toutes façons), ce ramassis d’ex-philosophes et soit-disant intellectuels propulsés à des postes techniques dont ils ne maitrisent pas les contours ni par ailleurs ceux de leur panse aux dimensions étonnament élastiques, ces pseudo-héritiers de Lénine quand ce n’est pas Trotsky dont ils n’ont dans le meilleur des cas gardé que la barbichette, nostalgiques de l’époque où ils refaisaient le monde sur les bords de la Seine au bras d’une blanche qui les hébergeait dans une France qu’ils aiment aujourd’hui détester. Mais en surface seulement.
Beaucoup d’Ivoiriens ont eu, à un moment de leur vie, un « Tonton » (pas forcément de leur famille) qui revenait de France en col roulé, en pleine saison caniculaire et dont on disait à voix basse « c’est un revolutionnaire!». Il transpirait à grosses gouttes et avait souvent mauvaise haleine, tenait des réunions secrètes et était souvent fauché. Aujourd’hui, ce tonton s’habille en chemise « café-coton », a troqué sa femme blanche pour une soeur bien de chez nous et est proche du pouvoir. Ses affaires fleurissent, ses 4X4 vrombissent dans les ruelles défoncées d’Abidjan, il ne craint pas l’eau, comme le canard, en saison des pluies. C’est un refondateur. Il a réussi à faire oublier les excès des régimes précédents. Et les Ivoriens, patients, attendent la refondation promise qui n’est jamais venue, parce que, selon le FPI, parce qu’on ne lui a pas donné sa chance.
Alors, ne serait-il pas temps d’essayer quelqu’un d’autre et voir si lui, peut, redonner ses couleurs au navire ivoirien?
Gbagbo, du courage, il y a une vie après la présidence, et un véritable patriote ne doit pas craindre le changement. Celui qui vient aux affaires a du pain sur la planche, et, sachant qu’il a en face un opposant de taille, sera plus susceptible de bien travailler. C’est cela, la bonne gouvernance. Enfin, n’oubliez pas qu’il existe un endroit au monde qui s’appelle la Cour Pénale Internationale. Perdre des élections n’est rien à côté de ses procès et, avant eux, la solitude de son antichambre. Alors, bon vent! Ah, j’oubliais: Si possible, emportez vos vilains éléphants qui assombrissent l’horizon aux ronds points d’Abidjan.
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