La cohérence est un mérite, dit-on ! Le président Laurent Gbagbo qui, en dix années de pouvoir, ne dispose d’aucun bilan positif, peut au moins se féliciter d’avoir un mérite : la fidelité à l’infidelité. Ce n’est pas seulement du côté du lit ou Simone s’est habituée à faire avec. Laurent Gbagbo est foncièrement imprévisible et c’est cela son propre. Parler de lui fait penser à la Serendipy : Au temps où l’actuel territoire de Seychelles était Serendipy sous domination anglaise, avant d’être Ceyland, il existait dans une de ses nombreuses îles une région bien spéciale. Si vous souhaitez le bonheur à quelqu’un, il lui arrive le malheur. Si vous lui souhaitez le malheur, c’est le contraire qui lui arrive. Si fort de votre supposé expérience, vous formulez un souhait, le résultat est tout aussi surprenant. Tous ceux qui ont approché Mr Laurent Gbagbo pensent certainement à cette petite légende.
Laurent Gbagbo, vu hors de la Côte d’Ivoire, est un président vulgaire, inconstant et un historien qui s’est trompé d’époque. Il aurait voulu être étudiant des années quarante et leader de la fameuse fédération des étudiants d’Afrique noire en France-FEANF. Ç’aurait été une belle oportunité pour celui qui a choisi la politique comme métier. Car, aujourd’hui, ce métier étant exercé par des technocrates et hauts administrateurs nationaux et des Institutions internationales. Son expertise se trouve dépassé et archaïque. L’heure de la politique étant au développement. La crise que traverse le pays depuis 2002 a révélé l’une des qualités qui dormaient en lui. Il renie sa signature, comme ces inconstients qui renient leur progeniture après avoir jété leur semence à ces jeunes filles naïves qui finissent par être mère d’enfant sans papa. La comparaison n’est pas exagérée car le lien, qu’il soit écrit, donc, la signature, ou verbal, engage son auteur. Ne dit-on pas que les hommes sont liés entre eux par l’engagement verbal comme le bœuf est lié à la charrue ? Et pendant que Laurent Gbagbo dit que c’est sa signature qui vaut en Côte d’Ivoire, il la renie au rythme des vagues de la mer qui s’émulent à chaque instant avec le rivage à Port-Bouet. Le président Dénis Sassou Nguesso qui avait négocié l’application des conventions de Marcoussis et de Lomé et Accra, avait eu la désagréable supprise de savoir que son séjour de 48 heures à Abidjan n’a jamais fait l’objet d’application. L’ex président Obassandjo du Nigéria qui comparait Laurent Gbagbo au singe qui saute d’arbre en arbre a dû l’obliger, lors d’une réunion sur la crise ivoirienne, à signer un décret à Abuja après que le président ivoirien ait promis de le faire à son retour à Abidjan. Avant lui, le président sénégalais avait retiré sa confiance à l’homme fort
d’Abidjan. Et que dire de Faure Gnassingbé Eyadema ?
A Paris déjà, à la clôture des négociations entre Ivoiriens en terre française, il a dit oui à tout à Kléber devant le président Chirac, Bongo , Wade et autres avant de monter à son hotel pour téléphoner à Abidjan et démander à ses partisans de dire non aux accords de Marcoussis par la rue. Depuis, il brandit comme un trophée l’image joliment encadrée du grand rassemblement réalisé à la place de la république à Abidjan-Plateau.
Quand certains barons du parti socialiste français, le parti parrain de Mr Gbagbo déclarent en public que ‘’cet homme n’est plus fréquentable ‘’, c’est la suite du reniement de l’idéologie socialiste qui caractérise Gbagbo. Il promet et dit une chose et son contraire.
Tous les représentants du Secrétaire général de l’ONU à la tête de l’ONUCI on eu chacun leur part d’expérience des oui-non de Mr Gbagbo. Rien de ce qu’il dit n’est sûr jusqu’à ce qu’il réalise la promesse tenue. Des nombreuses promesses faites aux populations pendant ses déplacements, rien n’a été tenu. Il a ainsi pavoisé la Côte d’Ivoire de routes, de ports, d’hôpitaux, d’universités qui n’ont d’existence que dans son esprit.
Qui croit encore aux promesses de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ? En dix ans de règne, il s’est confirmé disinvolte, inconstant, ou plutôt constant dans l’inconstance et fidèle à l’infidélité. La dernière, c’est sa réaction, ou du moins sa non réaction après la visite du président Blaise Compaoré du Burkina Faso, facilitateur dans le processus de règlement de la crise que traverse notre pays. Suite à la malheureuse annonce de la mauvaise initiative de décréter un couvre- feu à la veille du 2ème tour de l’élection présidentielle qu’il soupçonnait avoir déjà perdu, le malaise a couvert tout le pays. Le candidat Alasane Ouattra et les partis qui le soutiennent l’avaient désapprouvé, la CEI avait dénoncé une mésure pouvant entacher la transparence tant recherchée des élections dont elle est l’organisatrice et la population restait crispée devant cette décision qui ne se prend qu’en cas de grave crise. Le président du Burkina, qui rêve d’une fin paisible et réussie de la crise, a mis son autorité et sa notoriété dans la balance, sautant donc à Abidjan pour tenter de calmer les esprits. Au bout de plusieurs heures de discussion, Laurent Gbagbo accepte de perdre un décret pour alléger le dispositif du couvre-feu, s’il ne veut pas l’annuler carrément. Heureux d’avoir réussi à convenir avec ses interlocuteurs d’une décision consensuelle, Blaise Compaoré retourne dans son pays. Jusqu’à la mise sous presse du présent numéro, point d’annonce d’un décret signé de Gbagbo. Ça, c’est du Gbagbo Laurent, et c’est original. Qui a dit que tout le monde peut changer ?
Georges Amani
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