Par Reuters
Au terme d’une campagne électorale âpre et parfois marquée par des violences, le président sortant Laurent Gbagbo affrontera dimanche Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle, dont certains redoutent qu’une issue très serrée n’engendre des troubles.
Lors du premier tour, disputé le 31 octobre et marqué par une participation historiquement élevée de 80%, Laurent Gbagbo, homme du Sud âgé de 65 ans, est arrivé en tête avec environ 38% des suffrages et Alassane Ouattara en a obtenu 32%.
Ouattara, issu du nord musulman du pays, s’est engagé, en cas de victoire, à partager le pouvoir avec l’ancien président Henri Konan-Bédié, arrivé en troisième position avec 25% des voix.
L’issue du second tour entre le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 2000, et Ouattara, ancien Premier ministre et ex-directeur général adjoint du FMI, risque fort d’être serrée, ce qui laisse craindre à certains des troubles au cas où un candidat contesterait le résultat.
Des violences ont déjà éclaté cette semaine quand des foules de jeunes chômeurs, qui représentent la base militante des candidats, se sont affrontés dans les rues à coups de gourdins et de machettes.
Jeudi, l’International Crisis Group (ICG, club de réflexion) estimait que d’éventuelles violences post-électorales risquaient d’échapper à tout contrôle et de faire échouer le processus de paix en Côte d’Ivoire.
Mais les deux candidats, qui pendant des semaines se sont invectivés et ont appelé leurs partisans à faire en sorte que le pays ne tombe pas entre les mains de l’autre camp, se sont efforcés de calmer le jeu jeudi soir lors d’un duel télévisé.
DÉBAT TÉLÉVISÉ
Le climat d’hostilité s’est dissipé, ou a été volontairement relégué au second plan, lors des deux heures trente de débat télévisé en direct. De façon surprenante, les candidats ont échangé des plaisanteries, discuté sans animosité particulière d’une réforme judiciaire et sont même parfois tombés d’accord.
« Je suis heureux que mon frère Laurent Gbagbo et moi-même soyons d’accord sur la nécessité de réformer le système judiciaire », a déclaré Ouattara avant d’ajouter qu’il était partisan de mieux payer les magistrats, afin de faire reculer la corruption dans le milieu de la justice.
« Nous devons donner, pour proposer aux jeunes des emplois bien rémunérés, et je suis heureux que le Premier ministre s’en rende compte », a déclaré ensuite Gbagbo, en désignant son adversaire par son ancien titre.
Les puissances étrangères et les Nations unies avaient fait pression ces derniers jours sur les deux candidats pour qu’ils mettent un bémol à leur rhétorique, et le médiateur dans le conflit ivoirien, le président burkinabé Blaise Compaoré, envisageait jeudi d’intervenir de quelque façon en cas de besoin.
Le chef de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), Y.J. Choi, a mis en garde les deux candidats contre toute revendication prématurée de la victoire. Le chef de l’Onuci s’est dit en outre très conscient des risques de violences, tout en assurant qu’il n’était pas inquiet à ce stade.
Le duel télévisé, diffusé sur la chaîne publique
RTI, a porté aussi bien sur les questions économiques que sur la politique étrangère, l’éducation en matière de santé et le cacao. Aucun des participants n’a semblé particulièrement dominer, et le débat n’a jamais tourné à la foire d’empoigne.
« C’était très agréable. J’ai été surpris de voir à quel point c’était calme », déclarait un commerçant de 25 ans, Karim Seguena, après avoir regardé le duel sur grand écran dans un bar de Yopougon, quartier de la banlieue d’Abidjan.
« Je suis rassuré », estimait pour sa part Armand Kolia, un informaticien de 29 ans, après avoir regardé le débat sur grand écran au palais de la culture. « J’espère que nous pourrons voter dans le calme maintenant ».
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