On l’avait prédit avec beaucoup de frayeur. Le face-à-face télévisé entre les candidats Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara pour le duel final de l’élection présidentielle qui a lieu après-demain dimanche. Ce débat a eu lieu enfin. Et d’apocalypse ou de prémices apocalyptiques, il n’y en a eu guère sur le processus électoral en cours. Contrairement à ce qu’on avait craint, les débateurs se sont montrés à la hauteur de ce rendez-vous tant attendu, aussi bien pour son caractère novateur sur la scène politique ivoirienne que par le ton des acteurs. Les deux adversaires du second tour du scrutin présidentiel ont gratifié les Ivoiriens d’un débat de haut niveau empreint de courtoisie, de convivialité et même d’humour parfois. Déjouant ainsi toutes les mauvaises prophéties, qui ont précédé ce premier duel sur leurs promesses de campagne avant la vérité des urnes. Alors que l’on annonce la même apocalypse pour dimanche, Gbagbo et Ouattara ont montré que la Côte d’Ivoire peut encore faire cette exception saluée par tous quand le 31 octobre dernier et après, l’on n’a enregistré aucun incident majeur sur le déroulement du 1er tour du scrutin présidentiel. L’accolade chaleureuse entre les deux candidats au terme de l’émission est un signal fort qu’ils ont donné, hier soir, que la politique n’est rien d’autre qu’un jeu où l’on n’a pas forcément besoin de recourir à la force, même celle des mots. En la matière, le champion de La Majorité présidentielle et le porte-flambeau du Rassemblement des Houphouétistes (RHDP) ont eu des mots forts qui présagent de l’agréable surprise qu’ils réservent – eux et leurs partisans – aux Ivoiriens et au mode entier, ce dimanche. « Nous ne pouvons pas offrir la Côte d’Ivoire en holocauste sur l’autel de nos ambitions personnelles. Il faut rééditer l’exploit du premier tour au second (…). Dieu a exaucé mon vœu. Avant de venir ici, j’ai prié et j’ai demandé à Dieu que ce débat se passe bien et que nous ne donnions pas de frayeur aux Ivoiriens », dira Laurent Gbagbo au terme de l’émission, non sans exprimer sa disposition à reconnaître sa défaite si c’était le cas. Alassane Ouattara ne dira pas autre chose. « Je suis sûr que ce second tour se déroulera dans de bonnes conditions. Laurent et moi appellerons tous nos compatriotes à aller voter dans de bonnes conditions. Si je perds, ce n’est pas un problème. (…). C’est Dieu qui donne le pouvoir. Ce qui est important, c’est que Dieu garde sa main sur la Côte d’Ivoire », a indiqué à son tour, le candidat du RDR adoubé par ses alliés du RHDP. Ces paroles fortes rassurent sur l’issue de la journée la plus attendue du scrutin proprement dit. Quand bien même on se réserve sur la ruse des politiques habitués à clamer fort au peuple une chose et à en faire le contraire au moment attendu. L’on gage tout de même que Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et leurs partisans respectifs sauront relever la face de la Côte d’Ivoire ce dimanche 28 novembre. Ce jour, où le candidat-président annonce un couvre-feu pour prévenir tout risque et permettre aux Ivoiriens d’attendre sereinement le verdict de la Commission électorale indépendante (CEI). Notons pour la soirée d’hier, l’ambiance sous haute surveillance à la maison de la télévision ivoirienne à Cocody. Toutes les issues et les environs du lieu du débat ont été quadrillés par les forces de défense et de sécurité réquisitionnées à cet effet. La circulation filtrée, les militants des deux camps adverses ne pouvaient approcher le siège de la télévision où l’on a craint qu’il y ait des débordements. D’ailleurs, à part les employés de service à l’heure du face-à-face, l’accès à la cour de la télé était strictement interdit à tout individu pour l’occasion. A 20h 45mn, le cortège de Laurent Gbagbo est le premier à avoir franchi le portail des lieux. Suivi une dizaine de minutes plus tard, à 20h55 mn, par celui de son adversaire Alassane Ouattara, accompagné par une longue file de véhicules de dignitaires du RHDP. A 23h 40, c’est en toute sérénité que les invités du Conseil national de la communication audio-visuelle (CNCA) ont quitté les lieux. Tournant ainsi la page à cette autre journée qui suscitait bien des craintes, mais finalement achevée dans la tranquillité.
Félix D.BONY
L’Inter
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