Armand B. DEPEYLA – Soir Info
Proclamation des résultats du second tour de la présidentielle – Gbagbo réquisitionne l`armée et décrète un couvre-feu
Le débat entre les deux candidats du Rhdp, Alassane Ouattara et celui de Lmp, Laurent Gbagbo a commencé, en tout cas, dans sa partie, par une passe d’armes entre les deux protagonistes. Après une introduction plus ou moins « policée », Laurent Gbagbo est tout de suite passé à l’offensive, rendant responsable « Alassane Ouattara de toutes la calamités qui se sont abattues sur la Côte d’Ivoire. « Tu as une conduite contre la loi dans ce pays. Je te rend responsable des 11 ans de turbulence dans ce pays. C’est toi Ouattara, il faut arrêter » a lancé le chef de l’État, fixant droit dans les yeux, la candidat du Rhdp. Celui-ci a rejeté ces accusations « sans preuves et qui ne sont le fruit d`une enquête » accusant à son tour Laurent Gbagbo d`avoir plutôt pactisé avec le régime du général Robert Guéi dans lequel, le Fpi et ses cadres ont joué des rôles « de premier plan ». « Le Fpi était dans la transition militaire. Quand tu es arrivé de Libreville, après le coup d`état de 1999, tu as été accueilli en triomphe et tu as dit que ce coup d`État était salutaire. Nous au Rdr, nous avions démissionné de ce régime. Ton parti y est resté » a-t-il fait remarquer. Pour le candidat du Rhdp, Alassane Ouattara « Gabgbo n`a pas été élu en 2000 et qu`il s`est plutôt imposé par un coup de force contre Guéi Robert ». Mettant les pieds dans le plat, le chef de l`Etat sortant a annoncé une série de mesures conservatoires, qui, selon lui, visent à prévenir les éventuels troubles qui pourraient découler de la proclamation des résultats du scrutin du 28 novembre 2010. Ainsi, Gbagbo a-t-il pris un décret de « réquisition des Fanci ( Forces armées armées nationales de Côte d’Ivoire) et un couvre-feu à partir du dimanche 28 novembre à partir de 22 h, parce que, dit-il « il a des inquiétudes ». Ces mesures, Ado les a purement rejetées, soulignant que « c’est une mesure terrible ». « Je ne souhaite pas que l`armée intervienne… Le couvre-feu peut dramatiser les choses », a-t-il argumenté. Pour le reste, l’on a noté une convergence de vue, en plusieurs points, notamment, en ce qui concerne la nature du régime présidentiel, qu`il faut maintenir, selon eux. Mais à la différence de Gbagbo, Ado, lui veut opérer des reformes en profondeur. Il a marqué sa préférence pour un régime présidentiel au pouvoir totalement diminuer, avec, notamment, un Sénat, une séparation des pouvoirs entre les Institutions, un Premier ministre qui a une base parlementaire, une séparation des pouvoirs de l’exécutif, du législatifs et du judiciaire. Ado a promis la construction d’une grande École de magistrature pour la formation des magistrats de haut niveau. Le pouvoir, sous Alassane Ouattara sera un régime présidentiel dilué. Il a annoncé une vraie liberté de presse. Pour le chef de l`État sortant, il « faut » a-t-il insisté, maintenir un régime présidentiel, qui selon lui, n`est pas « mauvais en soi » et s’est doit opposé « à ce qu`on change la nature du régime présidentiel ». Pour Laurent Gagbo, sous son régime, à la liberté de la Presse est une réalité vécue dans ce pays et cela s`est traduit par la dépénalisation des délits de presse. Il entend par ailleurs faire des reformes au niveau de la justice, la séparation du pouvoir exécutif du pouvoir judiciaire. Par ailleurs, en ce qui concerne les résultats qui émaneraient de ce scrutin, tous les deux se sont engagés « à accepter ces résultats ». « Moi j’accepterai les résultats et je demande à Gbagbo d`en faire autant » a lancé le candidat du Rhdp. Le président du Rdr s’est dit opposé à la politique de décentralisation, telle que menée actuellement par le chef de l’État sortant. Pour lui, ce sera à l’Assemblée nationale de décider de l`érection en région, en départements et en commune les collectivités de base. Laurent Gbagbo s’est expliquer sur sa vision de la décentralisation, son esprit, soulignant « que ce n`est pas pour plaisir qu’il érige des localités en chefs-lieux de département. La Côte d’Ivoire, s`il venait à être élu, devrait être découpée en 10 ou 12 régions. Pas plus. Sur la question de la réconciliation post-crise et pour penser les plaies des uns et des autres, mais aussi pour faire la lumière sur la crise ivoirienne, les assassinats, la rébellion, qui l`a financée, pourquoi les tueries, les morts de Guéi, Boga Doudou et bien d’autres Ivoiriens, le coup d’État de 1999, la rébellion de 2002, une « commission d’enquête, une commission vérité et réconciliation de sorte à ce qu’on aboutisse à une amnistie générale. Le candidat du Rhdp a pris l`engagement d’indemniser toutes les victimes de la guerre. Laurent Gbagbo, pour sa part, entend convoquer un forum national de la réconciliation pour qu’on parle de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Pour lui, le dialogue direct, l’accord de Ouagadougou, a la nomination d’un Premier issu de la rébellion sont des actes de paix et de réconciliation. Signalons que avant l’entame des débats, Laurent Gbagbo a demandé aux Ivoiriens d’observer une minute de silence à la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie à l’occasion de cette crise politico-militaire que le pays a connue.
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