Déjà avant le premier tour, ils se combattaient à fleurets mouchetés mais ce premier round ayant rendu son verdict définitif le 6 novembre 2010, les deux finalistes ont vite fait d’enlever la mouche de leur épée. A présent, c’est un duel impitoyable, pour ne pas dire à mort, que se livrent les deux camps. D’un côté, La majorité présidentielle (LMP) qui regroupe toute la galaxie du Gbagboland ; et de l’autre le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) fédéré autour du patron du RDR (Rassemblement des républicains).
Dans ce combat de gladiateurs, bien malin qui saura dire qui des deux champions terrassera l’autre au soir du 28 novembre prochain, date du second tour de la présidentielle. En attendant, ce sont les meetings à travers tout le pays et les débats sur les tubes cathodiques qui font rage.
De ce dernier point de vue, la RTI (Radiodiffusion télévision ivoirienne) a proposé jusque-là des débats entre les représentants des deux finalistes. Ce qui a permis à leurs seconds couteaux venant de différentes couches socioprofessionnelles de décortiquer lors de ces shows télévisés leur projet de société pour la Côte d’Ivoire.
Mais en fait de projet de société, on aura constaté que quand ce ne sont pas les femmes qui ont manqué, au propre, de se crêper le chignon, ce sont les jeunes qui ont voulu mardi dernier en découdre physiquement.
Qu’en sera-t-il de la joute finale entre Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara prévue ce soir à partir de 21 heures sur la RTI ? Ces deux ténors de la saga présidentielle voleront-ils plus haut ou au contraire continueront-ils de se traiter de tous les noms d’oiseaux dans la logique de ce qu’on nous a déjà servi ?
En vérité, plus que le message qui sera délivré, c’est la posture du messager qui risque d’être la plus déterminante. Car en cette grande première en Côte d’Ivoire, sinon en Afrique, seront face-à-face deux personnalités que tout oppose : l’opposant historique devenu président par la force du poignet, si on peut ainsi dire, et l’héritier d’Houphouët dont il fut l’unique Premier ministre et qui rêve de reconquérir un pouvoir perdu ; l’historien rompu aux combines politiciennes et l’économiste de classe internationale ; la fougue et le charme populaire, pour ne pas dire populiste face au calme désarmant que rien ne semble perturber ; bref le feu et l’eau.
Il n’est pas jusqu’au port vestimentaire qui n’oppose les deux hommes. Gbagbo adore la chemise pagne quand son vis-à-vis semble se sentir plus à l’aise dans le costume trois pièces des hommes de la finance.
Au regard de telles dissemblances, et malgré elles, on veut croire que les duellistes de ce soir ne vont pas nous servir une querelle de chiffonniers sur le plateau, même si on est fondé à être pessimiste au vu de ce qui se profère depuis quelques jours.
Pour n’avoir pas hésité à traiter ADO de menteur avant le premier tour, le locataire du palais de Cocody est pour ainsi dire passé à la vitesse supérieure puisqu’il ne cesse de qualifier son adversaire de pion de l’étranger, avec tous les sous-entendus que cette expression véhicule. Qui pis est, il voit en lui un putschiste partisan des raccourcis politiques et qui serait derrière toutes les turbulences que traverse la Côte d’Ivoire depuis la mort du Vieux en 1993.
Acculé dans ses derniers retranchements, ADO, lui, de son côté, a appris au fil des meetings à invectiver et à donner des coups bas en dessous de la ceinture. Lui qui pourtant d’habitude n’a pas un mot plus haut que l’autre, au point de paraître lisse, sans aspérités, ce qui n’est pas forcément une qualité pour un homme politique.
Répétons-le, on va retenir dans ce combat au sommet, plus la forme que le fond, sans qu’on soit sûr si ce débat télévisé aura une incidence significative sur le choix des électeurs.
Dans ce duel au couteau où tout est possible, à savoir que chacun des deux est en mesure de l’emporter sur l’autre, la question qui taraude les esprits l’avant-veille de ce second tour fatidique pour l’avenir de la Côte d’Ivoire peut s’énoncer ainsi : assisterons-nous aux dérapages observés dans la Guinée voisine après l’annonce des résultats provisoires du second tour entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo ?
San Evariste Barro – L’Observateur Paalga
Emission face à face à la télévision – Gbagbo et Ado jouent gros / Frank Anderson Kouassi (président du Cnca) donne tous les détails: « Ils seront débout pendant 2 h 15mn »
(Soir Info )
La Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) battra ? certainement, aujourd’hui jeudi 24 novembre 2010, son record d’écoute et de suivi. L’émission ‘’Face à face’’ qu’elle organise en collaboration avec le Conseil national de communication audiovisuelle (Cnca) et qui met aux prises les deux candidats arrivés au second tour de la présidentielle, ne manquera pas d’intérêt. Cette importante émission qui durera 2h15mn à partir de 21h, se présente comme un élément déterminant dans la campagne électorale pour le second tour, qui a débuté le samedi 20 novembre 2010. Laurent Gbagbo et Ouattara Alassane (Ado), respectivement candidats de la majorité présidentielle (Lmp) et du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), ont donc ? à travers cette émission, l’occasion de convaincre les Ivoiriens. Ils jouent gros à divers niveaux dans la compétition du 28 novembre 2010. Celui qui arrivera à
séduire les téléspectateurs et les auditeurs, pourra à n’en point douter, engranger des points au scrutin du 28 novembre prochain. Surtout au niveau des indécis. Une mauvaise prestation ? de l’un des candidats, pourrait être préjudiciable à celui-ci. Même si certains pensent que Gbagbo et Ouattara ont déjà leurs électeurs, il n’en demeure pas moins qu’une bonne prestation de l’un ou de l’autre, peut bouleverser le choix du partisan de l’adversaire. L’enjeu du ‘’Face à face’’ est donc d’importance à quelques petits jours du second tour de la présidentielle. Au-delà de l’enjeu pour les deux candidats, l’émission ? qui est une première en Côte d’Ivoire, est un bon qualitatif dans la construction de la démocratie. Surtout au niveau de la liberté d’expression. Pour les journalistes qui auront à conduire le plateau, c’est un défi personnel à relever au niveau de l’impartialité. Maintenant, il
reste à souhaiter que les deux candidats en lice pour le second tour, offrent aux Ivoiriens, un débat enrichissant dépourvu de violences verbales. Le déroulement paisible du second tour de l’élection présidentielle, dépendra du ton et du message qui seront adressés aux Ivoiriens par les candidats. L’atmosphère sociopolitique tendue des ces derniers jours, devrait amener les deux prétendants au fauteuil présidentiel, à mettre balle à terre ou à tout le moins, jouer la carte de la courtoisie…même si chacun a à cœur, de ‘’démonter’’ son adversaire.
BAMBA Idrissa
Ce soir sur les antennes de la Rti – Tout sur le face-à-face Gbagbo-Ado – Frank Anderson Kouassi (président du Cnca) donne tous les détails: « Ils seront débout pendant 2 h 15mn«
A quelques heures du face-à-face télévisé qui opposera ce soir à 21 heures, sur les antennes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti), Laurent Gbagbo, le candidat de La majorité présidentielle (Lmp) à Alassane Ouattara, du Rassemblement des républicains (Rdr), nous avons rencontré Frank Anderson Kouassi. Le président du Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca), a accepté de nous donner tous les détails de ce face-à-face inédit dans l`histoire politique de la Côte d`Ivoire.
Pour la première fois dans l`histoire de la Côte d`Ivoire, les Ivoiriens auront droit à un face-à-face télévisé entre les deux candidats arrivés au deuxième tour de l`élection présidentielle. A quoi doivent-ils s`attendre de façon concrète, M. le président?
Les Ivoiriens doivent s`attendre à une très belle surprise parce que, comme vous le dites vous-même, tout ce qui a été fait jusque-là dans le cadre de ces élections est une grande première. D`ailleurs, premièrement, la nature même de ces élections est quelque chose de nouveau parce que c`est vraiment pour la première fois en Côte d`Ivoire qu’il existe des élections qui mettent en compétition autant de candidats (14 lors du premier tour: Ndlr). Deuxièmement, ces élections interviennent à un moment de sortie de crise. Il était donc bon que nous qui avons en charge la gestion du volet communication de ce scrutin prenions des dispositions nouvelles qui s`adaptent aux exigences de la situation. C`est pour cette raison que nous avons mis en place toutes ces dispositions que nous avez constatées. Le face-à-face donc de ce soir est un peu l`aboutissement de tout ce processus. Cette émission spéciale mettra donc les candidats, l`un face
à l`autre, pour répondre aux attentes des populations à travers des questions qui leur seront posées par un journaliste.
Pouvez-vous évoquer l`organisation pratique de cette émission ?
Oui, bien sûr! Premièrement, hein…Excusez-moi (Visiblement très bousculé, après une longue réunion avec ses collaborateurs, il tire un document relatif à l`événement rangé dans l`un des nombreux dossiers posés sur son bureau. Puis, nous lit des extraits: Ndlr). Comme je vous le disais, c`est une émission qui va mettre aux prises deux candidats sur cinq thèmes majeurs : la politique nationale, l`économie, les problèmes de société, défense et sécurité, et enfin la politique étrangère. Ces cinq thèmes seront déclinés en sous-thèmes. Depuis hier déjà, nous avons transmis ces thèmes et sous-thème aux candidats qui sont d`ailleurs informés. Tout cela a été fait en accord avec leurs différents représentants auprès de la Commission nationale de débat et des émissions spéciales. Deuxièmement, le débat se déroulera dans l`un des studios de la Rti (Radiodiffusion télévision ivoirienne)
C`est, semble-t-il, le studio B, baptisé studio Marie-Thérèse Péchot, n’est-ce pas?
Oui, tout à fait ! Ce sera un débat qui va se faire debout. Les deux candidats seront l`un face à l`autre derrière un pupitre pendant 2 heures 15 minutes. Gouverner aussi, c`est cela! Il y a des défilés militaires qui durent trois voire, quatre heures, et les chefs d`État qui les président se tiennent debout. D`ailleurs vous constatez avec moi que la tendance aujourd`hui, c`est que lorsque les chefs d`État s`adressent à la nation, ils sont dans une position débout. Vous prenez depuis la Maison blanche (États-Unis) jusqu`à l`Élysée (France), en passant par des pays qui ont pour tradition la démocratie, c`est dans la position débout. Le Conseil a donc souhaité que ce débat se déroule de cette façon. Ils seront donc debout, l`un face à l`autre pendant 2 heures 15 minutes comme je vous le disais. Et au milieu d`eux, il aura un journaliste. Ils seront disposés de façon triangulaire. Le journaliste leur posera les questions de façon
alternée. Chacun disposera de trois minutes pour répondre à la question qui lui sera posée avec possibilité de répliquer à l`intervention de son adversaire. La position des candidats, par rapport au journaliste, sera tirée au sort et le mode de distribution de la parole aussi, pour désigner celui qui prendra la parole en premier. En gros, voilà le déroulement de l`émission.
Et qui sera le journaliste?
Il sera connu aujourd`hui (Jeudi 25 novembre 2010: Ndlr), soit à quelques heures de l`émission. (Mais selon un communiqué officiel du Cnca rendu public après notre entretien, Brou Aka Pascal a été le journaliste retenu par consensus).
Pourquoi toutes ces dispositions spéciales?
Nous voulons l`équité.
Le public pourra-t-il intervenir ?
Non, le public n`interviendra pas. La Commission nationale de débat et d`émissions spéciales a, en son sein, une commission technique qui a un comité technique qui a suffisamment travaillé pour ressortir ce qui peut apparaître comme les préoccupations essentielles des Ivoiriens. C`est tout cela qui sera « malaxé« dans un questionnaire dont les questions seront posées aux candidats.
La guerre intervenue en Côte d`Ivoire pourra-t-elle être l`un des sujet majeurs à ce débat?
Non, je ne dirai pas les choses comme cela mais il est clair que l`histoire récente de la Côte d`Ivoire sera évoquée. Nous sommes dans une crise, il faut bien qu`on parle de la guerre, on ne peut pas ne pas… (Rires). Il faut bien qu`on en parle. On ne peut donc pas avoir un débat pareil et occulter ce sujet. On dit bien: « Élection de sortie de crise« ça veut dire qu`on parlera absolument de la crise et de ses causes et de ses conséquences.
Une forme de débat politique à une élection présidentielle qui, selon des experts, sera une grande première en Afrique?
La Côte d`Ivoire ambitionne de rentrer dans la démocratie vraie et tout ce qui se fait autour de cette sortie de crise concourt à poser les jalons des démocraties des pays dits de grandes démocraties. Pour donc y parvenir, il y a des règles élémentaires à respecter. Pour nous donc, ce sont des éléments essentiels, ce sont des exigences essentielles que de donner une transparence totale dans l`organisation de la parole qu`on donnera aux candidats pour s`exprimer devant le peuple. Nous avons regardé ce qui se passe autour de nous et nous avons estimé que la Côte d`Ivoire mérite de rentrer dans le cercle, j`allais dire, très restreint des grandes démocraties dans le monde pour que nos enfants soient fiers de ce que leurs parents et aïeux ont laissé.
L`équipe technique de la Rti est-elle prête pour le grand rendez-vous de ce soir?
Tout est fin prêt. Au moment même où je vous parle, les derniers réglages sont en train d`être faits. Nous l`avons déjà fait dans le cadre des émissions « Face aux électeurs« . Ce sera le même dynamisme qui animera l`équipe. Mais, permettez-moi de préciser une chose. Le public n`aura pas accès au studio. Seul le candidat et son aide de camp y auront accès. Les autres membres de leurs délégations respectives seront priés de rester hors du studio. Ils pourront suivre le débat dans le lieu de leur choix. Certainement qu`il sera réservé une salle spéciale pour ceux qui accompagnent les candidats qui ne seront pas admis à rentrer dans le studio. Car, je précise bien qu`il n`y aura que le candidat et son aide de camp qui auront droit au studio, ainsi que le journaliste, bien entendu. Mais également le superviseur du Cnca pour le contrôle des temps de parole. Moi-même qui vous parle je n`aurais pas droit au studio. Pour terminer, je
voudrais dire aux Ivoiriens qu`ils doivent faire confiance à leurs Institutions. Personne, alors là, personne ne viendra valoriser nos institutions à notre place. Personne ne viendra valoriser nos lois à notre place. Si on appartient à un pays, on doit tenir compte du fait que dans ce pays, les choses sont organisés et il y a des institutions. Et chaque institution doit faire son travail dans le domaine de compétence qui lui a été déterminé par la loi. Et c`est cette mission que le Cnca, en tant qu`institution, s`est assignée.
Claude DASSE
dasseclaude@yahoo.fr
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