Coup d’Etat du 24 décembre 1999 Zohin Honoré (officier de la Marine nationale, ex-membre du CNSP) affirmait en 2005
»C’est Laurent Gbagbo qui a aidé à faire ce coup d’Etat »
Il a été donné à chaque ivoirien d’observer le ton inutilement belliqueux du candidat Laurent Gbagbo lors de l’émission consacrée à la campagne électorale pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Pour ceux qui ne connaissaient pas Laurent Gbagbo, ils viennent de le découvrir. Et dire que pendant 10 ans ce Monsieur a présidé aux destinées de la Côte d’Ivoire ? Comment comprendre qu’après avoir signé des ordonnances d’amnistie, organisé une grande cérémonie de flamme de paix à Bouaké, sillonné les 19 régions de Côte d’Ivoire pour affirmer que la guerre est finie, il axe l’essentiel de sa campagne sur la guerre et ses atrocités.
En lieu et place de propositions concrètes pour restaurer la cohésion sociale, relancer notre économie, reconstruire notre administration gangrénée par la corruption et redorer l’image de notre pays à l’extérieur, il prône la division et instille la haine dans les cœurs. Quand on regarde et écoute Laurent Gbagbo parler, tout n’est que violence dans son gestuel et dans ses mots. Son champ lexical se résume à guerre, attaque, rébellion, etc, rien que des expressions relatives à la violence.
On a l’habitude de dire que quand à la tête d’une famille ou d’un pays on a un homme qui aime palabre, tous les enfants deviennent idiotement belliqueux. C’est le cas de notre pays où celui là-même qui est censé être la boussole pour conduire les ivoiriens vers la paix et le développement montre le chemin de la guerre.
Laurent Gbagbo, dans sa logique de mensonge permanent et toujours dans son registre de grand démagogue devant les hommes et devant Dieu attribue le coup d’état de 1999 et la rébellion de 2002 à Alassane OUATTARA. Il oublie le rôle décisif qu’il a joué en donnant son onction au coup d’état de décembre 1999. Lui le soit disant démocrate, a osé affirmer que ce coup d’état va donner un coup de pousse à l’avancée de la démocratie en Côte d’ivoire. A qui a profité le coup d’état ? Certainement pas à Alassane Ouattara. Mais plutôt à Laurent Gbagbo. On dit souvent que si l’on veut connaître l’auteur d’un crime, il s’agit de chercher à qui ce crime profite. Les révélations faites par Zoin Honoré parues dans un quotidien de la place le mercredi 5 octobre 2005 sont assez claires sur le rôle joué par Laurent Gbagbo dans la préparation du coup d’état de décembre 1999. Quelques extraits
Zohin Honoré, officier de la Marine nationale, ex-membre du CNSP, ex-ministre de la Construction et de l’Urbanisme et confident du général Robert Guéi, a décidé de sortir de sa réserve après cinq (5) années d’observation.
Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Zohin Honoré parle sans détour du vrai commanditaire du coup d’Etat de décembre 99, du deal entre l’actuel chef d’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo et le général Guéi, de ceux qui empêchent l’enterrement du père fondateur de l’Udpci.
Pour la première fois, l’officier de la Marine nationale a décidé de casser la baraque en rentrant en dissidence contre le régime de Laurent Gbagbo.
Question : M. Le ministre, vous êtes en exil depuis quelques années, depuis la fin de la transition. Alors qu’est-ce qui justifie ce statut ?
Réponse : Je me présente d’abord. Je suis le ministre Zoin Honoré et j’ai été membre du Comité national du salut public (CNSP). J’ai été président de la commission de contrôle du patrimoine de Côte d’Ivoire.
Q : Vous avez été également ministre ?
R : Oui, j’ai été aussi ministre de la Construction et de l’environnement et ministre de la Jeunesse et des sports pendant la transition militaire.
Q : Vous étiez proche du Général Guéi, est-ce son départ du pouvoir qui a occasionné votre exil aux Etats Unis?
R : Pas forcément son départ du pouvoir, mais c’est sa mort brutale, suite à laquelle des éléments sont allés tirer dans mon appartement aux II Plateaux. Et donc quand j’ai su que j’étais recherché pour être exécuté, j’ai pris la clé des champs et je suis parti d’Abidjan.
Q : Est-ce à dire que vous êtes parti après le coup d’Etat du 19 septembre 2002 ?
R : Oui, après le coup d’Etat du 19 septembre 2002 au cours duquel le général Guéi a trouvé la mort.
Q : Vous dites que vous étiez recherché. Vous étiez recherché par qui ?
R : Je ne sais pas, peut-être que par les escadrons de la mort. Ce qui est sûr, c’est que les gens sont allés tirer dans mon appartement sis aux Deux-Plateaux le même jour de l’assassinat du Général Guéï. Les traces de balle se trouvent encore sur les portes de l’appartement.
Q : Alors, aujourd’hui, quel est exactement votre statut là où vous êtes ?
R : Je ne voudrais pas trop m’étendre là-dessus, je voudrais plutôt qu’on passe, mais sachez que j’ai un statut de réfugié politique.
Q : Et où êtes-vous ?
R : Je suis aux Etats-Unis d’Amérique
Q : Revenons à l’actualité politique du pays. Aujourd’hui, on parle de plus en plus de transition en Côte d’Ivoire après le 30 octobre. Quelle est votre opinion sur la question. Il y a aussi le Général Doué Mathias et le Colonel Yao Yao Jules qui sont en exil comme vous. Avez-vous des contacts avec eux ?
R : Je suis en contact avec eux. Et la situation politique en Côte d’Ivoire, je la suis au quotidien. Mais je suis étonné des déclarations du Président Gbagbo sur la transition… Et je voudrais attirer votre attention pour dire que le dénominateur commun du mal en Côte d’Ivoire, c’est bien Laurent Gbagbo. Je vais m’expliquer pour dire pourquoi c’est lui le dénominateur commun du mal. Les mutineries de mai et de juin 1990, il avait pris des contacts avec des militaires pour faire un coup d’Etat.
Q : Vous pouvez donner des noms ?
R : De donner le nom de qui ?
Q : Des militaires qu’il aurait contactés pour faire le coup d’Etat.
R : Non, vous les journalistes, vous ne donnez pas vos sources. De la même manière, je ne donne pas mes sources.
Q : Mais peut-on avoir d’autres preuves ?
R : Pour les preuves, vous savez que lui-même, il a dit qu’il avait mis des militaires à Londres pour les faire venir…C’était au cours des élections de 1995. Donc il était en contact avec l’armée.
Q : Vous étiez en train de démontrer que le Président Gbagbo est le problème central. On vous suit toujours.
R : Il est le dénominateur commun du mal. Et en plus de cela, je peux vous dire qu’au mois de décembre 1999, nous les jeunes militaires, nous étions partis pour manifester contre notre ministre de la Défense dans les rues. Et le Président Gbagbo nous a envoyé notamment Lida Kouassi, Boga Doudou, Odette Sauyet et Freedom Neruda dans la rue pour nous dire que la Côte d’Ivoire souffre depuis 40 ans avec le PDCI et que c’était une occasion rêvée. Et que notre manifestation ne devrait pas être une simple manifestation de réclamation de primes et qu’on devrait faire en sorte qu’elle soit un coup d’Etat. C’est donc sur leurs conseils que tout s’est concrétisé. Donc le Président Gbagbo a participé à ce coup d’Etat. Et lorsque ses envoyés échangeaient avec nous, ils étaient constamment en contact avec lui. Après ils sont venus nous rejoindre au camp Galliéni, sur la route conduisant à Akouédo, à la station d’essence où on se servait. Et à plusieurs reprises à Akouédo. Quand le coup d’Etat a eu lieu, on est allé accueillir M. Gbagbo en fanfare à Yamoussoukro. Pensant qu’il venait travailler avec nous puisque c’est sur ses conseils que ça s’est passé. Finalement il a décidé de ne pas travailler avec nous. Donc il a donné quatre ministres. En plus, ceux qui étaient venus nous dire de concrétiser le coup d’Etat ont été nommés. Lida Kouassi a été nommé conseiller spécial du président Guéi, Odette Sauyet a été nommé directrice centrale de la télévision et Boga Doudou a été celui qui a introduit les articles litigieux dans la constitution actuelle. Donc, ils ont joué des rôles importants pendant la transition.
Q : M. le ministre, vous dites des choses assez graves, parce que celui qui a piloté le coup d’Etat n’est pas celui qui a été dans le fauteuil présidentiel. Alors qu’est-ce qui explique l’arrivée du général Robert Guéi ?
R : Nous avions pensé que c’est Laurent Gbagbo qui allait diriger l’affaire. Mais lui, il n’a pas voulu accepter et il a joué les seconds rôles afin de surprendre tout le monde. Comme, il l’a toujours fait, et c’est pour cela qu’il n’a pas pris ses responsabilités. Donc il ne faut pas qu’il fasse croire au peuple de Côte d’Ivoire qu’il ne savait pas qui organisait le coup d’Etat de 1999. Il était bien l’organisateur avec nous. Je n’ai pas parlé pour observer la scène jusqu’aujourd’hui. Et je voulais dire au peuple de Côte d’Ivoire que c’est Laurent Gbagbo qui a aidé à faire ce coup d’Etat. Et la nomination de certaines personnalités du FPI était une récompense par rapport à ça. Et par rapport au fait que lui-même, était constamment à nos côtés pour nous aider à faire ce qu’il y avait à faire, notamment la Constitution. Dans laquelle il a introduit avec son ami Boga Doudou, les articles litigieux qui font problème aujourd’hui en Côte d’Ivoire.
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Au regard des confessions de Zoin Honoré, Laurent Gbagbo ne doit plus tromper qui que ce soit. Il est le véritable père du coup d’état de décembre 1999. Concernant la rébellion, Laurent Gbagbo gagnerait à avoir le profil bas car il a été incapable d’assurer l’intégrité du territoire national comme il l’avait promis lors de sa prestation de serment ; ce qui le rend passible de la Haute Cour de Justice de la République de Côte d’Ivoire comme le prévoit notre Constitution.
Souvenons-nous de ce que Laurent Gbagbo et ses hommes disaient avec orgueil et vantardise avant le déclenchement de la rébellion : « Nous avons une puissance de feu qui s’abattra sur les ennemis de la Côte d’Ivoire » le 19 septembre, ce sont eux qui n’y ont vu que du feu. Une poignée de rebelles ont pu en moins d’une demi journée prendre la moitie nord du pays. N’eut été l’intervention et l’interposition des forces françaises son régime tombait comme un château de carte.
Laurent Gbagbo ne peut pas dire que le Président Blaise Compaoré ne l’avait pas prévenu sur la présence au Burkina de militaires ivoiriens en rupture de ban avec l’armée régulière ivoirienne. Lors d’une mission du G7 au Burkina, le Président Blaise Compaoré nous a informés avoir supplié Laurent Gbagbo pour qu’il trouve un terrain d’entente avec les déserteurs de l’armée ivoirienne réfugiés au Burkina. Pour toute réponse, Laurent Gbagbo a préféré l’affrontement. Il se sentait suffisamment fort pour mater toute rébellion et surtout il voulait en profiter pour liquider physiquement ses opposants. C’est ce qu’il a fait pour le Général Guéi. Il a tenté sans succès d’assassiner Alassane OUATTARA et Henri Konan BEDIE. C’est pour ne pas avoir à assumer officiellement les tueries qu’il est allé se réfugier en Italie avant le déclenchement de la rébellion.
Enfin, Laurent Gbagbo gagnerait à suivre l’exemple du Général de Corps d’Armée, le Chef d’Etat Major Philipe MANGOU qui recevant une délégation de la Direction Nationale de Campagne du candidat du RHDP a prôné avec sagesse une campagne civilisée et apaisée. Il a souhaité que le vainqueur félicite le vaincu et que les deux acceptent le verdict des urnes. Ce qui montre que l’armée de Côte d’Ivoire est fortement républicaine et ne suivra pas un va t en guerre qui déraisonne sur toute la ligne.
Par J.N.
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