Afriscoop — La loi du talion semble désormais devenu le mot d’ordre de rigueur entre ‘’factions‘’ rivales de jeunesses politiques ; dent pour dent œil pour œil, la moindre friction déclenche des batailles rangées, des guerres de clans chez ces supporters euphoriques des candidats Alassane Ouattara et de Laurent Gbagbo, qualifiés pour s’affronter dans les urnes le 28 novembre 2010.
A quelques petites heures du second tour du scrutin présidentiel la tension ne fait pas que monter avec elle, la psychose s’installe et plonge le pays dans la crainte que le pire puisse advenir à tout moment.
Surtout que pour peu les nerfs à peau de fleur s’échauffent et se retroussent faisant virer le paisible environnement postélectoral vers des scènes d’attaques aux gourdins, aux pierres, à la chasse à l’homme.
Et comme la machette ne s’est jamais éloignée de la jeunesse ivoirienne depuis les combats aux coupe-coupe des années encore mémorables dans le milieu universitaire, force est de penser que les assauts offensifs et autres répliques défensives légitimes (?) menacent d’implosion la société ivoirienne.
Il n’y a qu’à voir la promptitude avec laquelle les jeunes s’affrontent pour comprendre à quel point la moindre friction est successible de déclencher le chaos en Côte d’Ivoire.
Lundi 22 novembre, en effet, prétextant une « provocation », de la part des jeunes patriotes pro-Gbagbo, des partisans d’Alassane Ouattara se sont fait justice dans le quartier de Williamsville, sis dans la commune économique d’Adjamé (Centre-Nord d’Abidjan).
La rixe survenue en fin d’après-midi suite à un meeting du président sortant Laurent Gbagbo dans ledit quartier majoritairement peuplé de partisans d’Alassane Ouattara que côtoient des étudiants proches de rival logés dans une cité universitaire du coin, a fait une « dizaine de blessés » et « quelques dégâts matériel ».
Vendredi 20 novembre déjà, soit quatre jours avant, ces mêmes camps avaient eu un premier contact sanglant, avec un bilan d’« une vingtaine de blessés », dans la commune huppée de Cocody (Nord-Est) où des étudiants partisans du président-candidat dont la cité universitaire est voisine au quartier général du RHDP avaient pris pour prétexte de la « provocation » sur leur base par des jeunes opposants, pour montrer à ces derniers de quel bois ils se chauffent.
Les observateurs extérieurs précédemment tombés sous le charme d’un peuple ivoirien « mâture » selon leur jugement à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle le 31 octobre dernier devraient-ils se raviser à la lumière de ces batailles rangées fondées sur aucune raison véritable ?
Mais il faut comprendre cet âge intermédiaire sans lui concéder ses bévues, il n’obéit qu’à des mots d’ordre qui ne sont plus voilés de la part de leurs mentors respectifs qui ne font que les chauffer à blanc à coups de meetings enflammés.
Quand M. Ouattara répliquant à son adversaire assène pince sans rire qu’il n’acceptera « plus jamais » des mensonges sur sa personne et menace en disant on se « connaît dans ce pays » il va de soi que ses partisans agissent en fonction.
Il en est de même pour les soutiens de Laurent Gbagbo que ce dernier « envoie en mission contre le mensonge », à « faire barrage à l’imposture » et à « sauver le pays du joug colonial » qu’incarne selon le camp présidentiel Alassane Ouattara, « candidat de l’étranger ».
Les jeunes abreuvés de dérives langagières, de propos virulents sont conditionnés à priori au point où ils agissent comme des vraies marionnettes suspendues aux ficelles de leurs piètres parrains.
Qu’on ne s’y trompe pas, dans une atmosphère guerrière ou règne la loi du plus violent les appels à la responsabilité et au civisme ne sont que vent effleurant certainement à peine les consciences des sujets mis en scène.
Ainsi le face-à-face télévisé fixé le jeudi 25 novembre 2010 commence par le clash des muscles dans les rues tant à Abidjan (où des échauffourées entre partisans opposés ont été signalés dans les communes de Cocody, Adjamé et Port-Bouët) et dans le pays profond (où Man à l’Ouest et Korhogo au Nord ont été des théâtres de pugilats).
De gros nuages assombrissent l’horizon de l’Accord Politique de Ouagadougou (APO) par lequel n’avaient de cesse de jurer les Ivoiriens de tout bord politique.
Il y a danger en perspective si rien n’est fait pour dissuader les Ivoiriens de faire campagne sous fonds de révélations de « preuves », de « témoignages » des responsabilités des leaders dans la crise que traverse le pays ; le pire est à craindre si la vie privée, la guerre et la violence verbales demeurent les thèmes de campagne jusqu’à l’orée du 28 novembre prochain.
En un mot comme en mille, les regards implacables de chiens de faïence promettent de faire exploser le cocktail ivoirien conçu de défis, d’insultes, d’humiliations…
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