Par La rédaction web de Jeune Afrique
À moins deux semaines du vote qui désignera les pays organisateurs des Mondiaux 2018 et 2022, la Fédération internationale de football fait le ménage. Le 18 novembre, elle a décidé de suspendre de ses instances dirigeantes six de ses membres soupçonnés de corruption, dont quatre sont africains.
Après un mois de procédure, pour se redonner un minimum de crédibilité après les révélations de corruption présumée, la Fifa a décidé de suspendre 2 membres de son Comité exécutif (qui en compte des 24), ainsi que quatre autres officiels. Elle les avait déjà suspendus à titre provisoire, le 20 octobre.
Cette décision fait suite à une enquête publiée par le journal britannique Sunday Times le 17 octobre. Des journalistes se faisant passer pour des lobbyistes favorables à l’organisation du Mondial par les États-Unis ont approché des membres du comité exécutif de la Fifa – enregistrés à leur insu – en leur proposant de monnayer leur vote lors de la désignation des prochains pays d’accueil de la Coupe du monde en 2018 et 2022.
Le Nigérian Amos Adamu, président de l’Union des fédérations ouest-africaines (Ufoa), aurait accepté le deal en réclamant, en échange de son vote, quelque 580 000 euros. Le Tahitien Reynald Temarii, vice-président de la Fifa et patron de la Confédération océanique de football (OFC), aurait réclamé pour sa part 1,7 million d’euros pour créer une académie.
Lourdes conséquences
À l’issue de trois jours de réunion, la commission d’éthique de la Fifa a rendu sa décision le jeudi 18 novembre, au siège de l’organisation, à Zurich (Suisse). Amos Adamu, membre du Comité exécutif et président de l’Union des fédérations ouest-africaines (Ufoa) écope d’une « interdiction d’exercice de toute activité relative au football (administrative, sportive ou autre) à un niveau national et international pour une durée de trois ans » et d’une amende de 10 000 CHF (francs suisses, environ 7 440 euros), pour s’être rendu coupable de corruption, selon le code d’éthique de l’instance mondiale du football.
Également mis en examen par l’agence anti-corruption de son pays, Amos Adamu pourrait voir sa sanction s’alourdir. La décision de la Fifa le contraint d’ores et déjà à quitter la présidence de l’Ufoa, à la tête de laquelle il était arrivé en 2004. À l’époque sa candidature avait alors été soutenue par le président de la Confédération africaine de football (CAF), le Camerounais Issa Hayatou, contre celle de l’Ivoirien Jacques Anouma. L’Ufoa doit donc se chercher un nouveau président et l’Afrique trouver son remplaçant au Comité exécutif de la Fifa.
Quant à Reynald Temarii, vice-président de la Fifa et patron de la Confédération océanique de football (OFC), il a écopé d’une interdiction d’activité d’un an et a été condamné à une amende de 5 000 CHF (3 720 euros). « Il a été blanchi de tous les soupçons de corruption, néanmoins la commission d’éthique, explique son président, Claudio Sulser, a estimé que le fait d’avoir discuté de son vote pour les éditions de la Coupe du monde 2018 et 2022 était contraire à l’éthique. »
Quatre autres officiels, anciens membres du Comité exécutif, ont également été sanctionnés, tous accusés par la Fédération d’avoir enfreint plusieurs articles du code d’éthique. Chacun d’entre eux devra s’acquitter d’une amende de 10 000 CHF et est interdit d’exercer une activité liée au football aux niveaux national et international pendant deux à quatre ans.
C’est le cas du Malien Amadou Diakité (membre de la commission des arbitres de la Fifa) qui écope de trois ans de suspension. Pressenti pour briguer un mandat au Comité exécutif de la Fédération, il voit ses ambitions s’envoler. Ahongalu Fusimalohi (secrétaire général de la Fédération de football de Tonga) est également suspendu pour trois ans, contre deux ans pour le Tunisien Slim Aloulou (président de la Chambre de résolution des litiges et membre de la Commission du statut du joueur). Le plus sévèrement sanctionné est le Botswanais Ismaël Bhamjee (membre d’honneur de la CAF), qui a écopé de quatre ans de suspension.
Quels organisateurs pour 2018 et 2022 ?
Les parties ont désormais jusqu’au 28 novembre pour déposer une demande auprès de la commission des recours, une option que va saisir l’avocate de Temarii, qui plaide sa « bonne foi » et a lancé des poursuites pour diffamation contre le Sunday Times. De son côté, Adamu a publié, dès le 18 novembre, un communiqué, dans lequel il dit être « profondément touché par ce qu’a révélé la commission d’éthique. Je suis complètement innocent de ces accusations et je vais faire appel avec effet immédiat ».
En attendant, Temarii et Adamu ne participeront pas au processus de désignation des pays organisateurs des Mondiaux 2018 et 2022, le 2 décembre, à Zurich, auquel ne prendront donc part que 22 membres du Comité exécutif de la Fifa.
Les candidatures retenues pour l’organisation de la Coupe du monde 2018 sont celles de l’Angleterre, de la Russie, ainsi que les candidatures conjointes de l’Espagne associée au Portugal et celles des Pays-Bas avec la Belgique. Le Qatar, l’Australie, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud sont candidats pour 2022.
Les comités de candidature du Qatar, de l’Espagne et du Portugal, qui avaient été un premier temps mis en cause, ont été innocentés de toute collusion. La Fifa a estimé qu’elle ne disposait pas « d’éléments suffisants » qui puissent confirmer les révélations du Sunday Times selon lesquelles la candidature hispano-portugaise pour la Coupe du monde 2018 aurait échangé des votes avec celle du Qatar, qui concourt pour 2022.
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