En concert samedi à Marseille, le chanteur ivoirien plaide pour la révolution par l’éducation
Dans la foulée d’un album, African Revolution, sorti le 27 septembre, Tiken Jah Fakoly vient d’entamer une tournée hexagonale qui passe samedi par Marseille.
– Cet album reste engagé, mais avec une voix douce…
Tiken Jah Fakoly : « Après 15 ans de carrière, 10 albums en Afrique et 7 en Europe, je voulais surprendre mon public. Et ne pas m’installer dans la monotonie. J’ai donné le pouvoir aux instruments traditionnels africains, comme la kora ou la guitare mandingue.
– Début de tournée le 11 novembre, final le 18 juin 2011 à Paris. Purs hasards ?
Non ! Ces dates sont voulues. C’est un appel à la révolution par l’éducation. Elle est synonyme de réveil. C’est elle qui va changer l’Afrique. Je reste dans le combat du reggae.
– À condition que le système éducatif soit à la hauteur…
Bien sûr qu’il y a des freins. Ce n’est pas une priorité des gouvernements africains. Je préfère faire passer le message avant tout auprès des parents et des enfants. Ceux qui ont pu étudier n’ont pas de boulot et se font ch… Mais quand on y va, il faut prendre l’école au sérieux.
– Vous vous impliquez avec le projet « Un concert, une école ».
Je n’ai pas envie de me contenter de chanter. Je veux aussi poser des actes. Depuis 2009, on a déjà financé un collège au Mali et une école primaire en Côte d’Ivoire. Une autre vient d’y être rénovée et on va aussi en faire une au Burkina Faso avec la région d’Annemasse.
– Trois ans après le discours de Dakar, que vous inspire la politique menée en France ?
La « Françafrique » existe toujours, même si la France est obligée d’être plus discrète, de par les évolutions démocratiques dans nos pays. Dire que l’Afrique n’était pas encore entrée dans l’Histoire est la preuve palpable de l’ignorance de l’Occident. Pour les Occidentaux, notre histoire a commencé avec l’esclavage et la colonisation. Alors que nous avions des royaumes, des médecins guérisseurs. Que les nations nous regardent avec davantage de respect.
– Quel est votre avis sur les élections en Guinée et en Côte d’Ivoire, pays de vos racines ?
Ce qui est d’abord à saluer, c’est qu’elles se sont déroulées dans le calme. On souhaite que les candidats les plus populaires gagnent et qu’ils se mettent au travail, notamment en terme de réconciliation.
– Votre discours humaniste ne vous empêche pas de travailler avec Universal et Live Nation…
C’est pour moi un moyen supplémentaire d’asseoir et d’élargir le message. Je suis citoyen d’Afrique, né en Côte d’Ivoire. La mondialisation a aussi de bons aspects. Je souhaite aller à la conquête du public américain dans les prochaines années. Être avec un grand groupe peut m’y aider. Mais le contrat est clair entre nous, il est humain. Je garde les coudées franches. Dans mes concerts, en fond de scène, il y a les portraits des leaders africains assassinés parce qu’ils voulaient donner plus de liberté à leurs peuples.
– En 2007, le rappeur Soprano a participé à votre morceau « Ouvrez les frontières ».
C’est un artiste intègre pour lequel j’ai beaucoup de respect. Lui aussi a des convictions. C’était une super rencontre. Il est venu chez moi à Bamako, il me connaît bien. Je sais qu’il est attaché à son pays des Comores et à Marseille. Et qu’il pleure à chaque fois que l’OM perd un match. »
Pratique : « African Revolution », CD Barclay. Concert samedi 20 novembre à 20h30 à Marseille, au Dock des Suds (3e). Tarif 30€. www.tikenjah.net
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