CONAKRY (Reuters) – Alpha Condé a été donné vainqueur lundi soir par la commission électorale du second tour de l’élection présidentielle du 7 novembre en Guinée.
A bientôt 73 ans, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) qui avait obtenu un peu plus de 18% des voix lors du premier tour le 27 juin, puis 52,5% au second face à l’ancien Premier ministre Cellou Dalien Diallo, fait figure d’opposant historique.
Adversaire déclaré du capitaine putschiste Moussa Dadis Camara, il avait aussi lutté contre les présidents Sékou Touré, puis Lansana Conté.
Sous le régime dictatorial de Sékou Touré (1958-1984), il avait été condamné à mort par contumace et avait été emprisonné un temps au camp Boiro, un ancien camp d’internement militaire de Conakry transformé par le régime en prison politique de sinistre mémoire.
Sous le régime de Lansana Conté (1984-2008), il a été emprisonné de 1998 à 2003 pour complot en vue de s’emparer du pouvoir.
A l’élection présidentielle de 1993, il semblait sur le point de battre Conté, mais le gouvernement a annulé une série de bulletins de vote.
Après la mort du général-président Conté, Alpha Condé a soutenu dans un premier temps le coup d’Etat monté par le capitaine Camara. Mais il a ensuite changé de camp lorsqu’il est devenu manifeste que Camara souhaitait se maintenir au pouvoir.
Alpha Condé appartient à l’ethnie Malinké, qui représente 35% environ de la population.
Henri-Pierre André et Jean-loup Fiévet pour le service français
leparisien.fr
Alpha Condé, opposant historique de 72 ans, a remporté l’élection présidentielle en Guinée avec 52,5% des voix contre 47,4 %% à son adversaire Cellou Dallein Diallo, a annoncé lundi soir la Commission électorale à Conakry, où des affrontements ont fait au moins un mort.
M. Condé a obtenu 1.474.666 voix dans 24 des 28 circonscriptions du pays, contre 1.333.666 à son adversaire Cellou Dallein Diallo, a précisé le président de la Céni, le général malien Siaka Sangaré lors de cette annonce officielle.
Le taux de participation a été de 67%, a-t-il ajouté.
L’annonce de la victoire de M. Condé, qu’il avait revendiquée dans la journée, tout comme son adversaire, intervient dans un climat de vive tension à Conakry où des affrontements entre de jeunes partisans de M. Diallo et les forces de l’Alpha Condéordre ont fait au moins un mort et des dizaines de blessés.
Lundi soir, peu après l’annonce de la victoire de M. Condé, des coups de feu étaient entendus dans plusieurs quartiers de Conakry.
Ces coups de feu, dont l’origine n’a pu être déterminée dans un premier temps, ont été tirés dans les quartiers où s’étaient produites auparavant des violences entre partisans de M. Diallo et les forces de l’ordre.
Les rues de ces quartiers, en majorité peuplés de Peuls, l’ethnie de M. Diallo, étaient quadrillées par d’imposantes forces de sécurité, alors que dans ceux où vivent en majorité les partisans de M. Condé, d’ethnie Malinke, l’heure était à l’explosion de joie.
Des violences politico-ethniques ont marqué la campagne électorale du second tour de la présidentielle qui s’est déroulé le 7 novembre, plus de quatre mois après le premier tour du 24 juin.
Après 52 ans de régimes dictatoriaux ou autoritaires, les Guinéens avaient voté pour la première fois librement à cette présidentielle.
En se proclamant vainqueur lundi avant la proclamation des résultats, M. Diallo avait lancé un appel au calme à ses militants, les exhortant à « ne pas s’attaquer à une personne, un usager de la route, un militant du camp adverse ».
Au premier tour, M. Diallo avait recueilli 43% des voix devant M. Condé, 18%, mais cette large avance n’était pas réellement significative, la Cour suprême ayant annulé un tiers des votes.
Le jeu des alliances et l’importance du vote ethnique semblent avoir permis à M. Condé de rattraper son retard et de l’emporter.
« Nous n’accepterons pas les résultats provisoires publiés par la Céni, avant le traitement des réclamations qu’on lui a adressées », avait affirmé M. Diallo, se déclarant « vainqueur », une fois les résultats purgés « des fraudes ».
Le général Sangaré a indiqué que la Céni avait reçu 31 réclamations dont 28 de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti de M. Diallo.
« Certaines relevaient de la compétence de la Cour suprême ou n’apportaient pas de preuves des allégations », a-t-il affirmé.
La Céni a validé les résultats de deux communes de Haute-Guinée, Siguiri et Kouroussa, fiefs de M. Condé dont son adversaire avait demandé qu’ils ne soient pas comptabilisés, en raison des pressions exercées sur les membres de la communauté peule à laquelle il appartient.
Le président de la Céni, qui a énuméré les résultats détaillés des 56 circonscriptions lors du second tour du 7 novembre, a souligné qu’il s’était déroulé « sans aucun acte de violence ».
Le Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a appelé lundi dans un communiqué les candidats à la présidentielle en Guinée « à accepter les résultats et à recourir exclusivement aux voies légales pour toute contestation éventuelle ».
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