(AfriSCOOP Abidjan) — Le Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT) du Pr Francis Wodié Romain est en proie à la division, pour cause de divergence de vues entre les membres du bureau politique quant au choix à faire sur le candidat à soutenir au 2ème tour de l’élection présidentielle.
Selon des « révélations » rapportées par la presse nationale, le président de ce parti a « démissionné » de ce poste vu que la direction ne parvenait pas à se décider à la question de savoir s’il fallait soutenir la candidature du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Alassane Dramane Ouattara, et celui de La Majorité Présidentielle (LMP), Laurent Gbagbo.
Le ballotage qui menace le PIT de dislocation est le triste scénario qui guette bien d’autres formations ou états-majors politiques, qui n’ont pas encore affronté de façon courageuse la question du choix décisif du candidat à soutenir au 2ème tour du scrutin, le dimanche 28 novembre.
On ne peut se leurrer à penser que cette redoutable question fera l’unanimité au sein des unions politiques, pour multiples raisons allant de la liberté du choix, de l’objectivité au réalisme politique.
Aussi par solidarité idéologique, les socialistes s’associeront aux socialistes, les libéraux s’uniront aux libéraux, les promoteurs de programmes de gouvernement semblables fusionneront leurs forces, ainsi de suite.
En tenant compte des paramètres de décision, consolidés par les (ou ajoutés aux) idéologies respectives des uns et des autres, on ne peut s’empêcher de s’imaginer qu’une transformation également historique est en train de s’opérer sur l’échiquier politique ivoirien à la faveur de l’élection présidentielle.
Cette mutation dont les ossatures sont déjà perceptibles à travers les blocs de la LMP d’une part et d’autre part celui du RHDP, prédestinés à muer en partis politiques, ne peut que consolider ces grands groupements politiques et bipolariser, en toute évidence, le paysage politique ivoirien.
La conséquence au plan du leadership présage à n’en point douter d’un face-à-face entre deux leaders qui auront été consacrés par les scrutins de 2010 ; à savoir Laurent Gbagbo pour la LMP et Alassane Dramane Ouattara pour le RHDP.
Ainsi, la Côte d’Ivoire n’aura plus que deux gigantesques formations politiques ci-dessus nommées pour animer la vie nationale, qui sera ainsi moins encombrante par rapport à l’actualité qui enregistre une centaine de partis politiques.
La mutation en consolidation peut s’expliquer par le souci manifeste des Ivoiriens à sortir de la crise tel qu’ils l’ont démontré au 1er tour du scrutin en prenant part à un vote apaisé dans un climat ouvert, juste, libre et transparent.
Les Ivoiriens qui ont pour coutume de dire qu’ils sont « fatigués » de la crise donnent ainsi le signal fort éloquent qu’ils ne veulent retomber dans des embrouilles politiciennes avec une cohorte de partis dont l’existence fait, somme toute, désordre au regard de la configuration du paysage politique et même de l’édification de la société.
La réorganisation de la société politique de Côte d’Ivoire ne date pas de maintenant, elle remonte aux années 90 ayant sonné la disparition du parti unique au profit du multipartisme.
Le foisonnement de petites formations politiques en ces années-là a enterré la pensée unique et libéralisé la parole ouvrant de cette façon le champ du dialogue à d’autres idéologies autre que celle du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), alors seule suprême depuis 40 ans de gouvernance.
Plusieurs partis ont vu le jour après 1990, ce sont le FPI, le RDR, le PIT, l’USD, l’UDCY, l’UDPCI, le MFA… Un premier regroupement avait été occasionné par l’opposition d’alors avec la création du ‘’front républicain‘’ (réunion du RDR, FPI en l’occurrence) face au PDCI, maître-roi du régime de Félix Houphouët-Boigny.
Mais le front se disloque quelques années après sur l’autel des intérêts individuels, ouvrant une bataille en rangs dispersés toujours face au PDCI, le plus ancien parti politique dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Avec la guerre et les nombreuses négociations qu’elle a engendrées dont celle de Linas Marcoussis, en France, une recomposition a vu le jour avec le Groupe des dix (G 10) au sein duquel on pouvait compter les politiques (PDCI, RDR, UDPCI, MFA, PIT, FPI, UDCY) et la rébellion (MPCI, MPIGO, MJP).
Mais très tôt ce groupe symbole de l’unité nationale va se disloquer à son tour parce que nombreux (sauf le FPI, l’UDCY et le PIT ensuite) en son sein prônaient l’isolement du président Laurent Gbagbo transfuge du FPI.
A la séparation succède une autre recomposition, par intérêt et aspirations, et émerge les ‘’Marcoussistes‘’ favorables à la mise sous tutelle onusienne de la Côte d’Ivoire ; Ces derniers sont regroupés au sein du G7 (PDCI, RDR, MFA, UDPCI, MPCI, MJP et MPIGO). Ils sont opposés au régime FPI ou la Refondation appuyée, à tâtons, par le PIT et fermement par l’UDCY de Mel Eg Théodore.
Un groupuscule de ‘’partis politiques non représentés à l’Assemblée nationale‘’ et exclus des négociations de Linas Marcoussis fait prévaloir de temps à autre son droit au débat national, entre les deux groupements suscités ; mais cette petite union va finir par basculer du côté de la « République » c’est-à-dire le camp présidentiel.
A l’orée 2010, la bipolarisation est consommée et consacrée par la formalisation de deux camps antagonistes : le Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD) avec comme tête de file Laurent Gbagbo et le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) mené par Henri Konan Bédié au titre de doyen d’âge de l’opposition ivoirienne.
A l’avènement de la période électorale le CNRD grossit pour devenir la LMP. Le rapport de forces a bien souvent été à la faveur du camp présidentiel si l’on en croire les observateurs nationaux et internationaux selon lesquels c’est le camp présidentiel qui mène le débat politique qu’a bien des fois subi l’opposition.
Le 2ème tour de l’élection présidentielle prévue le dimanche 28 novembre 2010 est un autre test qui permettra de départager encore une fois l’opposition et le pouvoir. Wait and see.
(AfriSCOOP Abidjan)
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