Le parti au pouvoir et le gouvernement de la République du Congo ainsi que la presse locale fustigent cette semaine l’injustice des organes occidentaux contre l’Afrique, après que la Cour de cassation française eut annoncé mardi que la justice pouvait poursuivre l’enquête sur le patrimoine en France de trois présidents africains, soit l’affaire dite des « biens mal acquis ».
La plainte visant les présidents gabonais Omar Bongo, congolais Denis Sassou Nguesso et équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, avait été sollicitée en mars 2007 par l’organisation non-gouvernementale, Transparence Internationale (TI) France.
Selon l’accusation de l’ONG, les trois chefs d’Etats ont détourné des fonds publics pour s’offrir en France de luxueux biens, notamment immobiliers. L’accusation a été déclarée irrecevable en octobre de la même année, selon le porte-parole du gouvernement congolais, Bienvenu Okiemy.
Le 9 novembre, la Cour de cassation française a jugé recevable la constitution de partie civile de TI, permettant la désignation d’un juge d’instruction et l’ouverture d’une information judiciaire.
Le parti congolais du Travail (PCT), parti au pouvoir du Congo, a invité samedi dans une déclaration ses militants à « manifester partout sur la nouvelle idéologie de la cour de cassation française et l’association Transparence internationale » en réponse à la décision de la Cour de cassation française.
« En choisissant de s’attaquer, par la calomnie et la médisance au président du Congo, la section française de l’association Transparence internationale cache très mal la manipulation dont elle est l’objet par les forces obscures entretenues par les ennemis du Congo installés en France », a fait part le responsable du secrétariat du PCT, François Ibovi, dans la déclaration.
« Le secrétariat permanent du Bureau politique considère que la campagne en cours contre le président Denis Sassou N’ guesso et certains chefs d’Etat africains n’est pas innocente, qu’elle vise en définitive à jeter l’opprobre sur les dirigeants africains et à déstabiliser les gouvernements africains… », a indiqué M. Ibovi.
Il a invité également le gouvernement du Congo à riposter vigoureusement contre cette « attaque ignoble » par une série de mesures concrètes dans tous les domaines de la coopération avec la France et la Francophonie.
De la part gouvernementale, Bienvenu Okiemy a déclaré que la Cour de cassation française « viole le principe de l’égalité souveraine des Nations Unies, proclamé par l’article 2, paragraphe 1, de la Charte de l’ONU , en permettant à l’Association Transparence Internationale France, une organisation non-gouvernementale, de pouvoir faire poursuivre et juger un Etat ».
« La vérité est que l’ONG Transparence Internationale est très sélective dans ses dénonciations. Une fois de plus, c’est l’ Afrique qui est visée », a-t-il indiqué le 11 novembre lors d’un point de presse organisé au centre national de radio et de télévision à Brazzaville.
Le porte-parole a également expliqué que pour le président congolais, Denis Sassou Nguesso, un bien immobilier en France lui permet de « multiplier les contacts dans une constante volonté d’élargir toujours davantage le cercle de ses interlocuteurs », et « se justifie dans l’intérêt de la nation ».
En outre, il a précisé que les prix de l’immobilier ont explosé dans la plupart des grandes villes du monde et qu’évaluer le coût d’un appartement aujourd’ hui est sans rapport avec ce qu’il était il y a quelques années.
Le seul quotidien de la capitale congolaise de Brazzaville, « Les dépêches de Brazzaville », a publié vendredi dernier un éditorial intitulé « Néocolonisme » pour relever la nature des organisations non gouvernementales occidentales.
« Les organisations non gouvernementales (ONG) qui attaquent sans cesse les dirigeants africains ne sont que les instruments dociles, serviles, de puissances occultes dont le seul but est d’ asservir à nouveau l’Afrique », souligne l’article.
« Il replace au centre de ce drame les organisations non gouvernementales comme Transparency international, Survie, Sherpa, Global Witness qui tentent depuis des années, par tous les moyens, de déstabiliser les deux Congo, le Gabon, le Cameroun, la Guinée-Équatoriale, mais aussi le Soudan, la Centrafrique, le Tchad », indique l’éditorial.
Par Han Bing, Prince Lepo et Guy Gervais Kitina (Xinhua)
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