La flambée des prix de denrée de première nécessité devient intenable pour les consommateurs en Côte d’Ivoire. Du vivrier aux produits manufacturés, la situation est devenue critique ces quinze (15) derniers jours. Mais, en plus de l’augmentation vertigineuse des prix, l’on note l’absence du marché ivoirien de certains produits de grande consommation comme le sucre. Les commerçants qui en ont, ont tellement monté les enchères que le prix du kilogramme de sucre est passé presque du simple au double pour le consommateur final. C’est-à-dire de 600 à 650 Fcfa le kilo, il y a deux semaines, il coûte à présent 1000 à 1200 Fcfa. Il en va presque de même pour l’huile. On se demande finalement ce qui se passe.
Du côté de l’administration, le Directeur général du commerce intérieur, Diallo Yacine Idriss, rencontré, hier mercredi 10 novembre 2010 à la mi-journée, est formel, concernant la question du sucre. « Il n’y a pas de pénurie de sucre en Côte d’Ivoire». Pour lui, le manque de ce produit sur le marché pourrait s’expliquer par une éventuelle rétention de la part de certains acteurs de la chaîne de distribution. Puisqu’au terme d’une rencontre qu’il venait d’avoir avec les responsables de la production sucrière en Côte d’Ivoire, juste avant notre entrevue, il a été rassuré par les sociétés Sucaf et Sucrivoire au sujet de la disponibilité d’un stock de 6900 tonnes pour la première et 5600 tonnes pour la seconde, soit un total de 12 500 tonnes. En plus, Marius Comoé, président de la Fédération des consommateurs libres de Côte d’Ivoire, après avoir confirmé l’information concernant les stocks de sucre a indiqué ceci: «L’an dernier, du 31 octobre au 30 novembre 2009, le stock était de 5000 tonnes. Puis d’ajouter: «Mieux pour palier une quelconque pénurie, le ministère du Commerce a autorisé récemment les deux gros producteurs (Sucaf et Sucrivoire) d’importer 15 000 tonnes de sucre. Ce sucre est effectivement arrivé et permet de faire face à tout déficit éventuel».
Le désarroi des consommateurs
Un tour dans les grandes surfaces, au Plateau, permet de constater le désarroi des consommateurs. A Cash Center, plus un grain de sucre dans les rayons depuis le vendredi 5 novembre 2010. A en croire un rayonniste de ce super- marché, le fournisseur Prosuma qui est grossiste chez l’un des producteurs sucriers, est en rupture de stock. Pour 8 tonnes commandées la semaine, le supermarché n’a obtenu que 26 cartons de sucre. Ils se sont …volatilisés en quelques secondes. Etant entendu que ce magasin vend, en principe 4 tonnes de sucre par jour. Ce rayonniste fait remarquer que Prosuma ne fait pas de rétention. Dans la mesure où il n’a aucun intérêt à le faire. Cela lui fait perdre beaucoup d’argent. Le constat est le même à Sococé des II Plateaux. A Trade Center, Froid industriel, au Plateau, tous affiliés à Prosuma, il y a enfin quelques paquets de sucre en carreau après des jours de pénurie. Le prix, selon l’employé est passé de 795 Fcfa avant l’élection présidentielle à 850 Fcfa. Depuis lors, il n’a jamais baissé. Selon Marius Comoé, cette augmentation est du fait des grossistes qui ont majoré les prix de 50 % là où les producteurs ont augmenté de 7 %. Cela n’explique pas pour autant la pénurie sur le marché. Tout porte à croire qu’il y a bel et bien de la rétention.
Qui est l’auteur de cette rétention qui fait tant de mal aux populations ivoiriennes, alors qu’il y a plus de 12 000 tonnes disponibles?
Importante réunion en vue
A ce sujet, le Directeur général du commerce intérieur a indiqué qu’après la réunion avec les producteurs, il va rencontrer, la semaine prochaine les grossistes et demi-grossistes pour non seulement savoir d’où vient le problème mais aussi trouver, avec ces acteurs, des solutions pour une disponibilité des produits sur le marché à l’occasion du 2nd tour de l’élection présidentielle. Pour ce qui est du renchérissement anarchique des prix, Diallo Idriss a précisé que la Côte d’Ivoire a opté pour un système de marché libéral. En conséquence, il n’est pas du ressort du ministère du Commerce de fixer les prix. Du coup, le commerçant est libre de fixer le prix qu’il veut en fonction de la loi de l’offre et de la demande qui gouverne un tel système. Cependant, il a fait savoir que le gouvernement s’est saisi de la question. Une réunion est, à cet effet, prévue instamment avec le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Diby Koffi pour (re)activer la cellule de lutte contre la vie chère.
En tout état de cause, le ministère du Commerce via la Direction du commerce intérieur, entend proposer, à défaut de sanctionner l’anarchie, des mesures de protection du marché. Il sera question, par exemple, de tout mettre en œuvre pour que les produits de première nécessité ne manquent pas sur le marché. De sorte à décourager ceux qui font de la rétention pour spéculer en « temps de crise». Le responsable du commerce intérieur a, en outre, renseigné sur le rôle des contrôleurs de prix, agents du ministère du Commerce. «Ils sont chargés vérifier la métrologie, c’est-à-dire le bon fonctionnement des instruments de mesure, de veiller à la bonne pratique de la concurrence et de la lutte contre la fraude. Aussi, veillent-ils au bon approvisionnement du marché et à la protection du consommateur en interpellant les acteurs en cas d’augmentation ou d’un quelconque phénomène anormal» Il faut noter que la consommation mensuelle de sucre est évaluée à près de 8500 tonnes. Concernant l’huile qui connaît sensiblement le même sort que le sucre, Diallo Idriss a dit qu’il rencontrera bientôt les producteurs pour trouver des solutions.
Gue Droh
(Stagiaire)
FratMat
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