Pendant plusieurs mois, Sokoury Bohui a désigné sans le vouloir le vrai adversaire de Laurent Gbagbo, et incité par cette façon de faire, les Ivoiriens à voter Alassane Ouattara au premier tour, pour affronter Laurent Gbagbo. En effet, dans ses causeries du Vendredi paraissant chaque semaine, dans le quotidien Notre Voie, Sokoury Bohui ne parlait que d’Alassane Ouattara. Le message a-t-il eu un effet ? La cible potentielle avait-elle, été bien identifiée ? En dehors de critiquer le candidat du RDR et de démontrer qu’il est la cause de nos malheurs, le FPI n’avait-il pas un autre message à expliquer aux Ivoiriens ? Pouvait-on également et sérieusement convaincre sur l’accusation faite à Ouattara d’être le père de la rébellion, quand Guillaume Soro, même s’il est un rebelle repenti trône au cœur de la République, en bonne intelligence avec Laurent Gbagbo, qui ne tarit pas d’éloges, à son égard ? Laurent Gbagbo est perçu comme un artisan de la paix, ayant pardonné à ceux qui ont attaqué la mère patrie, au point de nommer, Premier ministre celui qui a revendiqué la rébellion, contre le gré du vrai père Ouattara (?). Mais ne prend-t-on pas le risque de briser cette image positive d’homme de paix, sans rancune, ni rancœur en surfant sur l’idée de sanctionner ceux qui ont envoyé la guerre, en ne leur accordant pas le suffrage. C’est vrai, pardonner, ne veut pas dire oublier ! Mais chacun, dans cette Côte d’Ivoire cinquantenaire, a eu sa part de douleur et de souffrance! Malgré la campagne anti-Ouattara, la réhabilitation de la rébellion par l’intégration de Soro dans la République, est forcément une réhabilitation de Ouattara, si tant est vrai, que Zakaria, Chérif Ousmane et Guillaume Soro lui-même, ont dit qu’ils ont fait la guerre pour Ouattara et ont affirmé qu’il les a financés. Cette façon de faire de Sokoury n’a-t-elle pas contribué à mobiliser l’électorat de Ouattara et pousser quelques indécis,à le soutenir.Certes Sokoury Bohui le désignait par ses attaques comme le vrai problème de la Côte d’Ivoire, la pollution, le problème et non la solution. Mais en même temps, il le désignait comme le seul et vrai adversaire de Laurent Gbagbo, au détriment de Bédié. Tout le monde sait bien que le candidat du RDR joue à fond la carte de la victimisation. Le mettre tous les jours, à la une des journaux bleus, c’est lui faire une publicité et une exposition gratuites même si les propos tenus sont péjoratifs et négatifs pour lui. Du temps de le National, Alassane Ouattara faisait des coupures de presse du journal pour s’en servir comme preuve des dérives xénophobes et exclusionistes du régime Bédié. 17 ans après, c’est au tour de Laurent Gbagbo de jouer le rôle ingrat de sauvegarde de la nation ivoirienne, rôle dans lequel Bédié et ensuite Guéi avaient succombé. Un rôle ingrat qu’on ne gagne pas seul. Seul contre Gbagbo et Ouattara, Bédié avait perdu le combat. Seul contre Gbagbo, Bédié et Ouattara après s’être allié un temps au candidat du FPI, Guéi avait perdu. L’atout et le talent de Laurent Gbagbo, c’est de créer avec Guillaume Soro, les conditions pour sortir enfin et peut-être (?) d’un schéma qui empoisonne la vie politique et perturbe le développement économique de la Côte d’Ivoire. Pour cette raison, quel que soit le résultat des urnes, Laurent Gbagbo ne devrait pas rougir. Du tout ! On dit que Dieu est pour tous; mais il est surtout pour les justes. Alors…
C.K
Après son intervention sur RFI – Gbagbo en colère contre Sokoury Bohui
Depuis quelques jours, Sokoury Bohui est persona non grata auprès du chef de l’Etat. Le Mardi dernier à l’occasion de la conférence de presse du candidat Laurent Gbagbo, celui-ci, a interpellé Sokoury Bohui en ces termes: « ce que tu as fait est catastrophique. Ce n’est plus la peine de prendre la parole pour parler de quoi que ce soit ». Monsieur Election réputé pour être un gbagboïste de tous instants, et supposé être la voix du chef, avait fait une sortie sur RFI, le jeudi 4 novembre 2010, qui n’a pas été appréciée dans la maison LMP. La veille de l’interview, au cours d’une réunion après la proclamation des résultats provisoires par la CEI, des éléments de langage avaient été donnés, et une stratégie de campagne arrêtée. Et voici que Sokoury passe sur RFI, et dérape presque en s’en prenant à ces ingrats de Baoulé, ou de ressortissants du nord qui n’ont pas voté Laurent Gbagbo, malgré tout ce qu’il a fait pour eux. Même si d’aucuns ont estimé à la décharge de l’un des Gbagboïstes les plus fanatiques et les plus doués du moment et de sa génération, que l’interview a été réalisée avant la réunion de stratégie, au sein de LMP on ne décolère pas contre Monsieur Election. Fuyant la colère du chef de l’Etat Sokoury Bohui, s’est gardé d’arriver à la résidence, jusqu’à cette interpellation que lui a faite Laurent Gbagbo au QG de campagne. Malgré tout, estimant que le chef a été monté contre lui, et n’a pas lui-même écouté ses propos sur RFI, le député de Koumassi a voulu enregistrer l’interview litigieuse sur son portable pour la faire écouter au chef. Mais des camarades du parti lui ont opportunement conseillé de laisser tomber. Dans la foulée, le chef de l’Etat a désigné Affi N’Guessan comme le seul porte-parole de la campagne, le seul habilité à réagir et à donner les positions du candidat, jusqu’à nouvel ordre. « Ce sera moi ou Affi N’Guessan, personne d’autre », a tranché le candidat-président qui ne veut plus de désordre dans la communication et dans la prise de parole entre les deux tours de campagne. Peu connu pour être un maître de la parole et brillant orateur, le DNC devra se concentrer sur les vraies tâches administratives d’une campagne, tâche qu’il avait délaissées. Un retour normal aux choses, pour Affi N’Guessan qui avait en 2000, conduit Laurent Gbagbo à la victoire, mais qui avait été mis à l’étroit au nom de l’ouverture et dans le cadre de la Majorité présidentielle.
Charles Kouassi
L’intelligent d’Abidjan
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