Par Théophile Kouamouo, envoyé spécial à Abidjan
Le candidat-président Laurent Gbagbo a lancé lors d’une conférence de presse donnée mardi une première offensive en attendant le démarrage officiel de la campagne du second tour. Guerre, coup d’État de 1999, proximité avec l’étranger… il a accusé son concurrent au second tour de l’élection présidentielle, Alassane Dramane Ouattara, de tous les maux de la Côte d’Ivoire.
Le symbole d’une nation ivoirienne en construction. Telle est la figure que Laurent Gbagbo veut incarner pendant le second tour de l’élection présidentielle qui aura lieu le 28 novembre 2010.
« Je suis venu dire au peuple ivoirien que je suis le seul candidat à avoir un électorat véritablement national. Mes adversaires sont confinés dans leurs électorats tribaux et ethniques », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse organisée à son quartier général de campagne à Abidjan, en guise de commentaires des résultats du premier tour.
« Élargissez notre électorat. Parlez à tout le monde. Dites leur que Gbagbo leur tend les bras et veut être le président de tous les Ivoiriens. C’est la Côte d’Ivoire de demain que nous sommes en train de construire », a-t-il dit à l’endroit de ses militants et sympathisants. Il leur a demandé de faire une campagne de proximité comme au temps où il était dans l’opposition.
Appel aux électeurs de Bédié
À la faveur de sa première intervention publique depuis la proclamation des résultats définitifs du premier tour, Gbagbo s’est montré incisif envers son adversaire Alassane Dramane Ouattara (ADO), dépeint en creux comme le parrain de la rébellion.
« On ne peut pas panser les plaies de la guerre quand on l’a occasionnée », a-t-il martelé. « Beaucoup d’entreprises ont fermé ou délocalisé à cause de la guerre. Les Ivoiriens sont devenus plus pauvres parce que vous avez fait la guerre ! », a-t-il lancé au camp adverse. Insistant sur la « catastrophe » qui est encore plus criante dans les zones contrôlées par l’ex-rébellion et sur les 3 000 milliards de F CFA de pertes entraînées par la crise ivoirienne.
Commentant l’appel de Bédié à voter pour Ouattara au second tour, Gbagbo s’est adressé à ses électeurs. « Regardez bien le coup d’État de 1999, qui est en dessous ? Si vous aimez Bédié, vous devez voter pour celui qui l’a fait revenir d’exil, plutôt que celui qui l’a fait partir en exil », a-t-il lancé.
« Le candidat de l’étranger »
Accusé de ne pas avoir assez défendu son bilan et présenté ses propositions pour l’avenir, le chef de l’État sortant a fait de longs développements sur les « réformes » entreprises « malgré la guerre » et évoqué des projets pourvoyeurs d’emplois, dans le secteur des mines et de l’agro-industrie. Des thèmes qui seront développés par ses lieutenants tout au long de campagne officielle qui commence lundi prochain.
À propos du « coup de gueule » de la diplomatie ivoirienne après la visite d’Alassane Ouattara au Sénégal, Gbagbo n’a pas été tendre avec son homologue Abdoulaye Wade. « La Côte d’Ivoire est la Côte d’Ivoire. Il faut qu’on nous respecte. N’importe qui ne peut pas venir jouer dans notre maison. » Gbagbo a ironisé sur Ouattara, « le candidat de l’étranger ». « Après le Sénégal, il est aujourd’hui au Burkina. »
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