Le président sortant Laurent Gbagbo a été avantagé par l’audiovisuel public lors du premier tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, a dénoncé l’organisation Reporters sans frontières qui a tenu une conférence de presse à la Maison de la presse d’Abidjan pour faire le bilan de son monitoring des médias ivoiriens pendant la campagne du premier tour de l’élection présidentielle (15-29 octobre 2010).
Graphiques à l’appui, l’organisation a d’abord présenté les conclusions préliminaires tirées de l’observation de la campagne du premier tour et a adressé des recommandations aux instances de régulation et aux médias pour la campagne du second tour qui opposera, du 20 au 26 novembre, le président sortant Laurent Gbagbo au leader du Rassemblement des Républicains (RDR), Alassane Ouattara.
Reporters sans frontières a annoncé qu’elle écrirait dans les prochains jours aux deux candidats figurant au second tour pour leur demander, s’ils sont élus, de s’engager à respecter scrupuleusement la liberté de la presse et à garantir le pluralisme de l’information, notamment en libéralisant l’audiovisuel.
Devant une soixantaine de personnes (journalistes ivoiriens et étrangers, société civile et partenaires de la communauté internationale), Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, a salué une campagne pour le premier tour « globalement équilibrée et apaisée », soulignant toutefois les écueils observés dans les médias de l’audiovisuel public (la chaîne de télévision La Première et Radio Côte d’Ivoire). « L’absence de dénigrement des différents candidats, à l’exception de quelques articles de la presse privée partisane bien sûr, est un point très positif. La Première et la RCI gagneraient cependant à corriger les déséquilibres de temps d’antenne observés pendant la campagne du premier tour. Pour la campagne du second tour, ces deux médias doivent placer Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara sur un pied d’égalité », a-t-il déclaré. Avant lui, Jocelyn Grange, chef du projet de monitoring, avait présenté l’équipe d’observateurs, expliqué la méthodologie utilisée, et livré les premiers résultats de la mission.
Reporters sans frontières a salué le ton neutre employé par les médias audiovisuels publics pour couvrir la campagne, mais a souligné que les temps d’antenne octroyés au président sortant Laurent Gbagbo avaient été nettement supérieurs à ceux des autres candidats.
L’organisation a par ailleurs félicité le quotidien public Fraternité Matin, lequel a rempli sa mission de service public en offrant à ses lecteurs une information impartiale et équilibrée sur les 14 candidats en lice. Enfin, elle a regretté que les couvertures extrêmement partisanes des trois quotidiens privés Notre Voie, Le Patriote et Le Nouveau Réveil aient parfois donné lieu à des dérapages.
Reporters sans frontières a demandé à La Première (la principale chaîne de télévision du groupe public RTI) et à Radio Côte d’Ivoire (RCI) d’assurer une couverture plus raisonnable des activités présidentielles de Laurent Gbagbo durant la campagne du second tour.
L’organisation a finalement encouragé le Conseil national de la presse (CNP) à continuer d’exercer sa plus grande vigilance sur la presse écrite et a recommandé au Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA) d’exercer son rôle de régulateur en faisant preuve d’une plus grande impartialité
cote-ivoire.com
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