Pascal Affi N’Guessan, lors d’une conférence de presse, a relevé, le vendredi 6 novembre dernier, au Qg de campagne du président Laurent Gbagbo, certaines irrégularités observées au nord concernant le premier tour de l’élection présidentielle. Toutefois, le porte-parole du candidat de La Majorité présidentielle reste confiant pour le second tour du scrutin. La politique n’est pas de l’arithmétique “Si on additionne les voix d’Alassane Ouattara et celles de Henri Konan Bédié, il y a un résultat largement supérieur à celui de Laurent Gbagbo. Oui, c’est vrai, mais ça, c’est de l’arithmétique. Or, l’élection, la politique, ce n’est pas de l’arithmétique. Donc, il ne faut pas conclure mécaniquement que comme la somme des voix est supérieure à celle de Laurent Gbagbo, alors politiquement, électoralement, leur candidat va sortir vainqueur de cette compétition. Ce n’est pas comme ça que ça se passe en politique. Il faut regarder à l’intérieur quel est le 2ème choix de tous les électeurs qui ont voté pour Henri Konan Bédié au premier tour. Un électeur n’a pas plusieurs choix et c’est pourquoi je parlais tout à l’heure de vote d’élimination au premier tour. Le premier tour permet de sélectionner les deux de la liste qui constituent les principales préférences des électeurs. Mais celui qui a voté pour Henri Konan Bédié peut avoir hésité entre Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo par exemple, c’est-à-dire qu’il peut avoir placé Laurent Gbagbo comme son 2ème choix. Et Laurent Gbagbo peut être le 2ème choix des 25 % de l’électorat qui a voté pour Henri Konan Bédié. Donc cette arithmétique là aussi est possible. A savoir qu’au 2ème tour, tous ceux qui ont voté pour Henri Konan Bédié se reportent sur Laurent Gbagbo parce que Laurent Gbagbo est leur 2ème choix. Et je considère qu’à l’heure actuelle, il y a plus d’éléments objectifs en faveur de cela qu’en faveur d’Alassane Ouattara. Parce que, objectivement, qui est le principal responsable des malheurs du Pdci-Rda aujourd’hui ? Qui a déclenché la guerre des héritiers ? Qui a renversé le Pdci en 1999 ? C’est bien Alassane Ouattara. Donc c’est pourquoi, je disais tout à l’heure qu’il a entrepris une opération de sape depuis 1993. C’est lui qui a compliqué la succession d’Houphouet-Boigny. Parce que, déjà en 1993, il n’était pas disposé à laisser l’article 11 de la Constitution s’appliquer et permettre à Konan Bédié de succéder à Houphouet-Boigny. Je veux dire que les malheurs du Pdci-Rda sont venus principalement d’Alassane Ouattara. Si, aujourd’hui, le Pdci, l’ancien parti unique, ne peut même pas accéder au second tour d’une élection présidentielle, qui en est le responsable ? C’est bien Ouattara, lui qui a commencé d’abord à le fragiliser en créant le Rdr. C’est lui qui a cassé le Pdci et terrassé le Pdci en organisant le coup d’Etat de 1999. Donc, aujourd’hui, tout militant responsable du Pdci-Rda ne peut pas, objectivement, accepter d’installer au pouvoir celui qui est la source de leurs malheurs. C’est çela la réalité politique et c’est cela la dimension que les électeurs devront prendre en compte. C’est pourquoi, tout à l’heure, je disais que le 2ème tour est un défi au bon sens. Je pense particulièrement aux militants du Pdci-Rda, avant même de penser à l’ensemble de la Côte d’Ivoire. Parce que, pour l’ensemble de la Côte d’Ivoire, c’est ce même défi qui est posé. Peut-on accepter raisonnablement d’installer au pouvoir celui qui est la source de nos malheurs ? Celui qui, depuis son irruption sur la scène politique, n’a travaillé qu’à fragiliser la cohésion nationale ? D’abord, par sa politique économique qui a été un échec patent, qui a créé de nombreuses difficultés aux populations ivoiriennes sans qu’en retour, on n’ait pu tirer quelque dividende que ce soit en termes de redressement de l’économie. Ensuite à la démocratie ivoirienne. Nous n’oublions pas qu’Alassane Ouattara est l’auteur du 18 février 1992. Donc agression contre les libertés, tentative de confiscation du pouvoir à la mort d’Houphouet-Boigny, coup d’Etat militaire en 1999. Tentative d’assassinat de feu le général Guéi parce que les militants du Rdr pensaient qu’il était là uniquement pour préserver le fauteuil présidentiel en attendant l’arrivée en Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara. Il s’est brouillé avec le général Guéi dès février 2000. Il a été obligé de chasser ses ministres du gouvernement en mai. Ses sympathisants et sa direction ont tenté d’assassiner le Général (Guéi) sans succès. Ils ont repris cela en septembre 2000. Et ce sont les mêmes qui ont échoué dans leur volonté de récupérer le pouvoir par la force et qui n’ont pas réussi qui sont revenus dès que Laurent Gbagbo a été installé au pouvoir en octobre, qui ont tenté en décembre, en janvier 2001 et ensuite en septembre 2002. Donc quelqu’un qui, depuis qu’il a mis les pieds en Côte d’Ivoire, n’a qu’une idée fixe : s’approprier le pouvoir par tous les moyens en recourant particulièrement à la violence. Les Ivoiriens ne peuvent pas, objectivement, se coucher et légitimer cette volonté d’accaparement par tous les moyens. C’est pourquoi c’est un défi important pour la démocratie, pour le processus, pour les efforts que nous avons consentis depuis toujours, mais en particulier depuis 1990 pour enraciner la démocratie en Côte d’Ivoire. Cette élection est aussi une épreuve de la démocratie. Il faut que nous remportions et nous sommes persuadés de remporter cette épreuve-là. Parce que les Ivoiriens ont démontré qu’ils sont attachés à la démocratie, qu’ils veulent avancer, qu’ils veulent moderniser la Côte d’Ivoire. Ils l’ont démontré en 1990; ils l’ont démontré en 2000; ils l’ont démontré en 2002. Je suis sûr qu’ils feront une démonstration éclatante à l’occasion du 2ème tour de l’élection présidentielle. Nous sommes convaincus que, dans le contexte actuel, il n’y a qu’un seul choix qu’il vaille la peine de faire, c’est le choix de Laurent Gbagbo. Parce que c’est celui-là qui incarne le redressement national; c’est celui-là qui est porteur de modernisation politique et économique de la Côte d’Ivoire; c’est celui-là qui est l’auteur et l’artisan de la fermeture de la fracture sociale, qui est progressivement en train de s’étendre sur l’ensemble du territoire, qui est sorti de sa zone ethnique pour aujourd’hui rassembler autour de lui une large majorité d’Ivoiriens, toute tendance politique, toute origine ethnique, géographique réunie. C’est celui-là qui peut promouvoir la cohésion sociale. Il faut que les Ivoiriens se rassemblent. Le Rhdp n’est pas une réalité politique. C’est un accord au sommet, c’est un accord qui a été conclu sans l’aval de la base du Pdci-Rda. C’est un accord qui ne saura prospérer lorsque le moment sera venu pour les Ivoiriens et pour les électeurs du Pdci-Rda de faire le choix, et ils feront le bon choix. Celui de Laurent Gbagbo”. La population électorale du Nord s`est accrue de façon extraordinaire “Ce que nous entendons par score étonnant au nord, ce sont les chiffres. D’abord les chiffres de la population électorale. Cette population électorale s`est accrue de façon extraordinaire. La population électorale représente, en général, la proportion de la population totale d`une période donnée. Lorsqu`on regarde les autres régions de Côte d`Ivoire, la population électorale représente autour de 40% de la population totale. Ça, c`est la moyenne nationale. Quand on regarde le nord, on a deux fois et deux fois et demi la proportion d`électeurs. Cela, le minimum, c`est 100%. Il y a des régions où il y a même 200% d`électeurs par rapport à la population estimée en 2010. A partir d`une analyse faite par Wikipedia, vous avez, dans la région de Korhogo, une population estimée en 2010 et qui devait être 212 546 habitants. Nous avons 194 485 électeurs inscrits, soit 91% de la population, c’est-à-dire que presque toute la population était en âge de voter. Mais, plus grave, dans une région comme Ferkessédougou, la population estimée en 2010 devrait être de 82 184 habitants, nous avons 92 926 inscrits, c’est-à-dire 149% de la population. Dans une région comme Mankono, nous devrions avoir logiquement 23 724 habitants en 2010, il y a 57 807 inscrits, c’est-à-dire 243% de la population estimée. Il y a un problème. C`est le 1er élément. Mais le 2ème élément, c`est que, dans la Côte d`Ivoire d`aujourd`hui que nous la connaissons, par rapport à tous les efforts de démocratisation entrepris depuis toujours, mais en particulier depuis 90, il est impensable qu`un candidat puisse recueillir dans toute la région 95% des voix, c’est-à-dire une sorte de parti unique dans ce territoire. Ce n`est pas possible dans la Côte d`Ivoire d`aujourd`hui. Surtout que ce candidat n`est pas le candidat au pouvoir. Et que, face à lui, il y a un candidat au pouvoir qui a eu à poser des actes, qui a eu à organiser des tournées, et où partout il a été reçu, il y a de grandes mobilisations. On ne peut pas dire que tous ceux qui se sont rassemblés à l`occasion des meetings du président Laurent Gbagbo dans les zones du nord sont venus uniquement par courtoisie ou par esprit civique. Il y a quand même quelques sympathisants, quelques électeurs. Il y a même des militants de son parti qui y sont. Où sont-ils passés ? Et si l`on ajoute à cela le fait que c`est une zone qui est encore sous l`emprise de la rébellion, on peut donc trouver et donc conclure que, manifestement, ce score ne reflète pas la réalité. Ce score ne traduit pas une adhésion à Alassane Ouattara et à son parti. Ce score est artificiel. Même si des éléments de preuve sont à rechercher, mais, dans un premier temps, nous pouvons conclure à cela. Donc c`est ce que nous avons voulu dire lorsque nous parlons de score étonnant. Il y a quelque chose et il est bon de chercher à identifier ce quelque chose et à prendre les dispositions pour l`éradiquer. Nous allons rechercher des explications à ce vote massif, à ce vote soviétique. Et, par rapport aux éléments que nous allons identifier, nous prendrons les dispositions. Les dispositions à prendre ne sont pas forcément déclinées en des réclamations. Nous pouvons prendre des dispositions par rapport au second tour pour veiller à ce que le second tour se fasse conformément à la réalité électorale sur le terrain. Mais, si d’aventure, l’opportunité est offerte aussi de faire autre chose, nous le ferons. Nous avons aussi noté que la sécurité n’était pas suffisamment renforcée dans ces zones. Il faut le faire de manière à ce que les électeurs ne soient pas l’objet d’intimidation, que les électeurs soient mis en confiance, que la sécurité soit garantie, pour qu’ils puissent s’exprimer librement et sans crainte de représailles et qu’ils puissent faire le choix qu’ils comptent faire par rapport au 2ème tour. Donc il y a des actions que l’Etat devra entreprendre et des actions que nous-mêmes, organisation politique, devrons entreprendre .
Propos recueillis par Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr
Notre Voie
Commentaires Facebook