La Rénovation du PDCI-RDA et la reconquête du pouvoir d’Etat en Côte d’Ivoire

Par Dr SERGE-NICOLAS NZI – Chercheur en Communication

La Rénovation du PDCI-RDA et la reconquête du pouvoir d’Etat en Côte d’Ivoire

I – La rénovation dont nous faisons état ici est une opération politique par laquelle on introduit des éléments nouveaux pour remplacer les matériaux défectueux ou endommagés, afin de renforcer la structure d’un parti politique déliquescent, par le renforcement de ses méthodes de travail, de prise de décisions et surtout de savoir lire les signaux de mutations de la société pour mieux répondre aux attentes des citoyens.

Cette opération délicate pour conduire un tel aggiornamento, nécessite plus que jamais le courage, l’humilité et surtout la lucidité. La lucidité n’est pas un terme vague, ni une parole sans signification que prononce facilement un perroquet. Être lucide dans les temps nouveaux dont nous sommes tous les témoins, c’est avoir de la clairvoyance, pour bien évaluer les risques à long terme des actes d’aujourd’hui ainsi que les défis que nous imposent les temps nouveaux.

Cela permet de bien analyser les évènements, de comprendre très vite les difficultés qui se profilent à l’horizon pour éviter de se faire mal demain en évitant aujourd’hui d’insulter l’avenir. La lucidité dans ce sens permet de retrouver les voies de la cohérence là où on risque de répéter les erreurs d’hier qui nous avaient conduit dans les impasses douloureuses de l’histoire.

La Lucidité suppose donc du bon sens dans la réflexion, le sens du discernement, l’esprit critique, la capacité de se remettre en cause pour rebondir sur ses deux pieds. La campagne électorale sans conviction du président du PDCI-RDA, Henri Konan Bedié et ses suiveurs était-elle à la hauteur des attentes des ivoiriens ? Son alliance avec le Dr Allassane Ouattara, lui a-t-il été profitable ? Ou alors n’est-elle pas la source de son échec électoral ?

Nous pensons sincèrement pour nos frères et sœurs de ce parti que la défaite du PDCI et de son président dans le scrutin électoral présidentiel du 31 octobre 2010 dernier doit être l’occasion pour tous les militants et dirigeants de la section ivoirienne du rassemblement démocratique africain d’une remise en cause profonde s’ils veulent reconquérir le cœur des ivoiriens et revenir aux affaires pour exercer le pouvoir d’Etat.

Celui qui écrit ces lignes n’appartient à aucun parti du marigot politique ivoirien. Nous observons depuis quelques années, l’évolution de ce parti et les mutations que traversent la Côte d’Ivoire. Qu’à fait le PDCI pour être proche des ivoiriens depuis le putsch du général Robert Gueï ?

II – La reconnaissance des ivoiriens au PDCI-RDA

Il n’y a aucun ivoirien digne de ce nom qui peut aujourd’hui rejeter la contribution positive du PDCI-RDA à la lutte pour l’Indépendance. C’est le parti qui a porté le flambeau du nationalisme ivoirien face à l’occupation coloniale.

C’est dans cet esprit qu’il a remporté toutes les consultations électorales de1946 à 1990. C’est dans ce même esprit que les autres partis ivoiriens avaient rejoint le PDCI-RDA en 1956. On ne peut pas dire aujourd’hui que les ivoiriens sont contre le parti émancipateur, son pacte national et contre l’unité nationale qui avait fait de lui un parti unique?

Car en définitif notre peuple a fait de grands sacrifices d’amour propre pour jeter les bases de cette unité nationale tant chantée au PDCI. Nous voulons rappeler ici que le PDCI en tant que parti unique, est issu d’un pacte national consensuel qui avait existé en Côte d’ivoire à la veille du gouvernement de la loi cadre de 1956.

Il résultait d’un dialogue national utile entre les partis politiques de l’époque. Ils avaient ensemble tirés les leçons des événements sanglants de 1949 à 1950. Car plus que les divergences idéologiques, c’est le fondement tribal de certains partis politiques qui avait poussé les ivoiriens à tuer d’autres ivoiriens.

On ne le dit pas assez, mais c’est ce pacte national qui avait donné naissance au parti unique ivoirien, né de cette fusion par absorption des six partis politiques de la Côte d’Ivoire en 1956. Il s’agit du PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny, du MSA – mouvement socialiste africain – de Dignan Bailly, du BDE – le bloc démocratique éburnéen – d’Etienne Djaument, Le PPCI – le parti progressiste de Côte d’Ivoire – de Maître Kouamé Binzème, UDICI -L’union des indépendants de Côte d’Ivoire – de Kacou Aoullou qui fusionna avec des ressortissants du nord pour donner naissance à l’ EDICI – l’entente des indépendants de Côte d’Ivoire que présidait Sékou Sanogo.

Le PDCI, ne le dit pas assez, et pourtant cela est tout à fait à son honneur, au congrès du RDA à Bamako les 18, 19, 20 et 21 octobre 1946, le député Houphouët-Boigny, avait insisté auprès des autres partis politiques de son pays pour qu’ils constituent une délégation commune avec le PDCI, le parti Progressiste de Côte d’Ivoire, le Parti de Maitre Kouamé Binzème, était représenté, Sékou Sanogo, le président de l’EDICI, en personne était présent dans la délégation ivoirienne à la constitutive du RDA à Bamako.

L’objectif poursuivit était l’unité nationale à travers un grand parti de masse, regroupant tous les partis politiques constitués avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire dans le but de permettre à tous les enfants du pays d’aller ensemble à l’indépendance, afin de mettre toutes leurs énergies au service de la Côte d’Ivoire, et de la construction nationale. Vaste programme plein de bon sens et de bonnes intentions.

Nous constatons avec regret que le parti unique à encouragé le tribalisme, le népotisme et n’a pas réussi la construction de l’unité nationale. Il fut liberticide. Mieux les Dignan Bailly, Gris Camille, Tidiane Dem, les Sékou
Sanogo, Issa Bamba, Kouamé Binzème, Kacou Aoullou et autres se sont retrouvés en prison à Yamoussoukro. Il ne s’agit pas ici d’un roman ou d’un film, mais d’une des sombres réalités de la vie politique ivoirienne qui nous fait douter des bienfaits du parti unique qui avait créé une oligarchie tribale de politiciens et d’affairistes profiteurs, qui n’avaient que l’argent facile et la délation comme maître et but de vie. Le parti unique tel que mis en place en 1956, a accentué les disparités régionales en créant des dualités dans le corps social de la Côte d’Ivoire.

L’un des problèmes majeurs de la Côte d’Ivoire, hier comme aujourd’hui, est celui de la répartition du pouvoir au sein de l’Etat. Il existe des disparités entre les populations privilégiées et les populations négligées, entre des populations rurales et les populations urbaines, entre les individus instruits et les illettrés, entre les riches et les pauvres, ainsi qu’entre de nombreux groupes de la société ivoirienne.

Certaines de ces disparités sont la résultante du mauvais usage qui a été fait de l’exercice du pouvoir politique de 1960 à ce jour. Les innovations récentes sont venues s’y ajouter et les ont aggravé. L’un des éléments nouveaux a été l’excessive centralisation du pouvoir jointe à l’existence d’une bureaucratie, hautaine, médiocre et inefficace. C’est dans ce domaine que le futur gouvernement doit mettre de l’ordre dans la maison, avant de se lancer dans des projets pharaoniques de reconstruction post-conflit.

III – Jean – Baptiste Mockey et le nationalisme ivoirien

À la suite des évènements sanglants du 6 février 1949, 300 personnes furent emprisonnées à Grand-Bassam, commune située aujourd’hui à 30 km d’Abidjan. Leurs noms méritent d’être connus. Albert Paraiso, Bernard Binlin Dadié, Ekra Vangah Mathieu, Jacob Williams, Jean-Baptiste Mockey, Lamad Camara, Philippe Vieyra et Réné Sery Koré. Une remarque s’impose ici, pour dire que de ces huit hommes, six sont décédés.

En effet il ne reste que Le ministre d’Etat, Ekra Mathieu, aujourd’hui malade et Grand médiateur de la République et l’ancien ministre de la Culture, l’écrivain, Bernard Dadié, président du CNRD, proche de l’actuel président Laurent Gbagbo. Tous les autres anciens prisonniers du PDCI-RDA, sont aujourd’hui décédés. Nous constatons qu’aucun d’eux n’est mort riche, aucun d’eux n’avait organiser une fête dans son village pour célébrer l’argent qu’il avait sur son compte en banque.

C’est beaucoup plus leur humilité, leur foi dans l’espérance d’une Côte d’Ivoire libre, qui est le capital qu’ils ont laissé aux hommes et aux femmes de notre génération. Leur chef de fil était incontestablement Jean-Baptiste Mokey. Curieux destin pour ce pharmacien dont l’officine se trouvait dans le quartier populaire de Trechville.

C’est l’homme qui prononça, le 27 novembre 1948 devant le conseil général de Côte d’Ivoire, un réquisitoire cinglant, contre tous les colons qui voulaient se livrer à la spéculation foncière sur les rives de la Lagune Ebrié : < < il nous faut garder cette terre et faire en sorte qu’il soit désormais impossible à toute personne ou à toute société venue de l’extérieur de se voir attribuer à tout jamais, d’importants domaines. J’insiste sur le mot définitivement. >>

L’orateur s’attaquait sans équivoque aux puissants intérêts coloniaux au nom de la majorité des nationaux. Incorruptible, il avait soutenu jusqu’à sa mort qu’il était un ami de la France, mais qu’il ne sera jamais un agent français.
Si on ajoute à ce discours l’importante déclaration de Jean-Baptiste Mockey devant les assises du tribunal de Grand Bassam, le 2 mars 1950, on retrouve dans les faits un homme, qui n’a pas mangé au pain moisi de la combine mafieuse. L’indépendance nationale et la liberté d’exiger le meilleur pour son pays était le but sa vie. Incroyable retournement de situation et par une sorte d’ironie dont la grande hache de l’histoire a le secret, c’est dans la Côte d’Ivoire indépendante, que Jean-Baptiste Mockey, l’inspirateur du nationalisme ivoirien, sera fait prisonnier dans le bagne concentrationnaire de Yamoussoukro Assabou.

Une prison toute neuve construit par un chef d’Etat, dans son propre village pour y embastiller l’aile nationaliste de son propre parti, et cela dans le seul but de plaire aux intérêts français dans son propre pays. N’est ce pas notre frère Bernard Dadié qui disait : < < elles sont lourdes, lourdes les chaînes que le nègre met au cou du nègre pour complaire aux maîtres du jour.>>

C’est le flambeau de ce nationalisme ivoirien que notre frère le ministre Bernard Blin Dadié, avait remis à Laurent Gbagbo, le jour de son investiture au palais des congrès de l’hôtel ivoire pour que l’Etat nation dont nous sommes les fils ne soit plus jamais à plat ventre devant les intérêts étrangers. Pourquoi c’est à Laurent Gbagbo, que cette flamme a été remise ? Comment peut-on expliquer aujourd’hui aux ivoiriens que la flamme de leur fibre nationaliste est portée par le FPI, mouvement politique créé dans les années 1980? Cela n’interpelle t-il pas le PDCI-RDA ?

IV – L’Aggiornamento du PDCI-RDA

L’aggiornamento, c’est se mettre à jour et vivre en affrontant, les réalités de son temps. Cela suppose une remise en cause des méthodes de travail du parti. N’y avait-il pas une erreur de casting au départ ? Henri Konan Bédié était-il le plus indiqué pour succéder au fondateur de la Côte d’Ivoire moderne ?

Son avènement à la tête de l’Etat, n’était-il pas un accident de l’histoire. Si non un mauvais casting ? Comment peut-on expliquer aujourd’hui la surfacturation des complexes sucriers et les scandales financiers liés à la gestion de notre pays par Henri Konan Bédié et sa clic de prédateurs, n’ont-ils pas favorisé la décomposition de l’Etat ? Cette dernière interrogation est de notre frère le Dr Balla Keita au lendemain du putsch de Noël 1999.

Il faut trouver des réponses urgentes et honnêtes à toutes ces questions pour sortir de la mare boueuse dans laquelle le PDCI-RDA s’est embourbé depuis 1990 jusqu’à nos jours. C’est en refusant de voir la vérité en face que le PDCI à favorisé par ces contradictions, la naissance de l’UDPCI et du RDR, dont-il est l’allier aujourd’hui.

V – Pour aller de l’avant

Quand on a encore un peu d’estime de soit, il faut être capable de se poser les bonnes questions pour réapprendre à marcher comme dans une sorte de physiothérapie. Pourquoi rien n’a été fait pour ramener dès le début les dissidents du RDR au sein du PDCI ? Pourquoi cette chasse aux sorcières contre des gens comme Fologo, Djéni Kobenan, Akoto Yao et autres ?

Pourquoi le Bureau politique du PDCI est-il aujourd’hui absent dans la vie du Parti, alors qu’il est l’organe de guidance et d’exécution de la marche du parti vers le pouvoir ? L’alliance avec Allassane Ouattara et le RDR, est-elle l’émanation de la base ou de Bédié en tant que président du Parti ?

L’image pitoyable du président Bédié en campagne, entouré de Djikahué Kacou Maurice, Patrick Achy, Amah Téhoua, Zady Kessi, Ouassénan Koné, Amoikon Edjampan, Noël Nemlin, etc.. c’est çà le PDCI ? Où sont les autres ?

La réponse est simple beaucoup ont rejoint Gbagbo et ceux qui y sont comme Constant Bombet ou Camille Aliali, Jean Konan Banny, sont tous désabusés et déçus, le cœur n’y est plus. C’est dans cette ambiance de chronique d’une défaite annoncée que le président Bédié avait refusé de participer à l’émission de télévision de la campagne au nom de considérations qui ont achevé de convaincre les ivoiriens sur son incapacité à sortir de l’histoire pour vivre avec les réalités de son temps.

Cette alliance avec le RDR, que nous évoquions plus haut, n’est-elle pas contre nature, sinon le fruit de la désaffection de la base du Parti contre sa propre direction ? Que devient le mandat d’arrêt international du régime Bédié contre le Dr Allassane Dramane Ouattara ?

Pensez vous que le Dr Ouattara par une sorte d’amnésie a oublié l’arrestation de sa mère, une femme très âgée et son interrogation pendant des heures par la police du régime des bédéistes triomphants ? Comment expliquer aujourd’hui aux militant du PDCI-RDA qu’Allassane et Bédié sont amis, et se donnent l’accolade en public en fumant le calumet de la paix et de la fraternité ?

Où était Henri Konan Bédié, quand les femmes se faisaient éventrer et que les autres ivoiriens non ressortissants du nord perdaient tous leurs biens à Odienné, Korhogo, Katiola, Niakara, Ferké ou Béoumi ? Quel sens le PDCI-RDA a-t-il donné à l’immense clameur de joie qui c’était emparé des ivoiriens à l’annonce du putsch du général Robert GUEÏ ? L’ensemble de toutes ces questions conditionnent la rénovation du parti et nous les relevons ici sans état d’âme.

VI – Les pesanteurs du PDCI-RDA

Tous ceux qui comme nous observent le fonctionnement du PDC-RDA se rendent comptent que ce parti a créé lui-même les conditions de son inefficacité au plan fonctionnel. Pourquoi le PDCI n’a t-il pas organisé un congrès comme cela se fait dans tous les partis politiques pour désigner son candidat à l’élection présidentielle ?

Le maintient d’Henri Konan Bédié un homme âgé de 77 ans à la tête du Parti en violation de ces propres textes qui fixent la limite d’âge de la présidence du parti à 75 ans révolus n’était-il pas une erreur ? Où étaient les instruments internes de médiations du parti quand l’anathème et la radiation frappaient des hommes et des femmes comme Henriette Lagou, NZI Paul David, Gnamien Yao, Laurent Dona Fologo et autres ?

Pourquoi le PDCI-RDA, dans son entier a-t-il soutenu la cabale de l’ivoirité contre le Dr Allassane Dramane Ouattara ? Les membres du PDCI-RDA ont gardé depuis l’indépendance cette habitude qu’ont les animaux de la grange, qui consiste à ne pas s’éloigner de la mangeoire ou alors < < on sèche son linge là où le soleil brille >>.

C’est tout cela qui va affaiblir et accentuer la division du PDCI-RDA à la veille du second tour des élections présidentielles fixé au 21 novembre prochain. C’est un risque réel d’implosion qui se dessine à l’horizon, qu’il faut prendre très au sérieux dès maintenant.

Que Gagnerais le PDCI en s’alliant au Dr Allassane Dramane Ouattara ? Est-ce qu’un appel de ralliement au candidat du RDR est une bonne affaire pour le PDCI-RDA à un moment ou ce parti veut récupérer le flambeau du nationalisme ivoirien qui est totalement aux mains des refondateurs du FPI ?

Nous pensons sincèrement que la force de la démocratie, réside aussi dans le fait que dans une démocratie, on peut se poser des questions sans être sûr de détenir les réponses, car dans un système totalitaire on évacue les questions gênantes en tuant celui qui les pose sur la place publique. Cette coercition permet de tuer la pensée gênante et la liberté de penser qui est le trépied de la démocratie.

Nous devons poser toutes ces questions gênantes pour que le PDCI-RDA se réveille pour solder la querelle de succession des Houphouëtistes, qui est le virus qui conduira sans doute ce parti vers la tombe, pour faire du RDR, le parti qui tirera les marrons du feu en ramassant tranquillement l’héritage incontournable de Félix Houphouët-Boigny, c’est-à-dire l’étendard du RDA et tout ce qui va avec dans la vie politique ivoirienne.

La lucidité étant une exigence de l’histoire humaine, nous ne cacherons pas le fond de notre pensée sur le mode de fonctionnement de ce parti. Cela étant dit revenons à la marche interne du PDCI-RDA, pour comprendre que ce parti a créé lui-même les conditions d’un mode opératoire inefficace, passéiste et rétrograde.

Comment peut-on reconquérir le pouvoir d’Etat avec des structures et des organes passéistes aussi pléthoriques qu’inefficaces ?

– 9 vice-présidents pour seconder le président du Parti
– Un Grand conseil complètement absent de la vie du parti
– Un conseil politique de 296 personnes
– Un bureau politiques de 753 personnes
– 16 membres au conseil de discipline
– 33 membres dans le conseil de l’ordre du bélier
– 21 Membres dans le conseil de médiation
– 26 membres dans le conseil de promotion de la femme
– Auxquels il faut ajouter les secrétaires nationaux ou délégués régionaux

Même le parti communiste soviétique au temps de sa splendeur n’était pas aussi centralisé et pléthorique dans son fonctionnement, que ce que nous montre le PDCI-RDA, aujourd’hui ! Sincèrement, ne sommes nous pas dans un cas de figure ou on a déployé un effort gigantesque pour construire l’inefficacité ?

Celui qui rédige ces lignes a examiné le fonctionnement du parti socialiste Chilien qui a porté Véronica Michelle Bachelet Jeria, au pouvoir. Celui du Parti des travailleurs brésiliens qui a porté, Luiz Inacio Lula Da Silva au pouvoir et celui du congrès national démocratique du Ghana qui a porté notre frère le Pr. John Atta Mills, au pouvoir.

Aucun parti politique au monde ne fonctionne avec une organisation hippopotamus aussi lourde et incapable de se mouvoir dans un environnement politique de reconquête qui nécessite un travail de proximité pédagogique et d’orientation des militants dans un pays malade, fragile et économiquement à genoux !

Celui qui écrit ces lignes n’a pas besoin du PDCI pour vivre. Il s’agit ici de pointer du doigt sans démagogie une pesanteur structurelle qui a joué contre le parti et ses ambitions de direction de l’Etat de Côte d’Ivoire. Il faut aussi voir la nature des hommes, car ce deuxième tour va voir des membres de la direction du PDCI-RDA ralliés au Dr Ouattara et d’autres au Parti de Laurent Gbagbo. Quel image les ivoiriens garderont-ils du parti après ces élections ?

Le PDCI-RDA est-il dans la meilleure position pour jouer le faiseur de roi ? Que restera t-il de lui en cas de victoire du Dr Ouattara ? Le PDCI est-il prêt à abandonner sans combattre la ligne du nationalisme intransigeant dans laquelle se reconnaissaient hier encore les prisonniers du RDA de Grand-Bassam, dont Jean-Baptiste Mockey , Ekra Mathieu et Bernard Dadié ?

Nous affirmons ici qu’aucune renaissance ne sera possible sans un début de réponses courageuses à toutes ces questions que nous considérons en tant qu’observateur comme les fondamentaux de la rénovation politique nécessaire pour l’aggiornamento de la section ivoirienne du rassemblement démocratique africain .

VII – Postulat de conclusion générale

Dans notre réflexion sur la rénovation du PDCI-RDA et la reconquête du pouvoir d’état en Côte d’Ivoire, nous nous sommes posés beaucoup de questions qui nous ont été inspirées par ce parti, ces méthodes de fonctionnement et les choix de son président dans la phase de crise politico-militaire qui a accompagné la perte du pouvoir par ce parti à la veille de Noël le 24 décembre 1999.

Il est possible que depuis les fauteuils moelleux de leurs salons certains militants ou certains dignitaires utiliseront l’anathème habituel pour nous dire qu’ils n’ont pas de leçons à recevoir de nous. Car la modestie et la remise en cause perpétuelle pour se reconstruire et faire face aux défis de notre temps, demandent un courage politique qui n’habite pas tout le monde.

Nous pouvons donc comprendre leur amertume. Mais nous gardons le droit d’approuver ou de rejeter tous les signaux qui vont dans le sens contraire de la raison chez le parti qui a conduit notre pays à l’indépendance. Nous devons être plus exigeant avec le PDCI-RDA, que les autres partis, car son destin est de cimenter la collectivité nationale et empêcher une fissure dans la digue de protection de la nation ivoirienne.

C’est donc sans rancunes ni rancoeurs que nous rappelons d’avance à tous ceux et ils sont nombreux qui penseront mal de nous. Que la mémoire des êtres humains est fragile, c’est pourquoi nous faisons état ici de notre crainte de voire le PDCI-RDA, connaître le même sort que l’Union soudanaise RDA, du président Modibo Keïta au Mali.
De même que l’union démocratique voltaïque RDA dans la Haute-Volta devenue Burkina-Faso, du Président Maurice Yaméogo. Que le parti progressiste nigérien RDA du président, Hamani Diori au Niger. Du Parti démocratique de Guinée RDA, du Président, Ahmed Sékou Touré. Du Parti progressiste tchadien RDA, du président François Tombalbaye.

En commun, tous ces partis politiques ont perdu le pouvoir pour n’avoir pas su voir loin en se remettant en cause à temps. Dans nos pays fragiles d’Afrique, voir loin en politique, c’est commencer par voir ce qui est sur le bout de votre nez, c’est à dire, le bien être des peuples que ces partis ont conduits à l’émancipation. Ne plus s’enfermer dans la négation des évidences, tel doit être selon nous la première règle de la politique comme un service au bénéfice des peuples de nos malheureux pays africains.
Au fond le plus important pour les ivoiriens, c’est la nature du ciment qui soude la collectivité nationale. Car la société ivoirienne d’aujourd’hui est la résultante d’une hybridation de populations favorisées par les aléas de l’histoire ( une longue histoire de sédimentation, de turbulence, de combats communs contre l’ordre colonial, de cohabitation et d’espérances communes). Voilà pourquoi nous parlons souvent de courage politique pour assumer la responsabilité de diriger notre pays, la Côte d’ivoire.

– Le courage en politique est d’abord une attitude, celle qui consiste à couper court à un enthousiasme démesuré, à rompre avec des peurs collectives, à s’opposer à des rumeurs, à ramener les sujets au niveau qui doit être le leur, en calmant les ardeurs des excités de son propre camp. Car on ne remporte pas une victoire contre la nation, mais avec la nation qu’on veut gouverner.
– Comme vous le constatez les conditions d’émergence et de stabilisation de la paix et de la démocratie en Côte d’Ivoire sont donc loin d’être remplies. Il s’agit de les explorer, de les expérimenter dans le mouvement même qui porte les ivoiriens à s’initier à la citoyenneté ; à se délivrer des catégories politiques du bien et du mal.
– À se défaire des opinions définitives et des oppositions tranchées ; à faire l’apprentissage de la diversité et de la tolérance, de la nuance et du compromis sur quelques valeurs essentielles entre Ivoiriennes, entre Ivoiriens ; à vivre en respectant les différences, en acceptant les divergences, en recherchant le consensus sur les équilibres du vivre ensemble et en s’accommodant pour le reste de vérités contraires, d’incertitudes partagées, de majorités et de minorités provisoires, de victoire partielles et de défaites surmontables.

Chers amis et chers compatriotes, l’une des grandes questions qui découle de notre modeste analyse et sa réponse, n’a pas varié. Oui nous voulons une Côte d’Ivoire digne et prospère pour tous ces enfants. Mais une Côte d’Ivoire debout, car c’est debout qu’on écrit l’Histoire !
Merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano ( Suisse)
Tel. 004179.246.53.53
E-mail : nzinicolas@yahoo.fr

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