Par Frédéric Couteau RFI
Ce sont les termes qui reviennent le plus souvent ce matin dans la presse guinéenne au lendemain du second tour de l’élection présidentielle. « Très forte mobilisation des électeurs », affirme le site d’information MédiaGuinée. Toujours aucun chiffre officiel sur la participation, mais MédiaGuinée, à l’instar de nombreux autres médias et observateurs, pointe le fait que « les Guinéens se sont massivement mobilisés ce dimanche 7 novembre pour accomplir leur devoir civique. Les bureaux de vote dans la capitale Conakry refoulaient du monde. Exceptionnelle mobilisation », s’exclame-t-il.
Kibarou, autre site guinéen d’information, constate que le scrutin a été « marqué par le calme et la sérénité » et rend un hommage tout particulier à la Fossepel, la Force Spéciale de Sécurisation du Processus Electoral, « qui n’a pas lésiné sur les moyens, affirme-t-il, pour l’accomplissement de sa noble mission. »
Terminer le travail…
Finalement, les Guinéens reviennent de loin, soupire Guinée Conakry Infos : « 133 jours se sont écoulés entre le premier et le second tour, rappelle le site d’information. Période au cours de laquelle, le pays et ses habitants ont frôlé l’embrasement et l’implosion. Période au cours de laquelle le tissu social et les fondements de la Nation ont été fortement ébranlés.
Au point que, s’exclame Guinée Conakry Infos, tout le monde voulait en finir avec cette foutue Transition et ce fichu processus électoral. Et le moins que l’on puisse dire, est que le pays ne s’en sort pas mal, constate le site. En dépit de la tension énorme de la campagne électorale et toutes les incertitudes, les Guinéens se sont fortement mobilisés. (…) Cependant, le travail est loin d’être terminé, tempère le site guinéen. C’est même maintenant qu’il commence. Le plus grand défi qui s’attache au vote d’hier demeure le fait d’en faire accepter les résultats aux uns et autres. »
Et pour Guinée Conakry Infos, désormais, « tous les acteurs doivent remettre la main à la pâte. La commission électorale n’a droit à aucune erreur. (…) Du côté du gouvernement, on doit veiller à adopter une attitude plutôt équilibrée. (…) Mais la plus grosse responsabilité dans l’issue globale de ce processus repose sur les épaules de Cellou Dalein Diallo et celles d’Alpha Condé et de leurs alliances respectives. Pour une fois, tous semblent, pour le moment satisfaits du déroulement global du scrutin. C’est à eux de mesurer la responsabilité historique qui est la leur. Qui consiste à amarrer le pays sur le vaisseau des nations démocratiques de la planète. »
Accalmie ?
Dans la presse de la sous-région, c’est le ouf de soulagement. « Cette fois-ci, c’est la bonne ! », s’exclame le site d’information burkinabé Fasozine. Ou encore, « l’apocalypse n’a pas eu lieu ! », soupire Le Pays, toujours au Burkina. « La Guinée est décidément un pays d’exception ! », affirme-t-il. « Ses fils et filles ont mis 133 jours pour organiser le second tour d’une élection dont le premier tour a eu lieu le 27 juin dernier. Mais mieux vaut tard que jamais et ce 7 novembre 2010, les Guinéens sont allés aux urnes. Et ce qui est important, c’est toujours avec le même engouement mais surtout le même calme que lors du premier tour. (…) Reste à espérer que jusqu’au 10 novembre, date des résultats provisoires, on ne réveillera pas les vilains démons. »
Pour sa part, Le Républicain au Mali formule ce simple vœu : « que Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé reproduisent leur accolade devant leurs compatriotes, l’Afrique et le monde, le jour où les résultats tomberont. »
Durcissement ?
La présidentielle en Côte d’Ivoire à présent. « Gbagbo et Ado, la campagne a commencé (pour le second tour) », constate le quotidien L’Inter. « Les deux postulants à la magistrature suprême disposent encore une fois de 15 jours pour aller convaincre les électeurs et avoir leurs suffrages. (…) Pour ce second tour, dont l’enjeu n’échappe à personne, il reste évident que les deux candidats iront à fond, estime L’Inter.
Au-delà des meetings publics et autres parades avec de longs cortèges de véhicules impressionnants, des militants mobilisés et arborant fièrement tee-shirts et casquettes à l’effigie du candidat, il s’agira désormais d’aller au corps à corps. » Et pour L’Inter, « à la différence du 1er tour, cette campagne pour le duel ultime pourrait être plus agressive, et beaucoup moins courtoise. »
D’autant que rien n’est joué, estime de son côté le quotidien Liberté au Togo, même si Bédié a appelé à voter Ouattara : « à première vue, écrit-il, si on réunissait les voix obtenues par les deux candidats (de l’opposition) au premier tour, Ouattara gagnerait mathématiquement la seconde manche devant Laurent Gbagbo. Cependant, tempère Liberté, il n’y a aucune logique dans les élections sur le continent et le report des voix de Bédié en faveur du candidat du RDR risque de ne pas être effectif étant entendu qu’il y a toujours eu de l’inimitié entre les militants des deux partis.
Et pour cause, ce sont les partisans du PDCI, rappelle le quotidien togolais, qui, ont pendant plusieurs années, stigmatisé le leader du RDR comme un étranger avec le concept d’Ivoirité (…). Sont-ils aujourd’hui prêts à suivre leur champion et à offrir leurs voix à quelqu’un qu’ils ont souvent présenté comme un non Ivoirien ? » Pour Liberté, « cette interrogation est le principal suspense qui entoure le second tour de l’élection présidentielle. »
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