J’ACCUSE – Par Tapé Félix Christian
Le premier tour de l’élection présidentielle est terminé et la phase la plus difficile commence. Les deux adversaires, Gbagbo et Ouattara sont bien connus ; ils se connaissent. Sous le régime de Bédié après la mort du Vieux, Gbagbo et Ouattara dit-on, ont eu un très bref flirt tactique appelé Front Républicain. En dehors de cela, tout les oppose de fond en comble. Tant sur le plan anthropologique, que culturel, et politique. Toutes les crises qui ont précédé, accompagné et suivi l’accession de Gbagbo à la Présidence de la République ne les rapprochèrent point profondément, même s’ils durent par moment composer, dans l’intérêt de la cause commune qu’ils servaient, à savoir sortir de la crise pour remettre en route le destin du peuple ivoirien et lui permettre de s’accomplir dans de meilleures conditions.
C’est un enjeu passionnant de les trouver face à face au second tour de l’élection présidentielle. C’est l’affrontement de deux symboles. C’est pourquoi l’occasion porte en elle l’opportunité de nombreuses vérités dont l’affirmation pourrait normaliser le panorama et le discours politiques ivoiriens. Le premier acte concret de sortie de crise a, dans l’ensemble limité les dégâts. La confirmation viendra du second tour. Malheur aux tricheurs ! Malheurs à ceux qui prennent leurs efforts de repositionnements personnels comme tactiques politiques. Malheur aux corrompus. Donc attention à ceux-là qui prennent leurs jeux sordides pour de la politique.
Pour n’avoir pas eu le courage de présenter un candidat unique, le RHDP a perdu l’occasion de vaincre au premier tour. Le moment est venu de respecter les pactes. Il ne s’agit pas seulement de respecter les pactes signés, mais il est surtout question de probité et de conviction politiques. On peut choisir de fouler au pied ce principe honorable du « pacta sunt servanda » mais on ne donne pas un bel exemple d’éducation populaire, et donc on ne mérite pas d’être « capo popolo » c’est-à-dire un leader. Qu’il soit clair que le deuxième tour est une confrontation directe entre Houphouétisme et Refondation. Il ne devrait plus y avoir de doute que le RHDP est le cartel de ceux de nos leaders politiques, qui, à une phase précise de la recherche de solutions, ont décidé de se mettre ensemble, sur la base d’affinités et principes qui les rapprochent les uns des autres. Les traitres et éternels hésitants ayant pris le large, la crème des crèmes restante ne devrait plus concéder à personne l’audace injurieuse de venir faire le marché en son sein.
C’est une question d’alternative que les singeries électoralistes ne doivent plus continuer à banaliser. Gbagbo doit avoir le courage de défendre la Refondation et revendiquer son rôle d’alternative. Si quelque opportuniste du PDCI veut passer avec lui, il peut le recruter mais sans se couvrir d’étiquette houphouetiste. Parce qu’à la fin, ces vagabondages et déplacements frivoles sont des indices d’un état d’esprit qui se répercute sur la gestion du bien publique avec un manque criard de scrupule et de civisme. Les transfuges se contentent du seul soutien du Président et cela les réconforte.
Certes, il n’est plus un secret pour aucun ivoirien sérieux qu’au sein de notre système politique les hommes d’honneur font très souvent défaut.
Si le RHDP ne se consolide pas, si le PDCI pour quelque autre raison ou considération se désolidarise de son allié du RDR, le plus vieux parti politique de Côte-d’Ivoire prend un virage qui l’affaiblira jusqu’à la disparition. Une alliance politique entre le PDCI et Gbagbo n’a pas de sens et ne peut comporter aucun avantage. Une alliance avec le RDR reporte le PDCI au pouvoir, lui permet de défendre et de poursuivre ses acquis, son propre patrimoine politique, et surtout de retrouver ses positions dans le pays en toute tranquillité. Le FPI ne peut créer les conditions d’un retour hégémonique du PDCI. C’est ça qui est la vérité. Mais pour celui qui a peu de conviction, cela représente peu. On parle déjà de manœuvre de recrutement. Au-delà de la conviction politique, la fidélité est une question morale individuelle. Chacun se regarde en dernier ressort, dans le miroir de sa propre conscience et fait son choix pour la postérité.
L’œil des dieux
Le pays s’efforce de sortir d’une décennie de souffrances et de douleurs. L’élection est une occasion qui favorise le renoncement à la retenue et au self control, quitte à s’excuser après et fermer la parenthèse. Le Président Gbagbo l’a témoigné durant ses quatre vingt dix minutes face aux électeurs. Mais il est aussi impérieux de rappeler que nos politiciens devraient s’efforcer d’éviter certains défoulements populistes, certaines libertés et déclarations qui ouvrent des parenthèses dont la fermeture coûtent très cher à la nation, en terme de sous et surtout de vies humaines. La crise qui est en train de se fermer n’en est-elle pas la plus fidèle illustration ? L’erreur est humaine, évitons d’en faire un style de vie ; nous serions les alliés du diable.
C’est pourquoi celui des deux candidats, Gbagbo et Alassane, qui se permettra de compromettre la vie de la nation au profit de sa propre victoire, verra pointé sur lui l’œil furieux de l’Eternel. Mais aussi le tribunal de l’histoire tôt ou tard le condamnera. Car, passés l’euphorie et les enthousiasmes des premières heures de la victoire, le dieu de la laïcité démocratique, le peuple souverain, sait toujours se réveiller ; il réussit toujours à sortir de l’état nébuleux de la drogue électorale pour trouver la vérité. C’est alors qu’il ne pardonne pas la manipulation, la tricherie, l’assujettissement, etc. et est prêt à tout pour réparer le tort subi. Les tentacules inévitables de l’incontournable Léviathan, la communauté internationale, seront toujours aux aguets pour nous apporter son soutien providentiel, avec bien sûr son cortège de joies, tristesses, et encombrements de tout genre pour l’Etat et pour la population.
Dans un sens comme dans l’autre, les deux candidats doivent s’efforcer de nous faire rêver au futur. Malheur à celui qui sèmera des germes de nature à ressusciter la crise évanescente. Nous venons de passer huit ans d’efforts à la recherche de solutions. Les problèmes de développement du système politique ivoirien reste encore à affronter ; c’est pourquoi celui des candidats qui se démontrera bassement mesquin rien que pour avoir les suffrages sera étiqueté comme l’ennemi de la Côte-d’Ivoire. Car il aura compromis et donc retardé encore le futur du pays.
A bon entendeur salut.
Tapé Félix Christian
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