A Abidjan, le soulagement avant un second tour «idéal»

THOMAS HOFNUNG in Liberation

Pour la communauté internationale, c’est – d’une certaine manière – le scénario idéal qui est sorti des urnes du premier tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire du 31 octobre. Les deux candidats, dont les partisans étaient les plus susceptibles de descendre dans la rue en cas de problème, se sont qualifiés pour le second tour, prévu pour le 28 novembre prochain. A Abidjan, où la population craignait des troubles lors de la proclamation des résultats, le soulagement est général.

D’après les chiffres provisoires fournis peu après minuit par la Commission électorale indépendante (CEI), Laurent Gbagbo obtient 38,3% des suffrages exprimés contre 32,08% à son grand rival du nord du pays, Alassane Dramane Ouattara (dit Ado). Le troisième ténor de la vie politique locale, l’ex-président Henri Konan Bédié, arrive bon troisième avec un peu plus de 25% des voix. Un choc pour lui et son parti, le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) qui a dénoncé, hier, un «tripatouillage» des résultats et demandé un recomptage.

A priori, il a peu de chances d’être entendu. A l’unisson, la communauté internationale s’est félicitée de la participation massive des électeurs ivoiriens à ce premier tour (80%) et de son bon déroulement. Le dépouillement des bulletins a, certes, été très lent, mais il a été suivi de près par l’ONU, dont le représentant sur place, Youn Jin Choi, est habilité à certifier les résultats. Elle veut aller de l’avant.

Second tour serré

La Côte d’Ivoire se prépare désormais au duel entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, et la bataille du second tour promet d’être sans merci entre les deux hommes pour capter l’électorat du PDCI. Certes, Laurent Gbagbo vire en tête: il a réussi à élargir sa base électorale traditionnelle, notamment à Abidjan, qui rassemble le tiers des électeurs. Mais il ne possède qu’un peu plus de six points d’avance sur son rival du Nord. D’ici au 28 novembre, ses partisans devraient accentuer leur campagne contre le «candidat de l’étranger», Alassane Ouattara, en jouant sur les réflexes nationalistes d’une partie de la population aux yeux de laquelle Ado n’est pas un «vrai» Ivoirien, mais un «Burkinabé».

Fort de son expérience de Premier ministre au début des années 90 et d’ancien directeur du FMI, Ouattara, lui, devrait continuer à se présenter comme l’homme du changement, le seul qui puisse redresser une situation socio-économique en lambeaux après dix ans de crise. En théorie, il doit bénéficier du soutien de Bédié, dont il est l’allié depuis 2005 au sein d’une coalition électorale, le RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour le développement et la paix). Bédié devrait donc appeler à voter pour Ouattara. Reste à savoir si ses partisans suivront les consignes du vieux chef vaincu. Le second tour promet d’être ouvert, serré, et pour tout dire explosif.

Par THOMAS HOFNUNG Envoyé spécial à Abidjan
Monde

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