Par Mame Diarra DIOP –
Si les clichés ont la peau dure, la désinformation guette parfois en temps d’élections. C’est parfois le cas de la presse internationale sur l’élection Ivoirienne. Sur BFM TV, une chaîne française du câble, on annonce : « les résultats en Côte d’Ivoire toujours en attente, mais la CEI devrait les annoncer dans la journée. » Et la jeune présentatrice, qui j’en suis sûre n’a jamais été en Côte d’Ivoire, d’ajouter sûre d’elle : « Rappelons que la Côte d’Ivoire vit une élection calme après 10 ans de guerre civile. » . L’information est plus ou moins vraie , mais c’est le « 10 ans de guerre civile », que j’aurai volontiers remplacé par « 10 ans de crise politique », car au fond, messieurs les présentateurs patentés, à la langue trop rapide, la Côte d’Ivoire a certes été déchirée entre 2000 et 2002 par des affrontements de rue, mais on ne peut pas parler de guerre civile continue jusqu’ à ce jour.
Le journalisme télé a des raccourcis trop faciles, emporté par l’effet de sensationnalisme, or dans le cas de la Côte d’Ivoire, ce fut le cas bien trop souvent, comme lorsque la chaîne du Monde, RFI, annonçait des massacres et charniers à Duékué en pleine crise. Il va sans dire que la chaîne a été censurée à Abidjan. Ce qui pose le défi de l’objectivité, du bon compte rendu de la situation des médias occidentaux. A quoi servent donc les envoyés spéciaux, qui relatent en quelques secondes, une situation complexe. Or dans beaucoup de médias occidentaux, on résume la situation à des phrases laconiques et bien souvent fausses.
Info à la source même
Sur France 24, le présentateur tente de décrypter la presse Ivoirienne ( Fraternité Matin, Le Courrier d’Abidjan, 24h etc…). Sur TV5, on préfère dire que « La Côte d’Ivoire est toujours en attente des résultats ! ». Point l’info suffit à elle-même, au spectateur d’aller chercher plus loin. Ou sur les sites internet, notamment (Abidjan.net ou encore Connectionivoirienne.net, Résoivoire.net) où l’info est en temps réel. Il me semble objectif de chercher d’abord à s’informer sur le pays, depuis le pays et par les gens du pays, avant de se fier, aux médias du Nord. C’est un réflexe que nous journalistes avons trop aisément. Bien entendu, la distance est intéressante, diront certains, observer les enjeux de cette élection de loin, permet d’avoir un autre regard, ajoute une consoeur, soit, il faut garder l’oreille attentive, au risque d’avaler tout et n’importe quoi. Au commentaire de cette journaliste, « 10 ans de guerre civile » un africain vivant depuis des années en France et n’ayant jamais mi les pieds au pays, pourrait penser que la Côte d’Ivoire est un chaos, sans nom, qui souffle depuis que se tient ce scrutin ! Alors, vigilance, vigilance à l’info qu’on vous sert lors des éditions spéciales, car, malgré la logistique et les moyens, la désinformation guette…insidieusement.
journaldumali.com
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