L’indice de perception de la corruption 2010 de Transparency International a été rendu public hier.
Le Cameroun et la Côte d’Ivoire occupent la dernière place en Afrique de l’indice de perception de la corruption (Ipc) pour l’année 2010. Le classement a été rendu public hier au cours d’une conférence de presse coprésidée par le président de la section nationale de Transparency International, Charles Nguini, et le vice-président de Transparency international, Akere Muna.
Selon le classement rendu public hier, près de trois quarts des 178 pays faisant partie de ce classement ont un indice inférieur à 5, sur une échelle allant de 0 (haut niveau de corruption) à 10 (haut niveau d’intégrité). Selon la présidente de Transparency International, Huguette Labelle, ces résultats démontrent «que beaucoup d’efforts doivent être accomplis pour le renforcement de la gouvernance à travers le monde. La bonne gouvernance est un élément essentiel de la solution aux crises mondiales auxquelles sont confrontés de nombreux gouvernements». Huguette Labelle propose l’éradication totale de la corruption comme préalable à la résolution des crises mondiales comme la crise financière, le changement climatique et l’éradication de la pauvreté, entre autres. «Tolérer la corruption est inacceptable, trop de personnes pauvres et vulnérables continuent de souffrir de ses conséquences à travers le monde. Il ne devrait y avoir aucun refuge pour les corrompus ou leur argent», a-t-elle souhaité.
En Afrique, le Botswana est le pays le moins corrompu ; il arrive en 33ème position mondiale avec un indice de 5,8. Il est suivi de l’Ile Maurice et du Cap Vert qui occupent respectivement la 39ème position avec un indice de 5,4 et la 45ème position avec un indice de 5,1 au classement mondial. Le Cameroun et la Cote d’Ivoire sont derniers au classement africain avec un indice de 2,2. Les deux pays sont classés en 33ème position des pays les plus corrompus du monde.
Innocent B. Ngoumgang
Charles Nguini, président de transparency international – Cameroon
«On ne peut pas dire que la corruption a augmenté chez nous»
Le Cameroun est classé parmi les derniers pays africains de l’Indice de perception 2010, est-ce que cela signifie que le phénomène de la corruption a augmenté dans notre pays ?
On ne peut toutefois pas dire que la corruption a augmenté chez nous, simplement on en parle davantage aujourd’hui alors qu’il s’agit par principe d’un pacte secret entre corrupteur et corrompu dont personne n’a intérêt à se vanter ! C’est qu’il y a une véritable prise de conscience de différents acteurs , partant de l’Etat , au secteur privé, aux médias , à diverses congrégations et à la société civile quant aux dégâts causés par le fléau de la corruption. Malheureusement, des discours aux actes, il y a un hiatus, un décalage important qui donne à penser que le chemin est encore long pour entrevoir les premiers grands succès dans la lutte contre la corruption au Cameroun.
Quel bilan faites de la lutte contre corruption depuis douze ans que nous sommes classés dans l’Ipc de Transparency international?
Sur le plan des chiffres, le bilan est peu reluisant puisque nous n’avons pas gagné un point en 12 ans. Mais il y a des avancées certaines dans la mise en application de certaines initiatives par le Gouvernement. Il faudrait simplement retenir que l’IPC n’est pas l’instrument idoine pour mesurer des changements dans le temps ni pour identifier des secteurs à réformer. L’IPC ne sert pas non plus à mesurer l’efficacité des mesures de lutte telles que l’Opération Epervier qui est à encourager même si elle parait trop orientée et séquentielle. D’autres instruments existent à TI, tels que le Système National d’Intégrité, actuellement mis en œuvre par la Conac dans le cadre de la stratégie nationale contre la corruption. Nous devons considérer que la lutte contre la corruption est un tout, pas simplement un gadget destiné à plaire à quelques bailleurs et investisseurs ou à donner le change dans les rencontres internationales. Nous pouvons booster notre notation dans l’IPC en prônant et appliquant enfin la tolérance zéro et en sortant du fétichisme qui consiste à croire qu’il suffit de créer un organe, voter une loi pour provoquer des changements. Des mesures telles que la mise en application de l’article 66 de la Constitution ou le vote d’une loi sur l’accès à l’information sont beaucoup plus efficaces pour aboutir à des résultats rapides et durables.
Propos recueillis par
I.B.N.
quotidienlejour.com
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